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CHAPITRE VI.

Passage du Tésin. - Conquête de la Lom

bardie. -Marches et contremarches des

Autrichiens. Passage du Pô par les Fran

çais. Bataille de Montebello. - Bataille de Marengo. Convention d'Alexandrie.

Le général Ott avait consumé devant Gênes

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des jours précieux et dont la perte devait faire payer cher cette vaine conquête. Sans doute que, s'il eût été bien informé des progrès de Bonaparte, s'il avait pénétré ses desseins et le but de ses mouvemens concentriques sur la Lombardie, il aurait senti toute l'importance de l'exécution de l'ordre que le général Mélas lui avait donné au moment de son arrivée à Turin, de lever le blocus de Gênes et d'aller à marches forcées occuper Pavie; il n'eut pas mis en balance, d'un côté, l'honneur des armes, triomphe passager, la satisfaction d'ouvrir aux Anglais le plus beau port de l'Italie, et d'un autre côté, le salut de l'armée au

un

trichienne et le sort de l'Europe. Pendant qu'il négociait avec Masséna du er au 4 juin, l'armée française passait le Tésin; le général Laudon, accouru des bords de l'Adda avec tout ce qu'il avait pu rassembler de troupes de toutes armes, mais surtout de cavalerie et d'artillerie, pour défendre cette dernière barrière, ne put y arrêter que quelques instans l'avant-garde du lieutenant-général Murat : celui-ci se porta de Novara à Galiate et Turbigo : les Autrichiens, après avoir retiré leur pont volant, avaient pris position sur la rive gauche du Tésin; ils foudroyèrent, par un feu d'artillerie et de mousqueterie bien dirigé, les premières troupes qui parurent sur la rive droite. Murat menaça trois points à la fois sur le front de la position, et jeta en même temps quelques compagnies de grenadiers et une pièce de canon dans une île d'où leur feu prenait en flanc la ligne autrichienne : celle-ci s'ébranla et fut bientôt forcée de se porter plus en arrière; quelques détachemens abordant la rive gauche, protégèrent

l'établissement du pont. Le général Laudon arriva de sa personne avec un renfort de 3000 hommes au moment où les Autrichiens se renfermaient dans Turbigo. Ce secours rendit le combat plus sanglant, mais ne prolongea que de quelques heures la défense de la ligne du Tésin. Quoique attaqué par des forces jusqu'à ce moment inférieures aux siennes, Laudon fut contraint d'évacuer Turbigo, et se retira pendant la nuit après avoir eu 400 hommes hors de combat, et laissé 1,200 prisonniers au pouvoir de l'ennemi.

La marche et l'attaque du général Murat sur Turbigo favorisaient celles de la colonne du général Lecchi sur le fort d'Arona, où il força l'ennemi de se renfermer et de lui livrer le passage du Tésin à Sesto-Calende. L'ordre donné à ce général de suivre ainsi avec ses troupes italiennes le pied des montagnes par les communications courtes, mais difficiles, d'une vallée à l'autre, du val d'Aoste au val Sésia, du val Sésia au lac Majeur, avait le double motif de flanquer

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la route de l'armée, en menaçant le flanc droit de l'ennemi sur le Tésin, et de se lier le plus tôt possible avec le corps du général Moncey. Celui-ci avait dépassé le SaintGothard et se trouvait déjà à Bellinzona à la tête du lac Majeur, tandis que le général Béthancourt, descendu par le Simplon, s'avançait par Domo-d'Ossola, sans rencontrer aucun obstacle.

Ayant assuré son premier pont par la prise de Turbigo, le général Murat se hâta d'exécuter un second passage à Buffalora sur la grande route, espérant atteindre le général Laudon, ou du moins son arrièregarde i la joignit à peine aux portes de Milan, le 2 juin, et n'enleva que quelques traîneurs : la ville avait été évacuée la veille par les Autrichiens, qui conservèrent le château où ils laissèrent une garnison de 2,000 hommes sous les ordres du général Nicoletti : le général français Monnier fut chargé de l'investissement, et il fut convenu qu'aucun acte d'hostilité ne serait commis de part ni d'autre du côté de la ville.

Le même jour, Bonaparte avec son étatmajor entra dans la capitale de la Lombardie, et proclama avec plus d'appareil que de sincérité le rétablissement du gouvernement républicain. Il se hâta de mettre à profit l'enthousiasme qu'excitaient sa présence et la surprise d'un événement qui tenait du merveilleux : la plus grande partie des habitans de Milan ne savaient point encore, ou ne pouvaient croire qu'il fût en Italie.

Bonaparte connaissait trop bien le parti républicain qui venait d'être si sévèrement comprimé, pour ne pas craindre qu'il n'abusât du triomphe, et ne se laissât entraîner au funeste plaisir de la vengeance: là comme en France, il avait besoin du concours des volontés, qui ne peut naître que de la confiance et de la sécurité générales, et sans lequel on n'obtient, même difficilement, que des ressources précaires, peu d'argent et de mauvais soldats aussi, en rappelant les principales autorités cisalpines, auxquelles se ralliait la multitude, il leur enjoignit de ne souffrir aucune espèce de réac

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