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était appuyée; la colonne du centre, où se trouvait le général Watrin, ne devait s'ébranler que lorsque l'aile gauche se serait emparée des hauteurs; elle y parvint après une vive résistance, et commençait à tourner le village; mais les Autrichiens s'étant ralliés et formés sur des monticules en arrière de Casteggio, et ayant été soutenus par des réserves et quelques pièces de canon, attaquèrent à leur tour, regagnèrent le terrain qu'ils avaient perdu, et mirent en désordre les bataillons français qui s'étaient trop abandonnés.

ils

- Le général Lannes fit soutenir son aile gauche par la division Chambarlhac, qui arrivait de Stradella; le général Rivaud conduisait la tête de cette colonne; il étonna les Autrichiens par une manoeuvre des plus hardies; il n'avait que trois bataillons: au moment d'aborder l'ennemi qui poursuivait son avantage avec trop de confiance, il fit disperser en tirailleurs deux de ces bataillons, l'un sur sa droite et l'autre sur sa gauche, faisant un feu très-vif en gagnant

du terrain, pendant qu'à la tête du troisième bataillon formé en colonne il s'avançait au pas de charge et l'arme au bras, soutenant cette nuée de tirailleurs qui dérobait sa force et la profondeur de sa petite colonne. N'en apercevant que la tête, et voyant sa ferme contenance, les Autrichiens s'arrêtèrent; les bataillons français qu'ils avaient repoussés, reprirent haleine et marchèrent avec confiance un premier coteau fut enlevé; les Autrichiens se rallièrent sur le second, et furent successivement dépostés de toutes les hauteurs; attaqués cinq fois dans le même ordre et avec le même succès, ils furent culbutés; ils passèrent le torrent de Coppo, et se retirèrent sur les hauteurs de Montebello; le général Rivaud les y poursuivit, et leur enleva le château de Dordone.

Pendant ce combat contre l'aile droite du général Ott, le général Lannes marchait à la tête de sa colonne du centre par la grande route et directement sur Casteggio; sa droite était aussi sérieusement engagée. Le général Ott, voulant reprendre sa première posi

tion, fit des efforts extraordinaires pour soutenir son aile gauche. Il ralliait l'infanterie derrière son artillerie tirant à mitraille et à découvert avec une admirable fermeté; l'artillerie de la garde des Consuls la suivait constamment, recevait et rendait ce feu épouvantable à trente pas de distance: Casteggio fut deux fois pris et repris; la cavalerie autrichienne, formée à gauche du bourg, couverte par de fortes haies qu'on avait coupées par intervalles, combattait avec avantage, pouvant se rallier et réitérer ses charges, lorsqu'elle était vivement poussée par la cavalerie française.

Après cinq heures de combat, le général Lannes resta maître de Casteggio, mais le général Ott tenait encore dans sa seconde position à Montebello. Le premier Consul fit soutenir le corps d'avant-garde par une réserve de six bataillons sous le commande-· ment du général Victor: la nouvelle attaque du centre fut extrêmement vive; les Français, voulant forcer un pont garni d'artillerie et opiniâtrement défendu, s'élancèrent

trois fois sous le feu de mitraille pour enlever les pièces à la baïonnette, et furent trois fois repoussés. Alors le général Gency, qui avait fait plier la gauche des Autrichiens, passa le torrent au-dessous de Casteggio aveo cinq bataillons et un régiment de hussards, tourna cette batterie et se réunit à l'attaque centrale. Le général Rivaud ayant continué de combattre et d'avancer par les hauteurs jusque dans le village de Montebello, le corps d'armée autrichien allait être enveloppé, le sort de la bataille était enfin décidé.

Le général Ott ordonna la retraite, trop tard sans doute, puisque, indépendamment des 3,000 hommes qu'il avait sacrifiés sur ces deux champs de bataille, 5,000 prisonniers, 6 pièces de canon et plusieurs drapeaux restèrent entre les mains des Français. L'honorable obstination du général autrichien, dans cette sanglante affaire, ne pouvait réparer la faute de l'avoir inutilement engagée; mais loin d'aggraver ce reproche, nous dirons que la combinaison, le succès et la rapidité des trois passages du

par l'armée française, étaient moins vraisemblables que la supposition qu'il n'y avait encore en-deçà du fleuve que des corps. d'avant-garde qui s'engageaient pour en imposer, et qu'il était encore temps de les culbuter, d'interrompre le passage, et d'ouvrir la grande communication de l'armée par Plaisance.

Après la bataille de Montebello, le général Mélas, sans hésiter entre les divers projets de marche que Bonaparte lui prêtait, et qu'il ne pouvait plus entreprendre, se décida à livrer bataille: il commettait au sort des armes, en se détachant entièrement de sa base, et sans aucune pensée de retraite, le salut de son armée, la destinée de l'Italie, l'issue de la guerre; et il pouvait l'oser, car il avait réuni au moins 40,000 combattans; sa cavalerie était, comme nous l'avons fait observer, bien supérieure en nombre à celle des Français; elle était aussi plus exercée : il avait plus d'artillerie que Bonaparte; enfin, la vieille infanterie autrichienne, victorieuse pendant la campagne précédente, ré

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