Imágenes de página
PDF
ePub

diverses causes son séjour trop prolongé dans cette place, qui ne pouvait plus servir de point de rassemblement à son armée : premièrement, il manqua d'informations sur la direction que prit inopinément et si rapidement vers la Lombardie le gros de l'armée française; secondement, considérant la levée du blocus de Gênes comme l'unique objet de l'expédition, le général Mélas, qui attendait d'heure en heure la nouvelle de la reddition de cette place, supposa que Bonaparte s'y porterait directement par la plaine du Piémont enfin, lorsqu'il fut désabusé, l'embarras de sa position fut encore augmenté par la nécessité de couvrir l'évacuation de Turin et des autres places menacées par la colonne du général Thureau, qu'on ne pouvait contenir qu'avec une force supérieure, et qui allait déboucher par la vallée de Suze, et se lier avec la division du général Chabran.

:

Le général Mélas apprit en même temps la convention de Génes et l'arrivée du premier Consul à Milan : l'une de ses deux lignes d'opérations, celle qu'il lui importait

le plus de conserver sur la rive gauche du Pô, se trouvant ainsi coupée, et la seconde sur la rive droite étant évidemment menacée, il ne s'occupa que de conserver celle-ci, dont les points principaux étaient Alexandrie, Plaisance, Parme et Mantoue. Il abandonna le Piémont, il indiqua la place d'Alexandrie comme le point de ralliement. Résolu de livrer bataille pour se maintenir sur la rive droite, il recueillit avec raison tout ce qu'il avait de forces disponibles endeçà du fleuve, et ne balança point à abandonner toutes les places du Piémont, dont les garnisons l'affaiblissaient sans aucun avantage, puisqu'elles étaient perdues s'il était forcé de se retirer sous Mantoue, et lui devenaient inutiles s'il restait maître du pays entre le Pó et les Apennins. En marchant sur Alexandrie, le général Mélas allait au-devant de la colonne du général Elsnitz, qui venait à sa rencontre et descendait sur Asti par la vallée du Tanaro, pendant que le général Suchet qui l'avait poursuivi jusqu'à la vie de Ceva, après avoir rencontré

à Savone la première division sortie de Génes et l'avoir réunie à sa colonne de droite, s'était jeté par Montenotte et Millesimo dans. la vallée de la Bormida, et avait pris position à Acqui....

Ainsi tout le pays de Génes, accablé depuis trois ans par le plus terrible des fléaux, la présence d'armées nombreuses, ayant souffert un ravage d'autant plus ruineux que le pays était plus épuisé et le soldat plus misérable, était enfin délivré; les forces des deux partis s'empressaient de l'abandonner : toutes les troupes françaises et autrichiennes sortaient à la fois par les trois principaux passages, et marchant parallèlement et sans obstacles par les trois grandes vallées du Tanaro, de la Bormida et de la Scrivia, de manière que le corps du général Suchet avait, à même hauteur et seulement à une marche de distance, à sa gauche, le corps du général Elsnitz, et à sa droite, celui du général Ott, qui, après la reddition de Génes, ayant débouché par la Bocchetta et Tortone, suivait la route de Plaisance,

[ocr errors]

formait l'avant-garde et couvrait le ralliement de l'armée autrichienne.

Tels furent, du 1o au 6 juin, les mouvemens des impériaux; leur général en chef; après avoir commis la faute de mépriser un ennemi audacieux, de repousser des avis importans, parce qu'ils contrariaient ses projets et le conduisaient à de nouvelles combinaisons, après s'être mis hors de mesure de prévenir l'invasion de la Lombardie, ne pouvait, dans la position respective des armées, faire de meilleures ni de plus promptes dispositions.

On n'était point encore informé à Milan de la convention de Génes; mais, en supposant même que Masséna pût en prolonger la défense, le seul passage du Pó par l'armée française pouvait le dégager. S'il était exécuté promptement, la seule communication qui restât à l'armée autrichienne avec l'Italie supérieure était coupée, les divers corps attaqués en détail par des forces supérieures, et culbutés les uns sur les autres avant leur réunion.

[ocr errors]

Tel fut le plan de Bonaparte; pour en assurer l'exécution, pendant que le général en chef Berthier hâtait les préparatifs qui se faisaient à Pavie, le général Murat reçut l'ordre de pousser vivement l'ennemi, de l'éloigner de la rive gauche, et de le contenir au-delà de l'Adda, afin d'ôter aux généraux Laudon et Wukassowich tout espoir de se combiner avec les corps qui se trouvaient sur la rive droite du fleuve, et de concourir par une diversion à la défense du passage.

:

En conséquence, le général Loison se porta sur Orci-Novi et Brescia, où le général Laudon fut surpris et presque au moment d'être enlevé lui-même au milieu de son escorte le général Duhesme marcha sur Crema, et défit près de Castel-Leone un fort détachement de troupes légères, resserra la place de Pizzighettone où les Autrichiens avaient jeté une garnison de 1,000 hommes, et s'empara de Crémone et des magasins qui ne purent être évacués; le lendemain 8 juin, poussa une forte reconnaissance jusqu'à

il

« AnteriorContinuar »