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Julien, qui, tournant au loin par les sommités, au-dessus du partage des eaux, ne pouvait se croire tournée.

Le général Soult, après avoir pris position à Pallo avec une partie de la division fit attaquer vivement et coupa sur Sassello l'arrière-garde du général Saint-Julien. Le général français Poinçot et le chef de brigade Godinot exécutèrent ces attaques du côté de Pallo et de la Posta-Longa. Ils prirent dans Sassello, six cents hommes du régiment de Deutschmeister, avec trois pièces de canon et un convoi de munitions.

Le général Saint-Julien, parvenu à la Verreria avec le gros de ses troupes, parmi lesquelles était le fonds des régimens de Lattermann, Deutschmeister et Wukassowich s'y trouvait non-seulement paralysé mais presque séparé du centre de l'armée autrichienne; il n'avait d'autre retraite pour s'y rallier que par la montagne dite la Galera sur Ponte-Ivrea, ou par Santa-Justina sur Montenotte.

Le général Soult lui en laissait à peine

la possibilité; dès le lendemain 11 avril, faisant observer par un détachement, au-delà de Sassello, les routes de Ponzona et d'Acqui, il se porta sur la Verreria avec le reste de ses troupes ; le colonel Mouton conduisit la principale attaque avec une telle impétuosité, à la tête de sa demi-brigade, la 3o de ligne, que le général Saint-Julien ne put effectuer sa retraite sur Ponte-Ivrea qu'après avoir perdu beaucoup d'hommes par une résistance opiniâtre; il laissa entre les mains du général Soult deux mille prisonniers et sept drapeaux.

Celui-ci ne poursuivit pas le reste de cette colonne au-delà de Gros Pasto, excellenté position qui domine au nord et au sud toute la chaîne, et se trouve opposée à la montagne de l'Hermette, que les Autrichiens se hâtèrent d'occuper pour arrêter les progrès des Français, et couvrir ce point important de leur communication sur Acqui.

Pendant toute la journée du 10 avril, lés deux généraux en chef, Mélas et Masséna,

opposés l'un à l'autre, ignoraient également et la cause du retard des mouvemens qu'ils avaient respectivement ordonnés, et quel était le sort des armes sur les hautes sommités qu'ils avaient fait tourner. Chacun de son côté, le général français par son aile droite, le général autrichien par son aile gauche, manoeuvrait donc l'un sur l'autre dans des suppositions erronées, comptant sur des résultats qui ne pouvaient plus avoir lieu..

Masséna marcha sur deux colonnes; celle de droite devait s'élever par Santa-Justina; celle de gauche, sous les ordres du général Gardanne, et où il se trouvait de sa personne, déboucha de Varaggio, et se diri gea par Castagnebo sur la Stella.

Elle se trouva bientôt en présence d'une colonne autrichienne, faisant à une trèspetite distance, sur la côte opposée, un mouvement tout semblable, et se dirigeant aussi sur Stella.

A mesure que sous les yeux du général Mélas, le général Bellegarde développait son

attaque en s'élevant et se rapprochant de la colonne française, celle du général Lattermann, suivant la plage, attaqua et emporta Varaggio. Le général Masséna, qui n'avait pas avec lui plus de quinze cents hommes, menacé d'être enveloppé par des forces décuples s'il poursuivait son mouvement, s'arrêta, prit position à Santa-Croce pour attendre les nouvelles et l'effet des attaques du général Soult, et de sa colonne de droite qui devait diviser l'attention et les forces de l'ennemi.

Le combat s'engagea chaudement, le général Gardanne, et presque tous les officiers de l'état-major français y furent blessés ; accablés par le nombre, ayant soutenu six charges, ne recevant aucun avis de sa droite, aucun des renforts qu'il attendait, et se voyant débordé de toutes parts, Masséna céda le terrain; il laissa au général Fressinet le soin de couvrir sa retraite ; et presque seul avec son adjudant- général Thiébaut, il se rendit à travers pays, au hasard de tomber entre les mains des Autrichiens, à sa

colonne de droite, qui, retardée dans sa marche, n'avait pu combattre, et qu'il fit replier au point de retraite en avant de Cogoletto. Cet échec ne le fit point désister de son projet, mais la dispersion et la fatigue excessive de ses troupes, mirent obstacle à sa résolution désespérée; il voulait, profitant de la nuit, se réunir au général Soult, attaquer en masse, couper et renverser sur Savone toute la gauche du général Mélas," qui, par un contre- mouvement, et dans la même direction, se hâtait de porter de fortes réserves au secours du général SaintJulien.

Voyant trop bien au point du jour (11 avril) les pertes sensibles qu'il avait faites la veille, et la manoeuvre régulière et les progrès de l'ennemi, Masséna, forcé de tenir la position de Cogoletto, détacha le général Fressinet avec la meilleure partie de sa division.

Les colonnes autrichiennes filaient en même temps sur des crètes parallèles à portée de canon.

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