Imágenes de página
PDF
ePub

C'est ainsi que de jour en jour la réunion des trois principales masses de l'armée autrichienne devenait plus difficile; celle que le général Mélas avait laissée sur le Var n'y était pas moins paralysée que celle du blocus de Gênes : jusqu'au moment de la reddition de cette place, il fallait contenir le général Suchet impatient de reprendre l'of-. fensive et prêt à poursuivre ardemment le corps qui ne pouvait tarder à se retirer devant lui.

Cependant le général Elsnitz, pour af fermir du moins cette barrière, tenta une troisième fois de rejeter les Français au-delà du Var, de brûler le pont et de détruire ces retranchemens d'où ils menaçaient sans cesse de s'élancer.

Le télégraphe de Montalban, dont la vigilance importune aux Autrichiens bravait leurs efforts pour le détruire, informa le général Suchet des nouveaux apprêts pour une attaque plus forte et plus régulière de sa tête de pont. On débarquait de l'artillerie et des gabions; on renforçait les lignes

en se rapprochant; on construisait des batteries; on entravait tous les passages. Enfin, le 27 mai, vers trois heures après midi, vingt pièces de canon, la plupart de gros calibre, ouvrirent leur feu. Il fut soutenu et vivement répondu par les Français jusqu'à dix heures du soir. Le général Elsnitz fit former alors ses colonnes d'attaque: ses grenadiers s'avancèrent avec la plus grande résolution, poussant de grands cris, et sans doute encouragés par la cessation du feu et le silence qui régna tout à coup dans les retranchemens français; attendus avec calme à demi-portée de fusil, ils furent accueillis et arrêtés par un feu général de mousqueterie et d'artillerie. L'assaut, suspendu par l'effet de cette grêle de balles et de mitraille, fut renouvelé une heure après avec plus de fureur. Deux cents sapeurs en tête de la première colonne, munis de fascines et de pots à feu, hachèrent le premier abbatis; mais ils furent encore repoussés et périrent presque tous au pied du retranchement.

Après ce dernier effort, le général Efsnitz ne songea plus qu'à effectuer sa retraite par la rivière de Génes pour se réunir au général Ott, soit que celui-ci se fût déjà rendu maître de Génes, soit qu'il eût dû lever le siége.

Pendant la nuit qui suivit celle où les Autrichiens échouèrent à cette dernière tentative sur le pont du Var, ils abandonnèrent leurs lignes. Le lendemain, la scène changea; les Français attaquèrent à leur tour les postes retranchés qui couvraient le mouvement des Autrichiens, les forcèrent, prirent quatre pièces de canon et firent 300 prisonniers. Le général Rochambeau, débouchant par la petite vallée de Saint-Isidore, et traversant le Val de Magne, s'avança jusqu'à Simiers, et serra de près l'arrière-garde déjà inquiétée par les garnisons de Montalban et de Villefranche qu'un avis télégraphique avait averties.

Le général Elsnitz avait encore 15,000 hommes, presque tous de belle infanterie, et beaucoup d'artillerie et de munitions:

l'objet principal et pressant était de réunir ce corps. à celui du général Ott. Mais le général Mélas n'avait pu laisser à Elsnitz que des instructions éventuelles sur la direction dans laquelle il devait marcher selon la situation des affaires de Génes: si Masséna tenait encore, il devait, en se rapprochant lentement de l'armée du blocus, multiplier les obstacles, et surtout barrer le chemin de la rivière au général Suchet dont l'unique but était d'y pénétrer, de dégager Masséna, ou du moins de continuer cette double diversion dont l'effet devenait de jour en jour plus funeste. Au contraire, si le général Ott s'était déjà rendu maître de Génes et de ses terribles défenseurs, Elsnitz devait repasser les Apennins pour faire sa jonction dans la plaine d'Alexandrie, ne laissant devant Suchet qu'un petit corps d'observation pour l'occuper, et combinant ses mouvemens avec les garnisons de Savone et de Génes.

Quand même le général Suchet eût été moins vigilant, moins bien informé, les premières dispositions de son adversaire au

raient découvert ses desseins. Le général Elsnitz occupa d'abord la position de Vintimiglia et la ligne de la Roya, depuis le col de Tende jusqu'à la mer. Sur cet espace d'environ vingt-cinq lieues, quelques points bien connus, où déjà dans les anciennes campagnes l'art avait plus d'une fois secondé la nature, forment une chaîne de postes sur la crête des montagnes les plus élevées à la rive droite de ce torrent, le plus fort et le plus rapide de ceux qui percent la grande chaîne entre les Alpes et les Appennins. Ces points principaux sont : 1°. le Mont Sabion, qui domine les rampes où tourniquet du Col de Tende, et ferme la communication de ce passage avec la vallée de la Vesubbia; 2°. le Col de Raus, d'où l'on débouche sur Fontan et Saorgio; 3°. le Mont Laution, à deux lieues au-dessous du Col de Raus, qui se lie à la défense de ce poste, et forme le centre et la tête de la position générale; 4°. le retranchement de Beolet et le col de Brouis, audessus de Breglio; 5o. le Col de Braous, audessus de Sospello; 6°. le confluent de la Be

« AnteriorContinuar »