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pressé, Bonaparte n'avait pas sur le champ de bataille plus de 18,000 hommes d'infanterie et 2,500 chevaux, qui pussent prendre part au commencement de l'action; son ordre de bataille oblique par échelons, la gauche en avant, était la disposition la plus convenable à la circonstance et au terrain sur lequel il se trouvait en prise et à découvert contre une masse de forces double de celle qu'il y pouvait opposer, jusqu'à l'arrivée de ses divisions de réserve qu'il avait disséminées jamais l'infatigable activité du général Berthier, l'intelligence et la précision du général Dupont, chef de l'état-major, ne lui furent plus utiles; le général Mélas ayant achevé seulement le 13 juin de réunir les corps des généraux Haddick, Kaim et Ott, passa le Tanaro le même jour, et fit bivouaquer toute son armée en avant d'Alexandrie. Elle était forte d'environ 40,000 hommes, dont 6 à 7,000 de cavalerie; l'artillerie était fort belle, très-nombreuse et bien attelée. Si l'on se rappelle quelle était la position de ces divers corps avant leur ralliement; si

l'on considère la situation dans laquelle se trouvait cette armée si fière d'avoir chassé les Français de l'Italie; si l'on ajoute aux effets inévitables de l'agitation, du manque d'accord entre les chefs, et du mécontentement des troupes, les difficultés locales, telles que l'encombrement de la place d'Alexandrie, le défilé et le développement en présence de l'ennemi, on reconnaîtra la vigueur de la résolution du général Mélas, la justesse de ses dispositions pour la bataille, et l'on devra faire honneur à son chef d'étatmajor, le général de Zach, de l'ordre avec lequel ces premières manoeuvres furent

exécutées.

Le lendemain 14 juin, à la pointe du jour, l'armée autrichienne passa la Bormida sur trois points, et forma, en débouchant, trois colonnes; celles du centre et de la droite, composées de l'infanterie des corps de Haddick, Kaim, Oreilly, et de la réserve sous les ordres du général Ott, suivirent la grande route de Tortone et celle de Frugarolo, en remontant la Bormida: celle de gauche,

composée de toute la cavalerie sous les ordres du général Elsnitz et de l'infanterie légère, les chasseurs de Wolff et les Tyroliens, se dirigea sur Castel-Ceriolo par la route de Salé.

A huit heures du matin, les têtes des deux colonnes d'infanterie, précédées par de nombreuses batteries dont le feu couvrait le déploiement de leurs premiers bataillons, attaquèrent, à la ferme et sur le ravin de Pedra-Bona en avant de Marengo, la division Gardanne qui s'y était portée la veille après avoir enlevé ce village. Le premier objet du général Mélas, et sans doute le plus important pour le succès de la journée, était de reprendre le village de Marengo pour s'en faire un point d'appui. Le général Gardanne ne put conserver que quelques instans sa position de Pedra-Bona. Il y soutint le feu de l'artillerie autrichienne; la sienne y répondait vivement, mais était accablée; il allait être enveloppé, quand le lieutenantgénéral Victor fit marcher une partie de la division Chambarlhac, pour le soutenir et

faciliter le mouvement rétrograde par lequel il vint s'appuyer à la droite de cette division, et un peù obliquement pour couvrir le village.

Les colonnes autrichiennes se déployèrent sur deux lignes parallèlement à celle du corps du général Victor; la première ligne était commandée par le lieutenant-général comte de Haddick: le baron de Mélas ayant auprès de lui le général de Zach, commandait lui-même la seconde : la réserve arrivait sur le terrain, et se formait en seconde ligne sur la droite de CastelCeriolo.

La première ligne s'ébranla pour aborder la ligne française; celle-ci était formée le long d'un ravin qui séparait les deux armées et entourait le village; l'action s'engagea vivement sur tout le front par une forte canonnade, et par des pelotons de tirailleurs en-deçà et au-delà du ravin.

Le général Rivaud (général d'infantérie), le même qui avait si vaillamment combattu trois jours auparavant à Montebello, com

mandait la brigade de droite de la division Gardanne. Voyant que les Autrichiens manœuvraient pour le déborder, il se porta en avant, et plaça le premier bataillon de la 43° demi-brigade hors du village, en rase campagne, à découvert, exposé au feu de toute l'artillerie de la ligne autrichienne : c'était le véritable point d'attaque; ce bataillon y fut maltraité : le général Rivaud vint lui-même le soutenir avec le reste de sa brigade; il fut chargé par un corps de 3,000 grenadiers et les repoussa. Comme ils fournissaient une seconde charge, il marcha sur eux et les força de repasser le ravin : il se fit un horrible carnage par un feu meurtrier presque à bout portant des deux bords. opposés. Après avoir vu tomber tous ceux qui l'entouraient, le général Rivaud, blessé d'un coup de biscaïen, ne voulut point quitter le champ de bataille, et ne céda pas la terrain.

Le corps du général Victor soutenait seul depuis plus de deux heures des attaques très vives et renouvelées par des troupes

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