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trichienne répandus dans la haute Italie de passer le Tésin, si M. de Mélas rassemblait son armée dans le Piémont, soit pour rétablir le gouvernement de la république cisalpine et disposer de toutes ses ressources. En atteignant l'un ou l'autre objet, le premier Consul dégageait Masséna s'il en était encore temps, et dans tous les cas, il acquérait une large base en Italie, et se trouvait en mesure de couper la ligne d'opération's de l'armée autrichienne, en menaçant les places de la Lombardie. La marche du général Moncey par le Saint-Gothard était particulièrement dirigée vers ce but.

La divergence des opérations entreprises par le général Mélas pouvait faire pressentir le succès de cette vaste et forte combinaison: la prise d'Ivrée en fut le

gage.

Bonaparte ne s'arrêta dans cette place que le temps nécessaire pour passer pour passer la revue de son armée et décider sa marche, non d'après les nouvelles de l'ennemi, car il n'en reçut que de très-vagues, mais d'après la dissémination de ses forces assez prouvée par la

faiblesse de ses efforts au point le plus important.

Le général Lannes poursuivit le corps qu'il avait battu au pont de la Chiusella et à Romano, le rejeta au-delà de l'Orca, s'empara des magasins de Chivasso et prit ou détruisit les convois de vivres embarqués sur le Pố. Il menaçait d'entrer à Turin, dont il n'était plus éloigné que d'une marche. A la faveur de cette irruption, le général Murat reçut l'ordre de se porter à Santhia avec une avantgarde de 1,500 chevaux. Il y fut joint par les divisions Boudet et Loison, et marcha sur Verceil. Il n'éprouva qu'une faible résistance au passage de la Sésia. Toutes les divisions françaises suivirent ce mouvement, à l'exception du corps du général Lannes, qui, descendant la rive gauche du Pó, continuait de menacer les places du Piémont, et flanquait en même temps la droite de l'armée. Le flanc gauche était éclairé jusqu'au pied des montagnes par la légion italienne sous les ordres du général Lecchi, qui était partie de Châtillon dans la vallée

d'Aoste le 21 mai, et avait marché par Grassoney pour entrer dans la haute vallée de la Sésia. Le général Lecchi rencontra à Varallo 600 hommes de la légion de Rohan, qui, retranchés avec de l'artillerie, se défendirent vaillamment, mais furent contraints de céder au nombre, et se retirerent sur le lac d'Orta.

Ainsi l'armée de réserve arriva en bon ordre et sans rencontrer d'obstacles jusque sur les bords du Tésin. Nous ne suivrons pas ses mouvemens au-delà de cette frontière de la Lombardie avant d'avoir fait connaître ceux du général Mélas que rien n'avait pu distraire du siége de Gênes ni de son agression des Alpes maritimes. Masséna continuait de se défendre avec la plus brillante obstination, et le général Suchet, avec une poignée de Français (moins de 5,000 combattans), occupait depuis un mois la meilleure partie de l'armée autrichienne, et retenait encore le général Mélas à l'extrémité de l'Italie orientale, quand l'invasion du Milanès était presque achevée.

C'est à l'habileté, à la vigueur de la dé fensive du général Suchet, comme à la persévérance du général Masséna, que Bonaparte fut redevable de la plus grande part du succès de son expédition. Ces événemens, que nous allons retracer, sont par euxmêmes, et comme causes principales, non moins dignes de mémoire, que la grande bataille qui décida peu de temps après du sort de l'Italie, et dut changer le sort du monde.

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CHAPITRE V.

Suite des opérations du général Mélas dans la rivière de Génes. Retraite du général Bataille d'Oneille. Défense

Suchet.

du pont du Var. Retraite du général Mélas. Siége de Génes.

APRÈS l'attaque infructueuse des retranchemens de Saint-Jacques, où le général Elsnitz avait réuni ses forces, le général Suchet n'ayant plus de communications avec le général Masséna, ignorant que ce dernier, même après la bataille de Voltry, n'avait pas encore renoncé à l'espoir d'opérer sa jonction par Millesimo et Cairo, tenait toujours les positions de Settepani et de Melogno: il fit attaquer et enlever à la baïonnette, par le général Séras, les redoutes de Murialto que le général autrichien Gorupp fut contraint d'abandonner précipitamment, Le général Suchet, affectant de maintenir l'offensive, continuait de harceler l'ennemi, lorsque le général Mélas, arrivé à Légine, entre

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