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escarpés que ceux du côté de la mer, et que les hautes vallées des grandes rivières qui y prennent leurs sources, communiquent à leurs têtes par des plateaux et des pentes accessibles.

Aussi la plupart des barrières, les grandes infractuosités se trouvent-elles plus rapprochées du rivage de la mer.

Le but du général autrichien étaitde couper la ligne de défense le plus près possible de Gênes, afin d'isoler le général Masséna, de Paffamer par la coopération de la flotte anglaise, et de forcer en peu de jours la reddition de la place.

L'aile gauche de l'armée française, com→ mandée par le général Suchet, devait parlà se trouver séparée; et comme ce général ne pouvait se soutenir dans la rivière du Ponent, ni tenter de secourir les divisions assiégées, sans s'exposer à être coupé luimême de la frontière de France, et de son point de retraite à l'embouchure du Var, la prompte évacuation du territoire de Gênes paraissait assurée, et devait pour ainsi

dire précéder l'ouverture de la campagne.

Ce plan, bien mûri, fut exécuté avec des forces triples de celles qui leur étaient opposées; et pourtant, malgré la vigueur des attaques et la plus parfaite intelligence dans leur direction, les généraux autrichiens rencontrèrent, sur tous les points, la plus opiniâtre résistance; ils furent étonnés de l'audace avec laquelle ces Français exténués, qu'ils enveloppaient de toute part avec l'avantage du nombre et du terrain, se multipliaient par les mouvemens les plus inat tendus, par les manoeuvres les plus hardies.

Comme les habitans des pays montagneux et sauvages sont ordinairement les plus courageux, et du moins les plus hardis, parce qu'ils sont accoutumés à surmonter les obstacles que leur oppose l'aspérité du sol, et qu'ils sont forcés à des marches pénibles, à des travaux souvent périlleux; on doit remarquer aussi que le courage s'exalte dans la guerre des montagnes, le génie semble être plus fécond en ressources, les obstacles irritent; quand tout est difficile, rien ne

semble impossible; le soldat y devient plus audacieux, et chaque jour plus entreprenant; il acquiert aussi plus de constance et de confiance en sa propre valeur.

Cette réflexion s'applique aux scènes que nous allons décrire, à ces combats sanglans et compliqués, où les gens de guerre de tout grade trouveront dans l'un et dans l'autre parti d'utiles leçons et de grands exemples, mais dont la postérité donnera la meilleure et la plus glorieuse part à celui de la défensive.

Le baron de Mélas ayant réuni à Carcare environ vingt-cinq mille hommes des trois divisions qui formaient le centre de son armée, dirigea ses attaques contre le général Masséna sur Savone, par Altare et Cadibona; et contre le général Suchet, sur Finale, par Malère et San-Giacomo.

Une division, commandée par le généralmajor Palfy, ayant reçu l'ordre d'attaquer la position fortifiée de Cadibona, clef de la rivière du Ponent, s'y dirigea par Altare et Torre; tandis que la brigade du général

Saint-Julien flanquait sa marche et favorisait cette principale attaque en se portant sur Sasello et Montenotte.

Deux autres divisions, sous les ordres du feld-maréchal-lieutenant Elsnitz et Morzin, débouchèrent à la droite par Malère, pour attaquer les retranchemens du Mont-SaintJacques. Le général Suchet, qui les occupait avec l'aîle gauche de l'armée française, ayant ouvert une communication directe avec Vado, entre les deux escarpemens du Monte Alto, se trouvait fortement lié avec la position principale, sous les ordres immé diats du général Masséna, aussi long-temps toutefois que celui-ci pourrait se maintenir sur les hauteurs de Savone; il fallait donc, pour l'en déposter et rompre cet enchaînement, forcer le général Suchet, à la tête de ses positions à San-Giacomo, le rejeter au-delà d'Albenga, et le rappeler sur ses derrières.

Pour rendre le succès de cette attaque indubitable, outre les forces majeures qui y étaient destinées, M. de Mélas faisait attaquer en même temps, par le général Ulm,

de

l'appui de la gauche du général Suchet sur la montagne de Sette-Sani. D'un autre côté, à la gauche des attaques que le général Mélas dirigeait en personne sur le passage Cadibona, le comte de Hohenzollern préparait celle du Col de la Bocchetta, qui fut confiée au général Rousseau, avec les régimens de Kray et d'Alvinzy.

Telles furent les plus prochaines dispositions pour forcer les débouchés dans la rivière du Ponent.

Dans la rivière du Levant, le lieutenantgénéral Ott débouchant de la vallée de la' Trébia, avec un corps de dix mille hommes, dirigeait sa principale colonne sur le MonteCornua, pendant que celle de gauche, grossie de tous les insurgés de Fontana-Buona, marchait le long de la plage sur Recco et Bogliasco, et devait, avec moins de difficultés, s'approcher de la place.

Quelles forces le général français put-il opposer à des attaques si fortes et si bien combinées ? Comment ses troupes se trouvèrent-elles postées par rapport à chacune

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