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le général Gazan, à peine rétabli de sa blessure, sortit par le fort de l'Éperon, et marcha droit aux redoutes que les Autrichiens avaient élevées sur la montagne des QuatreAs. L'adjudant-général Gauthier condui-. sait l'avant-garde de la colonne de droite ; sa marche fut un combat continuel, tout ploya d'abord devant lui, plusieurs postes retranchés furent enlévés ou abandonnés ; il parvint jusqu'à portée de fusil des ouvrages du Monte - Creto, pendant que de son côté le général Spital, conduisant la tête de la colonne de gauche, s'emparait aussi des postes avancés..

Le camp retranché de Monte-Creto était couvert par de nombreux ouvrages défendus par une ligne de troupes soutenues par de fortes réserves; l'objet de l'attaque était évidemment annoncé, la promptitude pouvait seule en assurer le succès; mais les Autrichiens résistèrent au premier choc, et la fortune cette fois seconda leur valeur. Au moment où les Français, arrivant péniblement jusqu'à la cime, et à l'appui de leur

avant-garde, se ralliaient et se disposaient à franchir les retranchemens, un orage inattendu et des plus violens enveloppa la montagne dans cette nuit subite et profonde, les éclairs seuls faisaient apercevoir les lignes et les masses des combattans; les rangs se confondaient, on se touchait saus se voir; et quand l'air fut dégagé par des torrens de pluie, le soldat embarrassé de ses vêtemens, de ses armes mouillées, glissant à chaque pas, n'avait plus cette énergie, cette première impulsion qui font presque toujours réussir les attaques de vive force.

Mais pendant que l'orage éclatait au sommet de la montagne, pendant que les troupes françaises étaient arrêtées par les tourbillons de ce déluge, les corps autrichiens qui étaient dans les vallées eurent le temps de s'approcher, marchant pour ainsi dire à couvert sous des nuages amoncelés.

La ligne autrichienne se trouva donc tellement renforcée, que tous les efforts pour la déposter furent infructueux; ceux des généraux et des officiers supérieurs français

furent remarquables et chèrement payés : le général Spital, en ranimant ses troupes, eut son cheval tué et fut blessé lui-même; Reille, qui prit sa place, se jeta seul en avant, et ne fut pas suivi. L'adjudant-général Gauthier, donnant le même exemple, parvint à faire charger sa troupe : il enleva les premières redoutes du camp, mais il alla se briser contre une réserve que le comte de Hohenzollern conduisait lui-même. Le choc fut terrible on se battit corps à corps; Gauthier tomba blessé et ses troupes reculèrent; enfin, le lieutenant - général Soult se porta à la tête de la colonne du centre, commandée par le général Poinsot, pénétra jusque dans le camp de Monte-Cre to; il s'y établissait, faisait incendier les baraques et poursuivait son avantage, quand une nouvelle et forte réserve, arrivant en bon ordre et portée par le général Hohenzollern là où le danger pressait davantage, chargea et dispersa les Français qui se croyaient victorieux. Le général.Soult, secondé par son frère, s'efforçaft de rallier

ses troupes; elles s'arrêtaient à sa voix, lorsqu'une balle lui fracassa la jambe droite: ses grenadiers ne purent enlever leur brave général, à cause du terrain glaiseux et incliné : il ordonna la retraite, remit ses armes à l'un de ses grenadiers pour les porter au général Masséna, et soutenu par son frère, il resta sur le champ de bataille au pouvoir de l'ennemi, au lieu même où il était si glorieusement tombé.

Ici finit la défensive active des environs de Gênes. Masséna avait perdu dans les trois grandes affaires générales et dans les com bats journaliers, plus du tiers de ses forces : ses plus intrépides guerriers, et parmi ceuxci son audacieux et habile lieutenant; la plus grande partie de ses officiers supérieurs était hors de combat; la citadelle de Savone venait de se rendre; les courages étaient abattus, la fermentation allait croissant; des milliers de femmes parcouraient les rues de Gênes avec des sonnettes, demandant du pain, jetant des cris d'alarme et de révolte contre les Français, et le mot

de ralliement de l'ancienne république, e viva, viva Maria. Des prêtres se jetaient dans ces attroupemens, d'autres mêlaient aux consolations de la religion des prédications incendiaires; l'or des Anglais et la misère encourageaient l'espionnage et multipliaient les intelligences avec la flotte de l'amiral Keith renforcée par les galères et les chaloupes napolitaines; ce qui restait de troupes liguriennes était vendu à l'ennemi; leur caserne devint un foyer d'insurrection; le souvenir des rigueurs exercées par les Autrichiens, en 1746, était effacé par les calamités présentes; au milieu de ce désordre', espérant toujours de pousser le peuple au désespoir et de le porter à une explosion semblable à celle qui fit perdre autrefois au marquis de Bolta cette riche conquête, la flottille écrasait de bombes le quartier le plus populeux, sans que le triste signal, sauve-garde de l'humanité souffrante, le drapeau noir arboré sur les hôpitaux, servît à les préserver.

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Masséna, forcé de s'occuper de la sûreté

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