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intérieure de la ville, fit évacuer le MonteFaccio, et donna l'ordre au général Miollis de se rapprocher et de serrer ses postes sur la Sturla la garnison fut renforcée, et de fortes réserves établies sur les places avec du

canon.

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Pendant les dix jours qui suivirent du 20 au 30 mai, il ne se passa aucun événement qui dût changer le sort de cette malheureuse ville et la situation des débris de l'armée française; le blocus fut plus resserré les Anglais furent plus entreprenans; ils enlevèrent à l'abordage la galère qui défendait l'entrée du port; le bombardement fut aussi plus fréquent. C'est à travers cette chaîne de bâtimens armés, et malgré leur sévère vigilance, que les officiers, successivement dépêchés par le général Masséna pour faire connaître sa situation, se hasardaient de passer pour rapporter les réponses du gouvernement et les avis du secours si lent et si impatiemment attendu : entre ces braves officiers, l'intrépide dévoue ment du chef d'escadron Franceschi, aide

de-camp du général Soult, et qui depuis s'éleva au rang des meilleurs généraux de l'armée française, doit être cité comme un des plus beaux exemples. Dans un frêle bateau, avec trois rameurs et à la faveur de la nuit, il était parvenu jusqu'à la chaîne des postes anglais, après avoir traversé la croisière et passé sous la poupe de l'amiral. Le jour se fait; au milieu de la rade, encore à plus d'une lieue du rivage, sous le feu croisé des bateaux, l'un de ses rameurs est blessé; prêt à tomber entre les mains de l'ennemi, Franceschi attache ses dépêches sur sa tête, se dépouille, ordonne aux matelots de faire un dernier effort pour ramer dans une direction contraire, et se jette à la mer. Un instant après, s'apercevant qu'il a laissé ses armes, il retourne au bateau, prend son sabre, le serre entre ses dents, rage long-temps, et presque épuisé aborde au pied du môle, et porte au général Masséna les dépêches du premier Consul qu'il avait laissé au pied du mont SaintBernard.

Les nouvelles du passage des Alpes, des succès de l'armée du Rhin et de l'approche de la nouvelle armée d'Italie, relevèrent un moment les esprits, et chacun exagérant les récits au degré de ses espérances, attendait, croyait voir, annonçait des choses extraordinaires; on entendait du canon de tous côtés, un orage lointain était un événement; le moindre mouvement dans les lignes des Autrichiens, observé par les avantpostes français, était annoncé comme la levée du siége. Cette retraite paraissait en effet si. vraisemblable; elle était si motivée par les progrès de Bonaparte, que le général Masséna, persuadé que l'ennemi en dérobait les apprêts, fit faire, le 28 mai,

reconnaissance sur le Monte - Faccio et le Monte-Ratti: les troupes combattirent avec autant d'ardeur que dans les premiers jours du siége, mais sans succès. Les Autrichiens défendirent avec obstination les accès de leurs lignes dont ils avaient augmenté les défenses. Les Français, manœuvrant sous un feu meurtrier, firent de grandes pertes,

le général d'Arnaud, qui les commandait, fut grièvement blessé ainsi que plusieurs officiers supérieurs : on acquit ainsi, au prix du sang d'une foule de braves, la triste certitude que rien n'était changé dans les positions de l'ennemi; ses forces s'étaient même accrues d'un assez grand nombre de paysans des montagnes, fort animés contre les Français.

Cependant la situation de la ville de Gênes s'aggravait de plus en plus; chaque jour éclairait de nouveaux désastres, et dévoilait de plus horribles effets de la famine; les rues jonchées de morts et de mourans, des femmes défaillantes, des enfans délaissés, des malheureux employant le reste de leurs forces à s'arracher les chevaux morts, les moindres animaux domestiques et la pâture des bestiaux; les nuits étaient plus affreuses encore: on était réveillé par les gémissemens, par les cris de rage et de désespoir que la faim dévorante arrachait à ses victimes.

Masséna ne pouvait plus prolonger cette

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agonie: la distribution des soupes dans les quelles on finit par mêler des herbes médicinales, celle d'un pain dangereux et dégoûtant fabriqué avec un faible reste de grains. et de grenailles de toute espèce, étaient depuis quinze jours la seule ressource pour le peuple et pour l'armée.

Le 30 mai, la fermentation devint plus alarmante; les habitans prirent les armes, et les Français, d'abord menacés par cette sédition, furent sauvés par la division qui s'établit et le combat qui s'engagea entre le parti des patriotes liguriens et celui de l'ancienne république, également exaspérés par les calamités qu'ils s'imputaient mutuelle

ment.

Les soldats épuisés enviaient le sort de ceux qui avaient péri sur les champs de bataille, ou que les éclats de bombes et d'obus plumoissonnaient au milieu de la ville : sieurs se donnèrent la mort. Enfin le mécontentement éclata dans quelques corps de l'armée des soldats brisèrent leurs armes au milieu de la place Saint-Dominique; un

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