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forces pour couvrir l'entière évacuation des postes de la rivière de Génes, et d'un immense convoi de bagages et de munitions. d'environ cinq mille mulets qui filaient déjà sur Ceva; mais l'apparition de la tête de la colonne du général Menard sur Ormea, et la rapidité du mouvement de celles des généraux Rochambeau et Clausel, dirigées sur la Pieva, et qui avaient déjà franchi les sommités d'où l'on plonge sur cette position, dûrent accélérer la retraite des Autrichiens, et trompèrent l'attente du général Suchet, qui comptait sur une affaire générale. Le 5 juin, il restait encore à la Pieva une forte arrière-garde : elle y fut attaquée et culbutée

par les trois colonnes des généraux Menard, Mengaud et Clausel, qui prirent quinze cents hommes et six drapeaux, et poursuivirent l'ennemi jusque dans la vallée du Tanaro.

Le général Suchet, n'ayant plus devant lui aucun obstacle, se hâta de reprendre ses anciennes positions de Finale, Melogno, Sette-Pani et Saint-Jacques. Il n'avait point

d'inquiétude pour ses derrières; les habitans des vallées qui, dans l'excès de leur misère, s'étaient insurgés et réunis à leurs libérateurs, furent étonnés, après ce rapide changement de la fortune des armes, d'être traités par le vainqueur avec l'équité et l'indulgence toujours dues au malheur et s'empressèrent de déposer les armes. Le général Suchet put ainsi rallier sa petite armée sans l'affaiblir par des garnisons et des détachemens. Le seul blocus du fort de Vintimiglia y retenait quelques bataillons. Enfin il touchait au but; encore deux marches, et Masséna pourrait entendre son canon, les lignes du général Ott seraient attaquées en tête et en queue, et le blocus levé.

Le sort de Gênes était décidé; le 5 juin le jour même où l'affaire de la Pieva terminait cette intéressante campagne, et ouvrait au général Suchet le chemin de Génes, le général Masséna signait le traité d'évacuation, et l'armée du Var n'avait plus à combattre pour se réunir à la garnison que le général Gazan conduisait à sa rencontre.

Nous ne déroberons point à nos lecteurs le tableau de ce mémorable siége. Quoique les événemens se pressent et que les mouvemens des armées sur les rives du Pó attirent d'autant plus leur attention que nous avons tâché d'indiquer, d'une et d'autre part, leurs progrès et leur tendance rapide vers le dénouement, nous en suspendrons encore le récit, pour compléter celui du principal incident de cette grande scène.

Nous avons puisé dans l'excellent journal des opérations militaires du siége et du blocus de Gênes, publié par le général Thiébault en 1801, les principaux faits et les détails que nous offrons à nos lecteurs, et c'est à regret que nous en avons resserré l'analyse. Le plan que nous y joignons a été réduit d'après celui sur lequel les divers ouvrages ont été tracés par le chef de brigade Marés, qui commandait en chef le génie de la place, et qui s'y fit distinguer par son esprit fécond en ressources, et son étonnante activité.

L'une des arètes qui se détachent de l'Apennin, qui ne s'abaissent que par des escarpemens contigus et se terminent brusquement à la mer Thyrénienne, offre à son extrémité séparée en deux crêtes, à trois mille toises du rivage, une pente intérieurement adoucie. Ce bel amphithéâtre, au pied duquel est bâtie la superbe ville de Gênes, est embrassé par deux torrens appelés la Polcevera et le Besagno; ils tombent aussi des plus hautes cîmes où naissent et se partagent les eaux qui, du côté du midi, se précipitent vers la mer, et du côté du nord portent plus lentement au Pô leurs nombreux tribus.

Les deux crêtes ou escarpemens prolongés forment, avec le rivage, un triangle dont la base est d'environ deux mille toises, et dont les deux côtés, à peu près égaux et chacun de trois mille toises, forment au sommet un angle aigu.

Ce triangle renferme le port et la ville sous une double enceinte : la première suit les escarpemens difficiles qui déversent sur

les lits des deux torrens: elle fut construite en 1632; elle n'a pas moins de huit mille toises de développement; la seconde, qui est proprement le corps de place, n'occupe guère que le tiers de l'amphithéâtre; elle enveloppe et resserre la ville entre l'extrémité de la première enceinte du côté du Levant, et le ravin intérieur qui partage l'aire du grand triangle.

L'une et l'autre enceinte sont revêtues, les remparts sont larges, les communications faciles, le tracé se plie au terrain qui partout a été bien saisi. Plus ou moins irrégulières, rompues par des angles, selon les divers sites, toutes les parties se flanquent de manière à multiplier et croiser les feux sur les points accessibles.

Le fort de l'Éperon, justement ainsi appelé à cause de la figure du bastion aigu qu'il présente au sommet du triangle, est la clef de la place, ou du moins du camp retranché entre les deux enceintes.

Nous avons pensé que cette courte description du site bizarre et des fortifications

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