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cun point; la flotte combinée rasant la côte dans la partie de l'est, tirait sur la ville.

Le projet très-hardi du général Ott était bien conçu, et jusque-là fut exécuté avec beaucoup d'ensemble et de résolution; il avait voulu occuper à la fois toute la garnison, et forcer le général Masséna à partager ses réserves entre des fronts d'attaque diamétralement opposés; à la faveur de ces diversions combinées, le général Ott portait une masse de quinze bataillons sur la partie adjacente au rivage du Levant, où les deux enceintes se réunissent. Cette partie, qui lui paraissait être la plus accessible, était aussi la seule où le feu des vaisseaux pût flanquer et soutenir une attaque de vive force. I ne doutait pas qu'une action si vive et si générale ne déterminât une révolte contre les Français, et que dans l'horrible confusion qu'amènerait cette sanglante journée, l'escalade qu'il avait préparée et ordonnée ne réussît.

Mais malgré le succès du général Hohenzollern et les nouvelles attaques du côté du

Ponent, Masséna ne se méprit point sur le -véritable danger et ne s'en laissa pas distraire il chargea le général Soult de reprendre le fort des Deux-Frères, et fit soutenir par toutes les réserves dont il put successivement disposer, sa première division battue et dépostée des ouvrages extérieurs de la rivière du Levant, à l'exception du fort Richelieu.

Les Autrichiens faisaient de nouveaux efforts pour s'emparer de la Madonna del Monte, afin d'obliger les Français d'évacuer Albaro, seul point d'où il fût possible de bombarder la ville. Masséna donna l'ordre au général d'Arnaud de se porter sur l'ex-trême gauche de la ligne autrichienne, en dérobant son mouvement derrière le rideau de ses tirailleurs, de profiter des plis du terrain, et de s'ouvrir passage jusqu'à la Sturla pour attaquer l'ennemi par ses derrières : ce mouvement réussit; 400 Autrichiens furent coupés et faits prisonniers. La gauche de la ligne française fut dégagée et marcha en avant sous les ordres du général

Poinsot, pour reprendre le fort de Quezzi: l'attaque fut vive, mais plus vivement repoussée : les Français y firent une perte sensible; le colonel Mouton, dont nous avons cité plusieurs hauts faits, y fut très-grièvement blessé.

La conservation du plateau et des ruines du fort de Quezzi était, pour les Autrichiens, de la plus haute importance; toute la défense extérieure de Gênes, du côté du Levant, était vaine et terminée, s'ils restaient en possession de ce poste et des hauteurs qui lui sont soumises. Masséna avait employé toutes ses forces; il n'était pas resté cent hommes dans l'intérieur de la place: il n'y avait plus que deux bataillons en réserve; le danger était pressant; il fallait soutenir le général Poinsot qui ralliait ses troupes, et faire un dernier effort: il ordonna donc au général Miollis de se mettre à la tête de l'un de ces deux bataillons (la re et la 2o demi-brigade de ligne), et de se diriger sur la droite du retranchement; l'adjudant-général Thiébault reçut au même in

stant l'ordre de marcher avec quatre compagnies vers la gauche, et plus directement pour aborder l'ennemi au pas de charge sur le revers de la position dans la direction de sa retraite. Les Autrichiens soutinrent de pied ferme cette seconde attaque; on s'y mêla au point de ne pouvoir plus se servir des armes à feu. Masséna chargea lui-même avec les dernières compagnies de sa réserve : il se jeta dans la mêlée avec ses officiers au moment où l'on ne combattait plus qu'à coups de crosse et à coups de pierre. Les Autrichiens furent forcés d'abandonner la position; le général Miollis, qui avait aussi enfoncé et traversé leur ligne, fit sa jonction en avant du fort de Quezzi; et, secondé par une sortie de la garnison du fort Richelieu, il poursuivit son avantage, enleva les deux dernières redoutes du Monte-Ratti, et fit mettre bas les armes à un bataillon qui se trouva enveloppé du côté du Nord.

Le général Soult, qui se préparait à reprendre la position des Deux-Frères, s'était rendu au fort de l'Éperon, d'où il observait

attentivement l'issue de l'action principale dans la rivière du Levant. Vers les cinq heures du soir, voyant que les Autrichiens étaient repoussés sur toute la ligne, et ramenés jusqu'à leurs anciennes positions, il saisit cet instant, et fit attaquer les DeuxFrères par le général Spital avec la 106 demi-brigade. L'ardeur des soldats s'était accrue par l'exemple de la première division; la résistance fut vigoureuse, mais les Autrichiens ne purent soutenir un choc si violent. Le commandant Coutard, avec 150 hommes de la 73°, conduisit sa troupe jusque sous la crête, sans tirer un coup de fusil, et sauta des premiers dans le retranchement. Le combat fut sanglant; le colonel de Collorédo y périt glorieusement.

L'avantage de la journée resta aux Français; elle coûta plus de 4,000 hommes aux Autrichiens ils avaient d'abord attaqué et enlevé tous les postes avec un tel élan, qu'ils avaient tout entraîné; ils ne s'attendaient pas à être attaqués à leur tour et sur-le-champ avec tant de fureur; ils avaient embrassé

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