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de Gênes rendrait plus facile à nos lecteurs l'intelligence des opérations du siége, et rendrait aussi la relation abrégée que nous leur offrons, plus claire et plus satisfaisante : achevons donc de faire bien connaître tout le système de défense, en parcourant les ouvrages extérieurs, et recherchant dans l'explication topographique les motifs de leur construction et de leur utilité.

Le front de la grande enceinte du côté du Ponent, fortement appuyé et lié au rivage de la mer par la batterie de la lanterne et celle du mole neuf, se trouvant éloigné de sept à huit cents toises de la ville, dont cette partie est d'ailleurs séparée par le port et le ravin intérieur, on n'a pas dû étendre plus loin les ouvrages; ceux par lesquels on aurait voulu couvrir SaintPierre d'Arena et Rivarolo eussent été donnés par les hauteurs à la rive droite de la Polcevera, ils eussent encore étendu un développement déjà trop considérable et trop excentrique.

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Il n'en était pas de même du côté du nord;

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la crête longue et étroite, qui s'élève aùdessus du fort de l'Éperon, est couronnée par le fort des Deux Frères et par les retranchemens qui en dépendent jusqu'au col par lequel on communique de la vallée de la Polcevera à celle du Besagno. Au-delà de ce col, au point où la crête se relève et se ramifie, on a construit un fort en étoile, appelé le Diamant, pour éloigner les approches; ce qui porte à treize cents toises la distance de l'Éperon aux ouvrages les plus

avancés.

Mais c'est surtout du côté de l'est que la défense extérieure est plus importante et plus compliquée, parce que, pour contenir les assiégeans aussi long-temps que possible au-delà des positions d'où l'on peut bombarder la ville, il a fallu saisir la masse du Monte-Ratti et du Monte-Faccio, entre les torrens du Besagno et de la Sturla; il a fallu fortifier les divers contreforts qui s'y rattachent, afin que l'ennemi ne puisse pas s'y établir, et sous ces abris, cheminer vers les pentes les plus adoucies et la partie la plus

découverte de la rivière du Levant jusqu'au front d'attaque de la Porta-Pilla et PortaRomana. Ce système de défense extérieure de la rivière du Levant se compose de forts ou retranchemens dont les principaux sont : le fort Richelieu sur le Monte-Manego, le fort de Quezzi sur le Monte-Valpura, et le fort Saint-Tècle entre les hauteurs d'Albaro et de la Madonna del Monte, les plus pro. ches de la place.

Après la bataille de Voltry et le départ du général Mélas, le général Ott resserra davantage le blocus du côté du Ponent pour fixer sur ce point l'attention du général Masséna. Celui-ci voulant prolonger la défense extérieure, et faire partager à ses soldats et aux habitans la confiance et les espérances prématurées que lui donnait l'annonce des premiers mouvemens de l'armée de réserve, entretenait une petite guerre très-vive, faisait faire de fortes reconnaissances au-delà de la Polcevera jusqu'au centre des positions des Autrichiens, et ne cessait d'inquiéter les postes qui couron

naient les hauteurs. L'amiral Keith, qui s'était flatté d'un succès moins difficile, et qui regrettait de ne pouvoir suivre le général Mélas et hâter de tous ses moyens l'expédition de Provence à laquelle il ambitionnait de concourir, essaya, par une sommation fort honorable, de déterminer Masséna à lui rendre la place, et reçut, pour toute réponse, l'assurance que Gênes serait défendue jusqu'à la dernière extrémité, jusqu'à l'épuisement.

Cependant le général Ott préparait une attaque générale par terre et par mer, dont le but était de rejeter totalement les Français dans l'enceinte de la place, de leur enlever tous les postes extérieurs, pour rendre le blocus plus sévère et priver la garnison des ressources qu'elle achevait de consumer dans les villages.

Le 30 avril, à deux heures du matin, les avant-postes de la position des Deux-Frères, et bientôt après tous ceux de la ligne du Ponent furent attaqués. La fusillade s'engagea et se soutint pendant plusieurs heures,

sans aucune attaque sérieuse dans cette partie, tandis que du côté du Levant une forte colonne, descendue du Monte-Faccio, attaqua brusquement à six heures et enleva le Monte-Ratti, bloqua le fort Richelieu, dispersa les travailleurs qui relevaient les parapets du fort de Quezzi, s'en empara et culbuta tous les postes français jusqu'à Saint-Martin d'Albaro. Le général d'Arnaud qui défendit bravement cette dernière position, en était déposté, quand le général Masséna y accourut, rétablit le combat et força l'ennemi à se replier vers les hauteurs.

Le même jour, à neuf heures, une attaque plus vive et inattendue, conduite par les généraux Hohenzollern et Palfy, enleva le fort et la position des Deux - Frères, et découvrit le fort de l'Éperon: le comman~ dant du Diamant, bloqué et sommé plusieurs fois par le comte de Hohenzollern, refusa de capituler.

On combattait partout avec un égal acharnement; une forte pluie, depuis la pointe du jour, n'avait interrompu le feu sur au

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