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deux bataillons pour couvrir ses derrières. Comment ne pas s'étonner de l'audace d'une telle marche? Le corps du général Soult, de 4 à 5,000 hommes, plus de la moitié de ce que la garnison pouvait fournir de combattans valides, se trouvait ainsi porté à quatre lieues de la place, presque sur les derrières de l'ennemi.

Le général d'Arnaud, qui commandait son avant-garde formée de la 25° demi-brigade légère et de la 24° de ligne, après avoir surmonté beaucoup d'obstacles, parvint à gravir les hauteurs d'El Becco: trop éloigné du de bataille, il eut à soutenir, pendant plus de deux heures, contre des troupes fraîches, un combat inégal.

corps

Parvenu enfin sur les revers les plus accessibles du Monte-Faccio, le général Soult ayant formé trois colonnes serrées, fit battre la charge et livrer l'assaut aux retranchemens ils furent forcés; le général Gottesheim qui y commandait, surpris par une attaque si imprévue, eut à peine le temps de s'échapper; tout fut culbuté, dis

persé, pressé à la baïonnette de se jeter du haut des rochers dans les précipices; plus de mille Autrichiens furent faits prisonniers.

Un trait aussi honorable qu'il est caractéristique de l'esprit du soldat français, doit être, particulièrement relevé dans le récit de cette action brillante: les soldats de deux régimens ou demi-brigades de l'armée d'Italie, la 25o légère et la 24o de ligne, s'étaient juré haine et vengeance, parce qu'avant l'ouverture de la campagne, quand la désertion et tous les désordres de l'insubordination s'étaient introduits dans cette armée désorganisée par la misère, la 25° demi-brigade, où la discipline s'était maintenue, avait été employée à désarmer l'autre : on évitait soigneusement de les rapprocher; le hasard fit que, dans cette journée, ces deux troupes se trouvèrent placées de manière à rivaliser de valeur l'une aux yeux de l'autre ; les mêmes dangers, la même ambition de gloire, le même empressement à se soutenir, réveillèrent à la fois dans tous les cœurs tous

les sentimens généreux, les soldats se mêlerent, s'embrassèrent au milieu du feu, la moitié d'une troupe passa dans les rangs de l'autre, et après cet échange, les deux corps continuèrent le combat en redoublant d'ardeur.

Cependant le général Masséna qui, depuis la retraite précipitée de la division Miollis, n'avait aucune nouvelle du général Soult, et pouvait craindre qu'il ne fût enveloppé, alla lui-même rallier cette division repoussée jusqu'à Saint-Martin-d'Albaro et jusqu'à la Porte Romaine. Il ne fallait rien moins que sa présence pour faire taire les murmures des soldats excédés de fatigue, et rebutés par des combats sanglans et des souffrances dont ils n'apercevaient ni le terme ni le prix : il ranima leur courage, et éprouva leur résignation en les portant de nouveau en avant, après quelques heures de repos, afin de dégager, s'il le fallait, par une nouvelle attaque, le corps du général Soult.

A quatre heures du soir, le général Miollis avait déjà rétabli les communications par

le Besagno, et le général Reille avait pris position sur le Monte-Ratti. La jonction des deux divisions se fit à Nervi, où le général d'Arnaud eut ordre de se porter aussitôt que le général Soult fut maître du Monte-Moro et du Monte - Faccio: le soir même 1,500 prisonniers autrichiens, plus malheureux que s'ils eussent succombé dans les combats, furent ramenés à Gênes, la victoire fut publiée, la ville illuminée, et le général Masséna, méditant de nouveaux combats, rendit à son adversaire le salut du canon de réjouissance.

Il ne voulut pas laisser au général Ott le temps de réparer ses pertes, et d'ailleurs un motif plus pressant, les approches de la famine, le forçait à recueillir à tout prix les faibles ressources qu'on pouvait encore, dans ces excursions, arracher aux campagnes désertes et ravagées. On avait fait rentrer dans la place des herbes, du bétail; mais il fallait s'étendre plus au loin pour trouver des grains; à peine accorda-t-il à ses troupes un jour de repos.

Le 13 mai, le général Soult fut chargé d'une opération qu'il avait lui-même conseillée. C'était le dernier effort, mais il pouvait être décisif, et contraindre le général Ott à lever le siége. La dernière affaire, la surprise du Monte-Faccio enlevé par les derrières, avait fait connaître aux généraux autrichiens l'importance de la position du Monte-Creto, dont le général Soult s'était d'abord emparé pour parvenir à la tête de la vallée du Besagno: ils s'y étaient établis et s'y renforçaient; c'était réellement la clef de toute la circonvallation; elle assurait la communication entre les deux rivières : s'ils y étaient battus, et que les Français y fussent réunis, maîtres de se porter du côté du Ponent sur les derrières de la Coronata et du côté du Levant sur Porto- Fino et Chiavari, ils forçaient l'ennemi à se retirer sur la Bocchetta et en arrière de Voltry.

La principale.colonne, celle de droite, sous les ordres du général Soult, sortit par la Porte Romaine, et suivit la vallée du Besagno; celle de gauche, commandée par

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