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droite en se précipitant vers le rivage de Savone et de Vado. Si le général Masséna n'obtenait un succès assez décisif pour effectuer sa jonction avec le général Suchet, il espérait du moins, en dégageant et ravitaillant Savone, enlever les magasins considérables qu'un convoi, venu de Livourne, sous l'escorte de l'escadre anglaise, venait d'y verser.

Mais la reprise du Monte-Faccio avait trop bien appris au général Mélas qu'il n'y avait pas une occasion, pas un instant à négliger avec un adversaire d'une activité si redoutable. Il avait ce jour-là même résolu de forcer la position de Varaggio, ou plutôt du Monte-Fayale, qui en appuyait la droite, afin de mettre sa ligne d'opération et ses communications hors d'atteinte, de pousser la gauche de l'armée française sur Voltri, et peut-être de couper sa retraite sur Génes à la faveur du mouvement d'une forte colonne qui déboucherait par la Bochetta dans la Polcevera, et de l'insurrection des habitans de cette vallée sur laquelle

sés intelligences l'assuraient qu'il pouvait compter.

La coïncidence de ces deux mouvemens offensifs fit avorter le projet de Masséna, et fit échouer en grande partie ceux du général autrichien. Aucun parti n'ayant pu exécuter à temps les dispositions ordonnées, ni pénétrer le dessein du parti opposé, les colonnes s'entrecoupèrent et s'abordèrent inopinément selon l'avantage du terrain; exemple singulier de manoeuvres masquées dans la guerre de montagne et de combats à outrance, également dignes de mémoire dont le développement mérite l'intérêt et réclame toute l'attention du lecteur.

Le général Mélas avant d'effectuer contre la tête de la position des Français, dont il supposait la plus forte masse réunie devant lui sur les hauteurs de Varaggio, l'attaque dont il avait confié la direction au général de Palfy, avait préparé son opération de la

manière suivante :

Dès la veille, le 9 avril, le comte de Hohenzollern avait fait attaquer la Bochetta

par les régimens Kray et Alvinzy, sous les ordres du général Rousseau; les retranchemens furent forcés, les redoutes fermées furent emportées d'assaut, et ce fameux passage, si important pour les communications de l'armée autrichienne, lui fut

ouvert.

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En même temps que les brigades aux ordres des généraux Saint- Julien et Sticker, détachées du centre et de la masse que commandait M. de Bellegarde, et où se trouvait en personne le général Mélas, avaient marché par leur gauche pour attaquer le flanc droit de la position, passant par les montagues de Sassello, Verriera et la Stella, le général Lattermann, commandant la colonne de droite, devait se porter sur Varaggio, en suivant le chemin le long de la mer. Enfin, soit pour diviser l'attention de l'ennemi, soit pour rendre l'affaire plus décisive et l'envelopper en pénétrant jusqu'à Voltri, la colonne qui descendait de la Bochetta avait poussé ses avant-postes jusqu'à trois lieues de Gênes,

à Ponte - Decimo, dans la Polcevera, et le corps qui occupait les cabanes de Marcorolo, entre les sources de l'Orba, marchait pour occuper, sur les derrières de l'armée française, le poste de la Madona dell' Aqua Santa, qui n'est qu'à trois milles de Voltri.

Dans la même journée, le général Soult, prévenu de ces mouvemens au moment où il quittait Voltri pour se porter à Sassello, fut obligé de changer ses dispositions, et marcha avec toute la division Gazan et sa réserve droit à l'ennemi le plus près et le plus engagé. Les assaillans, étonnés d'être assaillis si inopinément et si vivement, furent successivement dépostés de leurs nouvelles positions et ramenés sur les sommités; ils tinrent ferme aux cabanes de Marcorolo, ils y rallièrent environ trois mille hommes. Le général Soult les fit attaquer sur-le-champ: une charge en colonne serrée, conduite par le colonel Mouton avec vigueur et habileté, décida l'affaire et rejeta au-delà du torrent de la Piota les restes de ce corps dispersé,

qui laissa six cents prisonniers entre les mains des Français.

Ce succès assurait les derrières du général Soult, mais il lui avait fait perdre une marche; l'angle était trop ouvert entre lui et le général en chef; ses troupes fatiguées étaient hors d'état de concourir à temps à l'exécution du plan concerté; cependant il y persista, et le 10 avril, jour également assigné dans les deux armées pour une attaque générale et partout croisée, le général Soult, dès la pointe du jour, marcha par AquaBona, Martino et San-Pietro del Orba, sur Sassello où il aurait dû se trouver, et où Masséna le croyait arrivé dès la veille. Ce ne fut qu'en approchant de Sassello que le général Soult eut connaissance du mouvement du général Saint-Julien, qui filait déjà sur la Verreria pour arriver par Ciampani sur les derrières du général Masséna et couper sa retraite sur Voltri.

On voit que le général Soult arrivait ainsi lui-même inopinément sur le flanc et sur les derrières de la colonne du général Saint

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