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ne put se réunir à l'autre qu'au-delà de la rivière.

Le général Lecourbe reconnut la position déjà occupée par l'ennemi entre l'Iller et Memmingen; c'était un beau plateau entre les deux grandes routes, dont l'accès était défendu par trente pièces de canon, et sur lequel, derrière une ligne d'infanterie, se déployait une nombreuse cavalerie. Quoiqu'il n'eût avec lui que deux régimens de troupes à cheval, il fit attaquer, enleva brusquement la position, fit 1,800 prisonniers, et pénétra dans Memmingen, où les Autrichiens n'avaient laissé qu'une faible arrière-garde. Cette action très-vive, trèscourte, fut aussi très-meurtrière; elle termina la première partie de la campagne sur le Rhin. Le principal objet des opérations était déjà atteint l'armée autrichienne resserrée entre le bas Lech et le Danube. sous les murs d'Ulm, était forcée, pour faire subsister sa belle cavalerie si soigneusement conservée, de la rejeter sur la rive gauche. Le général Kray, ayant recueilli ses princi

pales forces dans le camp retranché, se bornait à conserver l'avantage de cette double tête de pont qu'on devait à la prévoyance de l'archiduc Charles; séparé du Tyrol, il ne pouvait plus rien entreprendre qui changeât le cours des événemens, tandis que le général Moreau, maître de la basse Souabe et de tout le pays compris entre la Suisse, le Tyrol, le cours du Danube et celui de l'Iller, observant et contenant facilement aux trois principaux débouchés, les mouvemens et les incursions qu'aurait pu faire sur ses derrières le corps du prince de Reuss, étendait sa droite jusqu'aux confins de la Bavière.

L'armée française était dans l'abondance; outre les ressources de ce riche pays, la plus grande partie des magasins formés à grands frais pour l'armée autrichienne, dans presque toutes les villes de la basse Souabe, venait de tomber entre ses mains.

Rien ne s'opposant plus à la diversion que le premier Consul exigeait, et qui, par le Saint-Gothard et la vallée de

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l'Oglio, devait faciliter les opérations de l'armée de réserve en Italie, le général Moreau détacha le 12 mai, sous les ordres du général Loison, une forte division d'environ 12,000 hommes, qui passa en Suisse et forma, avec les bataillons qui y étaient restés, le corps du général Moncey, à peu près de 18,000 hommes.

Quittons maintenant le bassin du haut Danube, où la nouvelle position des deux armées donnait au général Kray des avantages surabondans pour la défensive, et neutralisait en quelque sorte l'offensive de son adversaire; on pressent aisément que jusqu'à ce que les ressources de la place d'Ulm et celles du pays à la rive gauche, couvert par son camp retranché, fussent entièrement épuisées, le général Moreau n'ayant plus une assez grande supériorité sur l'ennemi, était pour quelque temps forcé de se borner à une observation très-active, à des mouvemens ens, à des manœuvres sans ré

sultat.

Cet intervalle entre les grands événemens

sur cette partie du théâtre de la guerre fut bien rempli par ceux qui se passèrent en Italie, à cette même époque; leur enchaînement nécessaire nous presse d'y ramener nos lecteurs. En cherchant à lier ainsi successivement toutes les parties de cette grande narration, nous espérons en soutenir l'intérêt; si nous nous permettions de le suspendre, ce serait pour ne pas tarder davantage à remplir l'engagement que nous avions pris, en terminant le second volume de cet ouvrage, de compléter le tableau de de 1799 à 1800 dans la haute Égypte. L'éloignement du lieu de la scène la cessation de ses rapports avec les affaires d'Europe, semblent avoir depuis long-temps abandonné au domaine de l'histoire, comme depuis un siècle, tous les souvenirs de cette mémorable, mais vaine expédition; les plumes les plus savantes, les artistes les plus habiles en ont décrit les moindres détails; nous n'avons puisé dans ces abondantes sources, que le sommaire le plus succinct. des faits les plus remarquables; mais en in

la

campagne

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tercalant ces fragmens dans le corps de cet ouvrage à mesure qu'ils devraient y prendre leur place dans l'ordre chronologique, nous craindrions de causer, par la diversité des objets, une trop forte interruption : nous avons donc préféré de placer dans le 4o volume, à la suite du Chap. VII, qui termine la relation des événemens de la guerre continentale, la relation de ceux de la guerre d'Égypte que nous n'avions point encore rapportés : nous l'avons poussée jusqu'à l'époque de la prise d'Alexandrie et de l'entière évacuation de l'Égypte, en anticipant sur l'année 1801, pour n'avoir plus à revenir sur cet épisode; et nous y avons consacré les Chapitres VIII et IX.

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