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Ces efforts étaient presque les derniers que celui-ci pût faire; de nouveaux combats du, général Soult, sur la montagne de l'Her mette, prise et reprise, et enfin conservée par les réserves qu'y porta M. de Mélas; une attaque impétueuse vainement poussée par le général Oudinot jusque devant Savone; d'autres tentatives infructueuses, lui faisant sentir tout le poids d'une trop grande supériorité de forces, il fut contraint de se retirer encore une fois sur Varaggio.

Quoique depuis l'occupation de Savone et de Vado, il n'eût reçu aucune nouvelle du général Suchet, il se flattait encore qu'il aurait repris ses premières positions, et qu'en perçant par les revers jusque sur les derrières du centre de l'armée autrichienne, il pourrait concourir au succès d'une attaque simultanée. Le général Oudinot, à qui tous. les hasards étaient familiers, s'offrit à celui d'aller par mer conférer avec le général Suchet; il échappa à la vigilance des croiseurs, et lui porta à Loano, dans la nuit du 17 avril, l'ordre d'attaquer le 19.

!

Suchet n'avait pas en tout 6,000 hommes, dont 5,000 à peine étaient disponibles; il avait devant lui le général Elsnitz, occupant avec quatre régimens d'infanterie et une réserve de six bataillons de grenadiers hongrois, la position retranchée du MontSaint-Jacques, et celle de la redoute espagnole, l'une et l'autre escarpées et d'un accès très-difficile sur les pendans vers la mer; Suchet proposait de ne faire que des dispo→ sitions apparentes, de se porter à Millesimo, en dérobant une marche par la vallée de la Bormida; pendant que Soult marcherait sur Cario, par la Moglia, et même par Dego pour réunir les deux corps français à› Carcare, et renverser la gauche et le centre du principal corps du général Mélas. Masséna qui les faisait attaquer de front, en évitant de se trouver même momentané→ ment coupé de Gênes, exigeait un effort prompt et direct qui rappelât l'attention de l'ennemi, et l'ébranlât sur ses derières: le général Suchet le tenta vainement; et au jour indiqué, le 19 avril, il fit attaquer le

Mont-Saint-Jacques, en présence du général Oudinot qui prit part à l'action.

Le général Elsnitz, réuni au général Ulm, et renforcé par une réserve de grenadiers de Nenni et dé Gorschen, allait sortir de ses retranchemens pour reprendre les posi tions que le général Suchet lui avait enle vées, lorsqu'il fut lui-même vivement attaqué de toute part, et dut céder au premier choc des Français ; leur colonne de gauche, conduite par le général Compans, qui y fut grièvement blessé, pénétra jusque dans les retranchemens ; l'action fut sanglante, deux fois ils y plantèrent leurs drapeaux, mais ils ne purent forcer les sommités de SaintJacques, et la redoute espagnole; le général Elsnitz s'y replia sur ses réserves, et repoussa avec vigueur ces attaques réitérées. Après cette épreuve, qui couta au petit corps d'armée du général Suchet un cinquième de sa force effective, il ne désespérait point encore d'opérer sa réunion par Millesimo, Cossaria et Caïro; mais pendant qu'il se préparait à exécuter ce mouvement, lo

général Mélas, qui, sur le flanc et presque sur les derrières du général Soult, avait fait retrancher le poste de Ponte-Invrea et la Moglia, et enlever celui de Sassello, arrêtait le mouvement correspondant que ce géné ral devait faire sur Caïro pour donner la main à Suchet.

Cette affaire, qui termina la brillante expédition du général Soult, sur l'Apennin, et détermina sa retraite, fut aussi la plus chaude; toutes les troupes combattirent avec fureur; Sassello fut repris, et le flanc droit couvert par le général Gazan; le général Soult faisait en même temps attaquer la Moglia par le général Fressinet, qui y fut blessé deux fois, sans quitter le champ de bataille; mais son principal effort était dirigé sur Ponte-Invrea; c'était en effet le point important, celui qu'il fallait enlever pour percer la ligne de l'ennemi et arriver à Caïro; ce fut aussi celui que le général Mélas s'attacha le plus à défendre; il y conduisit lui-même de Savone une forte réserve devant laquelle échouèrent les attaques réitérées des Fran

çais contre cette position, et celle de la Galera qui la flanquait.

Après de tels efforts, avec des troupes épuisées, sans pain, sans munitions, la retraite du général Soult, engagé trop avant, et déjà débordé par des forces supérieures devenait très-difficile: il se replia d'abord sur le Gros-Pasto, et fit occuper la Verreria où ses avant-postes furent attaqués par des troupes détachées des camps de la Galera et de Santa-Justina; mais les colonnes qui filaient sans obstacle sur ses flancs, devaient l'arrêter aux revers du Monte-Faiale; serré, presque enveloppé, il fut sommé par le général Bellegarde; il répondit avec fermeté, et fut assez habile et assez heureux pour prendre, à la faveur d'un épais brouillard, la position avantageuse que l'ennemi aurait eu le temps d'occuper pour lui barrer le chemin. Il s'y mit en bataille, à portée de fusil, en bon ordre, en imposa par sa contenance, et acheva sans être inquiété sa retraite sur Voltri par Arenzano. Toutes les sommités autour de Gênes étant maintenant

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