Imágenes de página
PDF
ePub

taillons le long des digues et des marais en arrière de San Cipriano. Ils y furent bientôt vivement attaqués par deux régimens autrichiens, Kinsky et Cravattes, soutenus par six pièces d'artillerie et un détachement de cavalerie; le combat était inégal, les Autrichiens avaient une grande supériorité par le nombre et l'avantage de l'artillerie, les Français n'avaient d'espoir de salut que dans une résistance opiniâtre; ils la prolongèrent assez pour être soutenus par des troupes fraîches qui venaient de débarquer, conduites par le général Gency, au moment où le centre était enfoncé le combat se rétablit; les Autrichiens furent repoussés après avoir perdu 6 à 700 hoinmes, et se retirèrent sur Stradella. Les Français se gardèrent bien de les poursuivre : ils se rapprochèrent au contraire du fleuve et reprirent leur première position pour mieux protéger le passage des divisions du corps. d'avant-garde, qui continua pendant toute la nuit.

Le lendemain 7 juin, le premier Consul,

après avoir fait pour l'organisation de son armée de nouvelles dispositions, dont nos lecteurs liront avec intérêt les détails dans les ordres originaux; après avoir confié le commandement du blocus de la citadelle de Milan au général Vignolles, porta son quartier-général à Pavie; il trouva le passage bien établi entre Belgiojoso et San-Cipriano. Le général Lannes avait déjà porté sa première division commandée par Watrin, l'un des officiers d'avant-garde des plus intelligens et des plus entreprenans, jusqu'à Broni, au-delà de Stradella, sur la route de Tortone. Bonaparte passa le Pó, ordonna an général Lannes de se lier par sa gauche au corps de Murat, et se rendit. lui-même à Broni, à la tête de l'avant-garde, avec le général Berthier.

L'un des plus grands avantages qu'eut, à cette période de sa carrière, le général Bonaparte sur ses adversaires et ses rivaux dans la conduite des affaires de la guerre, était le parti qu'il savait tirer de sa présence, de sa propre personne. Nul n'a su mieux que

lui faire mouvoir la principale pièce de la manière la plus utile, et lui faire jouer tout son jeu son activité, son adresse, la promptitude et l'a-propos de ses apparitions sur tous les points où sa présence pouvait produire quelque effet important, sont d'autant plus dignes de l'observation des militaires, que les généraux appelés au dangereux honneur du commandement des armées peuvent trouver d'utiles leçons, et dans ce que Bonaparte pratiqua long-temps à cet égard et avec tant de succès, et dans l'impassibilité, Pinsouciance, l'apparent abandon de ses propres principes dans les plus graves circonstances, lorsqu'infidèle à la fortune si long-temps constante pour lui seul, il détruisait son ouvrage. Assez ordinairement il restait sur les derrières jusqu'à ce que ses têtes de colonnes fussent en mesure d'attaquer l'ennemi; il différait son départ sous divers prétextes, s'annonçant et se faisant attendre par ses escortes sur différentes directions, tenant les esprits en suspens pour déjouer la curiosité et les

conjectures. C'est dans ces intervalles qu'il travaillait nuit et jour à accroître, à rapprocher par échelons, à organiser les renforts pour le personnel des corps et pour le matériel de son artillerie; il donnait beaucoup de temps et l'attention la plus suivie aux objets d'administration, feignait de tout prévoir, d'avoir pourvu à tous les besoins, dans toutes les suppositions; mais il ne s'attachait réellement qu'aux moyens de former des réserves de munitions de guerre et de bouche, et de lés rendre aussi mobiles, que ses colonnes, ne se départant jamais du príncipe, que la guerre doit nourrir la guerre.

Aussitôt que ses corps d'armée ou grandes divisions étaient en ligne, il les traversait rapidement, portait son quartiergénéral à l'avant-garde, et ne s'arrêtait de sa personne qu'aux avant-postes, à la vue de l'ennemi; il recevait là les rapports, interrogeait lui-même les prisonniers, descendait jusqu'aux moindres détails, et se multipliait tellement aux yeux des soldats

par

la célérité de ses courses et de ses reconnaissances, que tous l'avaient vu, ou croyaient et voulaient l'avoir vu. Avant les actions générales, la position de son bivouac, ses tournées, ses moindres mouvemens étaient, par rapport à ceux des troupes, combinés de manière qu'il les eût presque toutes visitées, rassurées, animées par sa présence; s'il avait eu le temps et l'opportunité de reconnaître le terrain, il restait fixe au même point pendant l'action; lorsqu'au contraire il n'avait pu le bien étudier, il se déplaçait fréquemment, se portait aux points de la ligne les plus importans, les plus menacés, aux attaques les plus décisives, mais alors sans aucune précipitation, montrant une imperturbable sécurité qui, dans les revers, lui fut souvent reprochée comme une apathique insensibilité. Immédiatement après l'action il ne manquait jamais de parcourir toutes les parties du champ de bataille avant d'avoir reçu les rapports de ses généraux, il les avait presque tous vus, félicités, con

[ocr errors]
[ocr errors]
« AnteriorContinuar »