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une circonférence de plus de douze mille toises, et leurs colonnes ne pouvaient facilement, dans un terrain aussi coupé, se communiquer et se soutenir. Les Français prirent et brûlèrent pendant la nuit sept à huit cents échelles qui avaient été préparées pour l'assaut. Ainsi faillit cette grande entreprise, le projet audacieux de prendre Génes, comme les Russes avaient autrefois pris Ismaïlow.

Profitant du succès pour rassurer les Génois, que cette attaque générale et la vue de l'ennemi au pied de leurs murailles `avaient effrayés, et voulant soutenir la confiance et le bon esprit de ses soldats, relevé par cette victoire, Masséna, dès le lendemain, reprit l'offensive; il attira l'attention de l'ennemi dans la partie du Levant par divers mouvemens de la division du général Miollis, et fit faire du côté opposé, dès la pointe du jour, une forte reconnaissance sur la position de la Coronata, où les Autrichiens, s'étant retranchés, avaient barricadé et crénelé le village et les maisons qui cou

vrent le côteau : ils en avaient fait leur principal dépôt d'artillerie, de vivres et de munitions. Trompé lui-même par les avis qu'il recevait des mouvemens de l'armée de réserve à peine encore formée, et par les promesses de secours dont Bonaparte soutenait la constance des défenseurs de la Ligurie, Masséna pouvait croire que le général Mélas, au lieu de poursuivre le corps de Suchet, ne songerait qu'à concentrer ses forces, et que le général Ott, prêt à lever le blocus, avait tenté d'enlever la place par escalade; il fit donc soutenir par le général Soult avec ses meilleures réserves, et par une fausse attaque sur la chartreuse de Rivarolo, la reconnaissance que le général Gazan poussa d'abord jusqu'au centre de la position.

Il avait fait envelopper un régiment d'infanterie légère : il allait enlever les premières batteries, lorsqu'il tomba blessé à la tête; l'attaque se rallentit; le général Ott y porta une forte réserve qui culbuta les Français mis en désordre par la difficulté du

terrain et le feu croisé des batteries. Soult couvrit la retraite déjà presque coupée par les chasseurs de Bussi et le cinquième régiment des hussards hongrois, qui chargeaient en suivant le lit du torrent de la Polcevera, et qu'il arrêta en débouchant par le village de Rivarolo.

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On chercherait vainement dans l'histoire un exemple aussi remarquable, aussi int structif d'attaque et de défense de positions et de postes d'investissement. Cependant les assiégés s'affaiblissaient : ils faisaient chaque jour des pertes irréparables; leurs plus braves, leurs plus habiles chefs succombaient dans ces rudes combats; de faibles secours de vivres, quelques nouvelles de Francè données par d'intrépides officiers qui échap paient rarement à la vigilance de la croisière anglaise, n'apportaient que de faibles con solations. L'adjudant-général Reille arriva d'Antibes en deux jours avec des dépêches du premier Consul.

Huit jours encore se passèrent en obser vation mutuelle, en escarmouches plus on

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moins vives; les Autrichiens fortifièrent leur circonvallation, coupèrent l'aquéduc, bombardèrent inutilement Saint Pierre d'Arena et Albaro. Les Français ayant reconnu l'importance du fort de Quezzi, travaillèrent avec une célérité presque inconcevable à le relever on y employa six cents tonneaux avec lesquels, en les remplissant de terre, on fit des escarpes de 25 pieds de haut, extérieurement revêtues en pierres sèches.

Le romai, le général Ott fit faire des salves. de réjouissance, et prévint le général Masséna qu'il célébrait un avantage remporté par le général Mélas sur le corps de Suchet. Le général français répondit le lendemain à cet avis par une vigoureuse sortie, ou pour mieux dire, par une nouvelle bataille livrée à la ligne autrichienne du côté du Levant. Toutes les troupes disponibles furent formées en deux corps principaux : celui du général Soult tourna le Monte-Faccio que le général Miollis attaquait de front avec sa division sur trois colonnes, conduisant

lun-même le centre : l'adjudant-général Reille commandait celle de droite, et l'adjudantgénéral Gauthier celle de gauche. Ce dernier pénétra d'abord jusqu'au poste retranché de Bavari qu'il enleva; Miollis et Reille s'emparèrent aussi des premières positions de l'ennemi sur ce Monte-Faccio si disputé et déjà couvert du sang des braves des deux partis; mais cette fois les Impériaux s'étant serrés en masse, chargèrent à leur tour les Français dont les rangs s'étaient rompus par la violence de l'attaque, et les rejetèrent sur la Sturla, sans leur laisser le temps ni la possibilité de se rallier.

Le mouvement du général Soult fut plus heureux; il était aussi plus décisif. Il avait suivi, par Olmo et Prato, le chemin sur la rive droite du Besagno; il avait fait replier les postes autrichiens et forcé le camp du Monte - Creto pour assurer son flanc gauche il s'éleva ainsi jusqu'à Cassolo, à la tête du torrent qu'il traversa entre Torriglio et Carpanadigo. Il rallia ses troupes et laissa seulement au-delà du Besagno

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