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cemment éprouvée par les combats et les travaux du blocus de Gênes et de l'expédition du Var, ne devait le céder à aucune autre. Le général Ott, vivement poursuivi, ne put s'arrêter à Voghera; il se replia sous Tortone, jeta une garnison de 2,000 hommes dans la citadelle, passa la Scrivia, et vint camper à San-Giuliano.

Bonaparte pressant le mouvement, porta, le 12 juin, son quartier-général de Stradella à Voghera. Ce fut à Stradella que le général Desaix, l'un des chefs de l'armée qui mérita le plus et sut le mieux se concilier, par ses talens et ses grandes qualités, l'estime et l'affection du soldat et de l'officier, joignit le quartier-général. Débarqué à Toulon à son retour d'Egypte, il y apprit les succès de l'armée du Rhin et le passage du SaintBernard. On peut juger de son impatience de se retrouver sur les champs de bataille d'Europe, par la lettre (vraisemblablement la dernière qu'il ait écrite) qu'il adressa du lazaret de Toulon à l'auteur de cet ouvrage, au moment de son départ pour l'Italie :

nous l'avons comprise dans notre Recueil de pièces inédites, non-seulement à cause de l'intérêt que tous ceux qui prisent les vertus guerrières ne cesseront d'accorder à la mémoire de Desaix, mais encore parce que cette lettre renferme quelques faits très remarquables de la guerre dans la Haute - Égypte, et des notions précieuses sur la manière de combattre des Orientaux.

Le général Desaix, ayant obtenu d'abréger sa quarantaine, se rendit avec la plus grande diligence à l'invitation du premier Consul, et prit en arrivant le commandement de deux divisions en qualité de lieutenant-général.

La partie de l'armée française qui se trouvait en ligne, et marchant à l'ennemi, n'était pas forte de plus de 30,000 hommes elle était placée sur la Serivia, du 12 au 13 juin, de la manière suivante :

Deux divisions (celles de Watrin et Mainoni), sous les ordres du lieutenant-général Lannes, à Castel-Novo-di-Scrivia, formant

l'aile droite et coupant les communications avec Pavie.

Deux autres divisions (celles de Boudet et de Monnier), sous les ordres du lieutenant-général Desaix, formant le centre, sur la grande route en avant de Ponte-Curone. La division Lapoipe, qui était restée en position en-deçà du Pô, reçut ordre de venir se réunir au corps de Desaix.

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La cavalerie, sous les ordres du lieutenant-général Murat, entre Ponte-Curone et Tortone, ayant détaché une avant-garde de deux régimens de cavalerie et un régiment de dragons commandée par le général Kellermann, au-delà de Tortone.

Enfin, les deux divisions Gardanne et Chambarlhac, sous les ordres du lieutenant-général Victor, formant l'aile gauche en avant de Tortone, et soutenant l'avantgarde de Kellermann.

Tout le reste des troupes françaises, c'està-dire à peu près la moitié de l'armée, se trouvait hors de mesure, et ne pouvait concourir à l'action générale, soit à cause des

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communications qu'il fallait conserver, soit parce que la rapidité des marches n'avait laissé ni au général Cliabran dans la vallée d'Aost, ni au général Thureau dans la vallée de Suze, le temps d'achever leurs opérations. La défense du fort de Bard, qui cependant ne put tenir au-delà de huit jours, et la forte garnison laissée dans la citadelle de Turin, retinrent ces deux divisions loin du théâtre des principales opérations. Le général Moncey, avec un corps d'environ 12,000 hommes, occupait toute la Haute-Lombardie, entre l'Adda, le Tésin et lé Pó; le général Vignolles bloquait le château de Milan, et contenait une population de cent vingt mille âmes avec une force inférieure à la garnison autrichienne :" le lieutenant-général Duhesme, avec la division Loison, et quelques détachemens de cavalerie légère, environ 6 à 7,000 hommes, tenait la position de Crémone, bloquait la forteresse de Pizzighettone et le château de Plaisance, et couvrait les derrières de l'armée exposés aux entreprises des corps

autrichiens répandus dans le Mantouan la Marche d'Ancóne, le duché de Parme et la Toscane. Ceux-ci ne restèrent point inactifs. Le général Wukassowich, qui commandait à Mantoue, fit sortir de cette place un fort détachement qui s'avança jusqu'à Crémone: il s'empara de cette place inconsidérément évacuée par les Français; mais ne pouvant s'y maintenir contre les vives attaques du général Duhesme, il fut contraint de se retirer sur Bozzolo, et de repasser l'Oglio.

Ainsi les deux armées en présence et séparées seulement par le torrent de la Scrivia, se trouvaient sur la rive droite du Pó, dans une situation à peu près semblable et réciproquement inverse, par rapport à leur première base d'opérations; résultat singulier de la combinaison audacieuse du général français. Il n'y eut jamais de lutte plus sérieuse; c'était un champ clos où l'une des deux armées devait périr.

Dès que le général Ott vit le développement de l'armée française sur la Scrivia, il

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