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matie. La Suède, travaillée par des factions. et retenue par des embarras de finances fut contrainte de suivre le système qui prédominait dans le Nord.

Il ne restait donc plus à la maison d'Autriche, pour soutenir la guerre continentale, d'autres auxiliaires que la Bavière et les princes de l'Empire; le premier consul ne manqua pas de saisir cette circonstance pour faire à Vienne comme à Londres des propositions de paix; mais quels avantages pouvaitil offrir à l'Autriche qui pussent balancer la garantie que lui offrait l'Angleterre de la possession de l'Italie: on doit croire que si les ouvertures de Bonaparte parurent un instant être écoutées par le cabinet de Vienne, ce ne fut que pour mettre à plus haut prix les nouveaux sacrifices qu'exigeait la cour de Londres; il y eut peu d'hésitation; la confiance que donnaient les derniers succès, les vives incitations des Anglais, la commune erreur sur la situation et les ressources de la France, affermirent la résolution de pousser la guerre avec vigueur.

On pressa les levées, on rechercha de nouveaux moyens de recrutement; la Hongrie, outre ses contingens déjà très-considérables, offrit un corps nombreux de volontaires.

Un nouvel envoyé du cabinet de SaintJames, M. Paget, vint aplanir à Vienne les dernières difficultés pour le paiement des subsides, pour le complettement des troupes de l'Empire et pour l'entretien d'un corps de 12,000 Bavarois qui passa à la solde de l'Angleterre on encouragea les levées de troupes nationales sur le Bas-Rhin, on en ordonna de plus fortes en Souabe; mais la retraite de l'archiduc Charles, qui quitta définitivement à cette époque le commandement de l'armée du Rhin, ralentit le zèle des habitans de l'Autriche antérieure. Ce prince s'était depuis long-temps, mais surtout pendant les deux dernières campagnes, concilié leur affection; il emporta leurs regrets comme ceux de son armée; il en reçut les plus touchans témoignages à son quartier général de Donau-Eschingen, où il fut remplacé, le 17 mars, par le gé→

néral Kray, que son souverain venait de combler des faveurs les mieux méritées.

Cependant on considéra comme une disgrâce cette retraite d'un prince dont les éminens services rappelaient si bien à tout l'Empire ceux du grand Eugène dans des circonstances presque semblables; le gouvernement de la Bohême, dont il fut investi, colorait à peine le noeud d'une grande intrigue; sa brouillerie avec les Russes ne fut qu'un prétexte; les véritables motifs étaient son opinion prononcée pour la paix avec le nouveau gouvernement français, dont il avait favorisé les messages transmis par le général Moreau, et son dissentiment sur ce point important d'avec le ministre des affaires étrangères, Thugut, et le parti anglais qui dominait à la cour. Dès ce moment, la maison d'Autriche redoubla d'efforts pour mettre ses armées d'Allemagne et d'Italie sur un pied respectable; lorsque M. Pitt proposa à la chambre des communes de voter sur ce seul objet et pour la campagne un subside de 2,500,000 livres sterling, il

affirma que les armées de l'Empereur et de l'Empire seraient numériquement plus fortes que tout ce qu'on pouvait supposer que la France pût mettre sur pied. Il importait aux alliés d'ouvrir la campagne de bonne heure, surtout en Italie, où l'on espérait que la coopération des forces maritimes des Anglais ferait promptement tomber la place de Gênes, et permettrait de pénétrer dans les vallées de la vieille frontière de France, et de porter la guerre dans ses provinces méridionales. Cette partie offensive du plan d'opération fut confiée au général Mélas; le général Kray devait d'abord manoeuvrer sur la rive droite du Rhin pour couvrir les états de l'Empire.

Après tant de malheurs enfantés par la guerre de la révolution, le désir d'une réconciliation intérieure et extérieure était si général et si sincère en France, qu'on sut gré au premier consul d'avoir sollicité la paix; on se livrait aux plus belles espérances quand la réponse du cabinet de Londres vint dissiper ces illusions. La consternation fut grande; mais la nation, bles

sée de la fierté d'un refus absolu d'écouter aucune sorte de proposition, ressentit plus vivement qu'en aucune autre circonstance les injures prodiguées dans les débats des deux chambres du parlement, et le mépris avec lequel on avait traité le chef de l'Etat. Ce généralissime des armées françaises venait de renverser un gouvernement odieux que l'on considérait comme le seul obstacle à la paix; un service si considérable, sa fortune extraordinaire effaçaient alors les souvenirs qui pouvaient ternir l'éclat de ses victoires; on avait tant besoin d'un meilleur avenir, que l'opinion le devançait et préparait le succès de ses mesures.

Bonaparte profita habilement de ces impressions. Une administration éclairée et vigoureuse, la modification trop limitée et qui eût dû être une prompte et entière abolition des lois atroces contre l'émigration, la tendance du nouveau gouvernement vers la réparation des maux et des abus, rendaient la disposition des esprits de plus en plus favorable.

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