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laire en France, lorsqu'il fut évident, pour tous les partis, qu'il n'y avait plus d'autre moyen d'arriver à la paix.

Loin d'éprouver la moindre difficulté pour les levées, le gouvernement fut secondé avec ardeur, obéi sans murmure; la première classe de la conscription, c'est-àdire tous les jeunes gens ayant atteint l'âge de vingt ans, sans distinction de rang ni de fortune, fut mise à la disposition du ministre de la guerre ; et sur ce nombre, trente mille furent immédiatement destinés à faire partie de l'armée de réserve, dont l'organisation, sous les ordres du général Berthier, venait d'être annoncée, et dont le rassemblement était indiqué à Dijon.

Indépendamment de ces moyens de recru tement, la loi révoquait les congés accordés. antérieurement, soumettait les réformes à une nouvelle révision; et le gouvernement, en faisant exécuter strictement ces dispositions rigoureuses, après neuf années de guerre, prouva la force et la vigueur qu'il pouvait rendre à l'armée,

La formation d'une nombreuse gendarmerie et de plusieurs corps de volontaires eurent lieu presque en même temps.

Tous les anciens militaires de tout grade, retirés du service pour quelque cause que ce pût être, furent aussi rappelés et excités à rentrer dans les rangs de l'armée.

La réparation, la création du matériel furent encore plus étonnantes après des consommations aussi désordonnées; on rassembla en deux mois quarante mille chevaux; on forma à Paris un parc d'artillerie trèsconsidérable, le mieux attelé qu'on eût vu depuis le commencement de la 'guerre.

les

Cet élan national était méconnu par alliés; on doutait de ses effets et de l'étendue des préparatifs, qu'ils étaient déjà terminés.

Les armées françaises recevaient des renforts dans leurs cantonnemens; elles occupaient depuis la rivière de Gênes jusque sur le Bas-Rhin, le cordon des frontières menacées; il était donc vraisemblable que le premier Consul se bornerait à des opérations défensives, et que, n'ayant point encore ras

semblé assez de forces pour prévenir l'exécution du plan des alliés, il en observerait les premiers développemens avant que de rien entreprendre. La formation de son. armée de réserve, dont il avait pris le commandement avec beaucoup d'éclat, devait confirmer ces conjectures. Le point de Dijon, indiqué pour le rassemblement, était bien celui d'où l'on pouvait le plus promptement et le plus facilement porter des corps détachés, ou la masse entière sur la frontière du Rhin, ou sur celle des Alpes, selon les forces et les entreprises de l'ennemi.

Cette armée de réserve, dont Bonaparte fit la base apparente de ses opérations défensives, ne fut jamais qu'un grand dépôt intermédiaire qui servit de masque à ses principales dispositions: loin de rassembler et de retenir au centre de la France les troupes, les détachemens prêts à marcher, il les faisait filer d'abord sur l'armée du Rhin, commandée par le général Moreau; elle fut portée rapidement à un effectif de cent vingt mille hommes, et rien ne fut négligé pour

la mettre dans le meilleur état possible. Le bon esprit, le vrai patriotisme des belliqueux habitans de l'Alsace et des Vosges, et leur attachement au général Moreau, contribuèrent beaucoup à accélérer le complétement des corps.

D'un autre côté, les divisions françaises venues de Hollande, qui avaient formé l'armée de l'Ouest, et qui devaient faire partie de l'armée de réserve, furent d'abord dirigées sur Dijon. On vit, pour la première fois, ces divisions marchant en ordre et ensemble, traverser le pays comme si elles eussent été ou continué d'être sur le théâtre des opérations. Tout reprit en France un air de guerre, un meilleur ton militaire; le luxe même dans les camps, les grands spectacles, les revues de parade, reveillèrent le goût des armes dans presque toutes les classes de la nation.

L'une de ces revues la plus remarquable fut celle de dix-huit mille hommes et d'une

très-nombreuse artillerie, qui eut lieu au Champ-de-Mars.

Le même jour où l'archiduc Charles quittait son quartier-général, et prenait congé d'une manière si généreuse de l'armée dont il était l'idole, Bonaparte recueillait les acclamations du peuple aux mêmes lieux où elles furent autrefois sincèrement prodiguées au pacte fédératif de ses libertés, et au légitime souverain qui l'y sanctionna; acclamations depuis si indignement prostituées.

Arrêtons-nous à cette époque, où le soin et l'espoir de s'assurer de la victoire par l'avantage du nombre, faisait des deux côtés différer l'ouverture de la campagne; observons quelle était de l'une à l'autre mer, sur toute la ligne, depuis le Texel jusqu'à la rivière de Génes, la position respective des

armées.

Au nord de la Hollande, que les Anglais feignaient de menacer de nouveau par les apprêts d'une expédition, la ligne de défense maritime, dont les forts et les batteries avaient été augmentés, était occupée sous les ordres du général Augereau, par un

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