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l'ennemi le 3 avril, en même temps dans la rivière du Levant, sur la ligne du Bisagno, et dans le Ponent, sur celle de la Polcevera par Saint-Pierre-d'Arena; ayant soin d'attirer d'abord l'attention des Français sur la position des Deux Frères. La véritable attaque, celle sur Saint-Pierre-d'Arena fut dirigée avec habileté, et exécutée avec valeur par le régiment de Nadasti, qui, avant la pointe du jour, coupa la ligne au-dessous de Rivarolo, tourna par les jardins, surprit et rejeta sur les hauteurs de la Lanterne les trois bataillons qui occupaient Saint-Pierred'Arena.

Cette affaire ne donna pourtant aucun avantage aux Autrichiens; ils ne purent se soutenir sur cette position avancée. Chargés à leur tour, atteints par des issues qu'ils ignoraient, ils furent contraints de se retirer dans un désordre tout semblable à celui dans lequel leur attaque audacieuse avait d'abord jeté les Français,

Après cette forte reconnaissance, le général Mélas conduisant au corps du général

Elsnitz un renfort de quelques brigades, se porta vers San-Giacomo ; il allait diriger en personne les attaques combinées contre le corps du général Suchet qui tenait encore à Calissano - Melogno, San-Pantaleone et Borgo-Finale; et dont la situation était trèspérilleuse, n'ayant pas cinq mille combattans, et certain d'être attaqué de front par des forces supérieures, tandis que le général Keim, réuni sous Céva au corps du général Garuppe, manoeuvrait sur San-Bernardo pour l'envelopper, et qu'une troisième colonne se dirigeait sur le col de Tende.

Ici l'intérêt croît et se partage entre la situation désespérée de Masséna et celle de son lieutenant cette scène fixait uniquement jusqu'à cette époque, par les motifs que nous avons déjà fait connaître, tous les regards de l'Europe; loin de nous presser d'en exposer le dénoûment, nous devons différer pour mieux faire comprendre comment il se liait à l'action principale à mesure que la campagne s'ouvrait sur le Rhin, entre les deux grandes armées du général

Kray et' du général Moreau, et pendant que la réserve du premier Consul, que les alliés s'obstinaient à considérer comme un vain épouvantail, sé préparait à passer les Alpes.

Mais avant de dire comment cette armée franchit les barrières qu'on ne comptait déjà plus comme un rempart nécessaire pour préserver l'Italie d'une nouvelle invasion, nous ramènerons nos lecteurs à d'autres champs de guerre entre le Rhin et le Danube, sur cette terre classique cette fois encore illustrée par de savantes manoeuvres, et malheureusement arrosée d'autant de sang qu'il y en eût jamais été versé.

CHAPITRE III.

Ouverture de la campagne sur le Rhin. Formation de l'armée de réserve. - Discussion entre le général Bonaparte, premier Consul, et le général Moreau. — Passage du Rhin.—Bataille d'Engen et de Stockach. Bataille de Moeskirch. - Bataille de Biberach. Combat de Memmingen. L'ARMÉE française du Rhin, concentrée sur la rive gauche du fleuve, se préparait à le passer. Le général Moreau mûrissait ses projets, et son habile chef d'état-major, le général Dessolles, le secondait avec une rare activité. Son plan de campagne ne fut point d'abord adopté par le Gouvernement; il voulait agir par son aile droite, et se borner à observer le Saint-Gothard et les principaux passages depuis le Haut Valais jusqu'aux Grisons; il pensait que les premiers mouvemens de l'armée de réserve suffiraient pour dégager Masséna; qu'il ne fallait rien entreprendre de plus jusqu'à ce que l'offensive contre le général Kray eût pleinement réussi, et qu'on l'eût mis hors d'état de tenir campagne; que jus

ques-là il fallait bien se garder d'affaiblir l'aile droite de l'armée du Rhin, et qu'on devait au contraire la soutenir en portant en avant à la naissance des plus hautes vallées, aux debouchés de l'Engadine et du Vorarlberg, une partie de l'armée de réserve, et qu'elle s'y trouverait également bien placée pour fermer l'entrée de la Suisse du côté du Tyrol, si le général Kray tentait d'y opérer une diversion, ou pour prendre des revers sur la nouvelle ligne d'opérations du général Mélas en Lombardie, et couvrir d'autant mieux celle de l'armée française du Rhin, agissant dans le bassin du Danube.

Bonaparte, au contraire, ne songeait qu'à reconquérir l'Italie et ses premiers trophées; il avait, à la vérité, porté d'abord, sur l'armée de Moreau, toutes les ressources disponibles et les plus à portée, pour la mettre plus promptement en état d'agir pendant qu'il rassemblait avec peine, à de grandes distances, le personnel, le matériel et le grand nombre de chevaux né

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