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occupées par l'armée autrichienne, tous les défilés forcés, le général Masséna n'avait plus un instant à perdre pour rentrer dans la place;

il

essaya cependant de tenir sur les hauteurs de Voltri, où les deux divisions étaient ralliées, occupant encore à leur droite le poste de la Madona del Aqua, et celui des cabanes de Voltri. Il espérait que pendant qu'il accorderait quelques heures de repos, et ferait distribuer des vivres à ses soldats harrassés; l'ennemi, contenu par un dernier obstacle, lui laisserait le temps de changer encore une fois de position.

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Mais le général Mélas profita si rapidement de ses avantages, que dès la pointe du jour, il se trouva en mesure de forcer l'ennemi à recevoir la bataille; il entreprit de l'envelopper entièrement et de l'isoler de Gênes par l'occupation de Sestri; dès qu'il eut reconnu du sommet du Monte-Faiale la position assez forté, mais resserrée et plongée de toute part, qu'occupait l'armée française, il fit attaquer par trois colonnes les points de Voltri et de la Madona del

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Aqua. Celle de droite seulement était formée par les troupes du corps que le général Mélas commandait en personne; les deux autres, détachées des corps des généraux Ott et Hohenzollern, s'étaient réunies sur le Monte Faiale.

En même temps, les trois brigades de Bellegarde, Brentano et Lattermann se portèrent sur les hauteurs d'Arenzano.

Forcés d'abandonner, après une opiniâtre résistance, les postes de la Madona del Aqua et des Cabanes, les Français se retirèrent par le pont de Voltri, après avoir, pendant toute cette journée soutenu de terribles combats en avant de cette position. Le mouvement rétrograde des deux ailes, et surtout celui de l'aile droite, fut si rapide que la 3o demi-brigade de ligne, sous les ordres du colonel Mouton, resta seule en ordre, au centre de la position, et s'y soutint jusqu'à la nuit pour protéger la retraite. Cette attaque de M. Mélas sur la droite et le centre de l'armée française, fut poussée avec trop de vigueur; et son mouvement pour se

porter à Sestri du Ponent fut trop lent. Les Autrichiens, malgré leur ardeur à poursuivre les arrières-gardes, jusqu'à combattre bien avant dans la nuit dans les plis du terrain, dans les lieux escarpés, s'éclairant avec des torches, manquèrent de prévenir. à Sestri les divisions françaises, qui prenant position sur les hauteurs de Saint-André, couvrirent le passage de la Polcevera au pont de Conegliano et rentrèrent dans Génes. Tel fut le résultat de la bataille de Voltri.

-Les attaques des généraux Ott et Hohenzollern ne furent pas moins vives, ni la défense de Miollis moins obstinée du côté du Levant; les combats alternativement livrés et soutenus sur les hauteurs de Torriglia et de Saint-Martin-d'Albaro, sur la ligne, entre le fort Richelieu et le fort du Diamant, mériteraient d'être rapportés, et l'on voudrait aussi pouvoir donner au lecteur une description plus détaillée, une image fidèle de ce théâtre difficile déchiré par les torrens, offrant à chaque pas de bons postes, mais peu de positions sûres et bien liées.

Le général Masséna ne hasarda plus d'y tenir la campagne au-delà d'un rayon dans lequel ses postes avancés pussent mutuellement se secourir; sa retraite étant décidée, il donna l'ordre au général Miollis de se concentrer derrière la Sturta, et de lier sa défense avec celle du fort de l'Eperon. II ne conserva de ce côté d'autre poste avancé que le fort Richelieu, qui fut confié au brave Donnadieu.

Du côté du Ponent, la division du général Gazan occupait Saint-Pierre-d'Arena et la rive gauche de la Polcevera jusqu'à Rivarolo, se liant par sa droite au fort des Deux Frères.

Ainsi, dès le 21 avril, le blocus de Gênes fut formé. Les Français avaient perdu dans cette courte et glorieuse défense de l'Apennin plus d'un tiers de leur force effective, et n'avaient pas douze mille combattans; mais les positions qu'ils tenaient au-dehors de la place, rendaient encore l'entier investissement difficile.

Le général Mélas avait trop éprouvé le

nerf de cette petite armée, et l'obstination des généraux qui la conduisaient, pour qu'il dût se flatter de la réduire en peu de jours, malgré la misère qui régnait dans la place; et d'un autre côté, il ne pouvait, contre les ordres pressans de sa cour, suspendre ses opérations; il ne pouvait donner à Masséna l'avantage de retenir dans l'inaction, devant les murs et le rivage de Gênes, une si belle armée et consumer ainsi le temps le plus précieux, la saison la plus favorable.

Forcé atteindre son but de se par

pour

tager entre ces deux objets la réduction de Gênes, et l'expulsion des Français de tout le territoire jusqu'au-delà du grand bassin des Alpes, il chargea le général Ott du blocus, où il employa environ quarante mille hommes de bonnes troupes et tous les paysans qui osèrent s'armer. Cependant avant de diviser ses forces, M. de Mélas youlut resserrer l'ennemi, pour ne pas laisser le général Ott dans des positions trop étendues et trop divergentes; il fit attaquer

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