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quitta son bivouac de San-Giuliano, et passa la Bormida, laissant une forte arrière-garde entre Spinetta et Marengo. L'armée française suivit son mouvement, passa la Scrivia le 13 au matin, et se forma dans la plaine de San-Giuliano.

Le général Bonaparte, qui avait établi son quartier-général à Ponte - Curone, n'ayant point de nouvelles, ne voyant aucun signe du parti que prenait l'ennemi, et s'étonnant de ne pas le trouver en bataille dans la plaine, se persuada que le général Mélas faisait une marche de flanc. En conséquence il détacha sur sa gauche le général Desaix à Rivalta, pour observer la communication de Génes, et se rendit de sa personne à Castel-Novo-di-Scrivia. Ayant fait battre par la cavalerie légère la plaine qui s'étend de la Scrivia à la Bormida, et l'ayant parcourue lui-même avec ses escortes, il s'assura que le seul village de Marengo était occupé par un corps qu'on estimait être de 4 à 5,000 hommes: il le fit attaquer vers quatre heures du soir par le général Gar

danne avec une partie de sa division; l'attaque fut vive et bien conduite; le brave colonel Dampierre, digne fils du général de ce nom, qui périt glorieusement sur le champ de bataille au commencement de la guerre, pénétra dans le village par la route de Spinetta, et seconda la colonne du général Gardanne, qui attaquait de front par la route de San-Giuliano; le village fut emporté, les Autrichiens ne s'obstinèrent point à le défendre; ils furent poursuivis jusque dans leurs retranchemens: Bonaparte avait ordonné au général Gardanne de s'y jeter pêle-mêle avec eux, et, s'il se pouvait, de brûler les ponts sur la Bormida; mais, malgré le désordre de la retraite, la nuit qui s'approchait, les réserves qui garnissaient la tête de pont, et le feu de trente pièces de canon, arrêtèrent les Français. Cette division prit position à la Pedra-Bona, en avant du village de Marengo, à dix heures du soir. L'occupation, si peu disputée du village de Marengo, ne permettait pas de supposer que M. de Mélas eût résolu de livrer ba

taille dès le lendemain, sur ce même terrain que l'arrière-garde du général Ott venait d'abandonner presque sous le canon de ses retranchemens aussi, le premier Consul ne songea point à profiter de la nuit pour concentrer ses forces; il laissa ses divisions dans leurs positions respectives, à de grandes distances les unes des autres, sans resserrer les intervalles; le général Berthier avait seulement porté celle du général Chambarlhac à Marengo en seconde ligne de la division Gardanne, pour la soutenir et se préparer à forcer les retranchemens et à occuper la rive droite de la Bormida. Impatient de recevoir des nouvelles des mouvemens de l'ennemi, Bonaparte reprenait la route de Voghera, pour aller audevant des rapports qu'il attendait, lorsqu'il reçut à Torre di Garafolo, tant de Rivalta que des postes d'observation sur le Pó, divers avis qui lui firent pressentir la résolution du général Mélas et l'imminence de la bataille; il s'arrêta à la ferme de Garăfolo et passa le reste de la nuit à faire des

dispositions pour l'exécution desquelles il ne lui restait déjà plus assez de temps. Le corps du général Desaix, le plus fort de l'armée française, occupant Rivalta, se trouvait hors de mesure; il avait détaché le 13 au soir la division Boudet dans la direction d'Acqui, pour tenter de se lier avec le corps de Masséna et de Suchet : la division Monnier, appartenant aussi au corps de Desaix, avait été portée au contraire sur la droite de l'armée à Castel-Novo-di-Scrivia. On voit clairement, par ces manœuvres dans des directions divergentes, que Bonaparte s'était flatté jusqu'à ce moment d'entourer l'armée du général Mélas, de l'affamer en lui coupant toutes ses communications, et de la réduire, sinon sans combattre, du moins sans avoir à livrer ou à recevoir une grande bataille. L'aggression des Autrichiens était la supposition à laquelle il s'était le moins arrêté. Il se hâta de rappeler Desaix et ses deux divisions; mais elles ne pouvaient arriver sur le champ de bataille que le lendemain dans l'après

Il porta le corps du général Lannes en avant de San Giuliano, à droite de la grande route, formant la seconde ligne à six cents toises du village de Marengo, et des deux divisions du lieutenant-général Victor qui s'y trouvaient en première ligne; une réserve composée de la division Carra SaintCyr et de la garde des Consuls, fut placée à cinq cents toises en arrière du corps du général Lannes. La brigade de cavalerie du général Kellermann, qui avait la première débouché dans la plaine, et quelques escadrons de troupes légères fermaient la gauche, et remplissaient les intervalles de l'infanterie du lieutenant- général Victor. La brigade du général Champeaux fermait la droite, et garnissait les intervalles de l'infanterie du lieutenant- général Lannes. La brigade du général de cavalerie Rivaud fut détachée à Salé, à l'extrême droite de la position générale, pour observer l'ennemi et couvrir ce débouché très-impor

tant.

Touchant au dénouement qu'il avait tant

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