Imágenes de página
PDF
ePub

vera et de la Roya; 7o. enfin le fort de Vintimiglia.

Pour s'affermir sur cette ligne, le général Elsnitz avait fait d'avance travailler aux anciens retranchemens et former de nouveaux abattis. Il dirigea les divisions Bellegarde et Gorupp, avec une partie de sa cavalerie, sur le Col de Tende et les autres postes de la droite, tandis qu'il occupait ceux du centre et de Vintimiglia avec le reste de ses troupes, et faisait filer son parc d'artillerie et ses bagages.

Le général Suchet manoeuvrant pour tourner la droite de l'ennemi et enlever le poste du Col de Tende, qui lui servait d'appui, feignit de vouloir forcer le passage par la route le long de la mer, et chargea le général Clausel de menacer Vintimiglia avec un petit corps de 1,000 hommes. Il fallait, à force d'audace et d'activité, en imposer à l'ennemi; car l'armée du Var, reprenant l'offensive, ne s'élevait pas à 9,000 combattans. Le général Suchet hasardait beaucoup en s'étendant par sa gauche parallèllement

à la ligne autrichienne

:

en abordant en

même temps tous ces postes avantageux, retranchés et défendus par des forces supérieures mais il savait que le général Elsnitz était forcé de continuer son mouvement rétrograde; il comptait sur l'ardeur de ses soldats dont il avait éprouvé la constance; enfin il pouvait, en cas de revers, se replier sur la tête du pont du Var, dont il faisait augmenter et perfectionner les retranche

mens.

L'aile gauche des Français, formée de deux divisions fortes ensemble d'environ 4,000 hommes sous les ordres du général Menard, fut partagée en deux colonnes; l'une remonta la vallée de la Vesubbia, l'autre se porta successivement sur le Col de la Pietra, au camp des Mille-Fourches, au Mont Laution, pour tourner le Col de Brouis que les Autrichiens se disposaient à défendre opiniâtrement; en même temps, et pour flanquer cette dernière colonne, le général Rochambeau, dont la division formait le centre de la ligne française, poussait des recon

naissances dans le vallon de la Bevera jusqu'à Olivetta, et se liait avec les éclaireurs de l'aile droite.

Pressé d'atteindre le point capital, le poste de Tende, le général Suchet donna l'ordre au général Menard d'emporter la position du Col de Raus, pendant que le général Rochambeau se portait sur Beolet et sur la Penna, afin d'envelopper l'arrière-garde qui défendait le Col de Brouis, et de lui couper toute retraite. Les deux attaques eurent un égal succès; le général Menard enleva le Col de Raus, et fit 400 prisonniers, l'arrièregarde autrichienne fut coupée et prise presque toute entière. Les généraux Bellegarde et Gorupp, qui se trouvaient à Breglio, se dégagèrent à peine et perdirent leurs équipages.

La prise du Col de Raus entraîna celle des redoutes du Mont Laution et du camp des Mille-Fourches, où le général Gorupp qui y commandait laissa 600 prisonniers. Les postes de Saorgio et de Fontan ayant été évacués, le général Menard coupa la

route de Tende, ferma le passage et força les troupes autrichiennes qui avaient pris cette direction, à se rejeter dans les gorges des Apennins ou vers le Littoral.

Le 3 juin, le Col de Tende tourné par le Col Sabion, et faiblement défendu, fut occupé par les Français; les deux colonnes du général Rochambeau avançant encore plus rapidement, l'une sur le Col Ardente, et l'autre sur les derrières de Vintimiglia par la rive gauche de la Roya, le général Elsnitz fut forcé de se retirer précipitamment, d'abandonner des prisonniers, des équipages et trente pièces d'artillerie, qui ne purent sortir de la vallée de la Roya.

Le général Suchet dirigeait lui-même sa principale attaque sur le centre des positions de l'ennemi; après l'avoir forcé, il profita plus hardiment encore de la confusion qu'il remarquait dans ses mouvemens. Pour rappeler vivement le général Elsnitz à sa droite et s'ouvrir plus promptement le chemin de la rivière du Ponent, il marcha avec trois brigades sur la Pieva, point de communi

cation entre la vallée d'Oneglia et celle du Tanaro, poste extrêmement important pour les Autrichiens à cause de l'indécision de leur retraite en-deçà ou au-delà, au nord ou au sud des Apennins, selon les nouvelles de Génes. Le général Suchet, sans s'inquiéter plus long-temps de laisser entre son centre et son aile droite un intervalle dont son adversaire ne pouvait plus profiter, tourna par le Col Ardente la tête de la vallée de la Taggia et les revers du Monte-Grosso. Il occupait le 4 juin Badalucco, Andagna et Mendalica, au point de partage des eaux de l'Aroscia et du Tanaro. En même temps le général Menard descendit du Col de Tende par les sources du Tanaro, se porta jusqu'à Ormea, d'où il menaçait de couper au loin la nouvelle ligne d'opération et de retraite du général Elsnitz.

Cette manoeuvre fut décisive; Elsnitz, après avoir laissé dans le fort de Vintimiglia une garnison de deux cents hommes, ouvrit le passage aux Français, et se replia rapidement sur la Pieva. Il y concentrait ses

« AnteriorContinuar »