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évacuer, il fut obligé de les couvrir par une force assez respectable pour n'être pas enlevée par une première avant-garde. Dans cette position absolument défensive et prise à la hâte devant un ennemi très-pressant, c'était une faute que de détacher un corps qui, s'il était engagé, ne pouvait être soutenu qu'en traversant un défilé; mais sa retraite au moment où il serait attaqué par une force supérieure paraissait assurée. Le général Kray crut pouvoir ainsi gagner du temps, ménager ses ressources, s'opposer au torrent de l'invasion, et forcer l'armée française à se concentrer avant d'aborder la position de Biberach.

La rapidité des mouvemens du général Saint-Cyr déconcerta ces mesures. Il partit de Buchau le 9 mai, avec deux divisions; le poste d'Oberndorf se replia sur la position du corps détaché en deçà de la Riss; elle était élevée et paraissait imposante; le général Saint-Cyr la jugeant de plus près, en aperçut le peu de profondeur et la faiblesse ; il l'aborda sans hésiter, et son attaque fut si

impétueuse, que ce corps fut en un instant culbuté dans le ravin; sa cavalerie et son artillerie augmentant la confusion à l'entrée du défilé, ce corps perdit beaucoup et eût été pris en entier, si le général Kray n'eût fait avancer des troupes fraîches et de l'artillerie pour protéger sa retraite.

Pendant que le général Saint-Cyr marchait de Buchau sur Biberach, les divisions de la réserve s'avançaient par la route de Pfullendorf. Celle du général Richepanse, qui formait la tête de la colonne, rencontra à Ingoldingen une des avantgardes autrichiennes; il la fit replier, la poursuivit et arriva sur les revers des hauteurs au moment où les troupes françaises. entraient dans Biberach, pêle-mêle avec l'ennemi.

Le général Saint-Cyr, maître de la position sur la rive gauche de la Riss, vit avec surprise celle de l'armée autrichienne sur la rive opposée, et de concert avec le général Richepanse qui passa sous son commandement, il se décida, malgré la supé

riorité des forces et l'avantage que donnait à l'ennemi l'emplacement de sa nombreuse artillerie, à tenter de le déposter : disons plutôt que l'ardeur et la confiance de ses troupes, accrues par l'arrivée de la division Richepanse, et l'approche du reste de la réserve, les ayant emportées au-delà du ravin, elles traversaient Biberach et gravissaient déjà les hauteurs opposées; l'armée autrichienne étonnée paraissait être dans un mouvement d'agitation et d'incertitude, comme si elle eût été surprise; c'était une de ces circonstances rares, mais décisives, dans lesquelles un général habile et audacieux doit savoir mettre à profit l'aveugle témérité de ses soldats.

Le général Richepanse, dont la gauche se trouvait couverte par ce mouvement, ayant trouvé un gué au-dessous de Biberach, fit passer son infanterie; elle gravit le plateau de Mettenberg, sous un feu plongeant d'artillerie et de mousqueterie, pendant que deux régimens de cavalerie, ayant reçu l'ordre de passer le pont de Biberach, allèrent avec

la plus grande vitesse, par la route de Memmingen, se former sur le flanc de l'extrême droite de l'ennemi.

La division du général Delmas arrivant aussi par la route de Pfullendorf, déboucha sur la droite, passa la rivière, engagea et contint près d'Umendorf la gauche des Autrichiens, pendant l'attaque vigoureuse du général Saint-Cyr contre le centre.

Les troupes autrichiennes soutinrent les premières charges avec fermeté, mais ne tardèrent pas à s'ébranler. Le général Kray ne put bien juger des forces par lesquelles il était attaqué, parce qu'elles semblaient se multiplier par leurs promptes manœuvres, et qu'on pouvait les croire soutenues et poussées par de nouvelles masses; informé d'ailleurs que le corps du général Lecourbe, dont les avant-postes avaient été reconnus. au-delà de Wurzach, débordait et menaçait d'envelopper sa gauche, il ordonna la retraite par Ochsenhausen, pour prendre la ligne de l'Iller. Cette retraite, soutenue par une nombreuse cavalerie et par les feux de

l'artillerie, se fit en bon ordre depuis le champ de bataille, où les Impériaux laissèrent 2,000 hommes hors de combat, 2,000 prisonniers et des approvisionnemens considérables, jusqu'à Memmingen.

Les trois divisions du corps de réserve du général Moreau eurent ordre de poursuivre l'arrière-garde sur la chaussée d'Ochsenhausen, et la préssèrent vivement. Le général Saint-Cyr garda sa position en avant de Biberach, en étendant sa gauche et faisant observer par sa cavalerie, sous les ordres du général Ney, les mouvemens de l'aile droite de l'armée autrichienne.

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Mais le général Lecourbe qui, pendant l'affaire du 9, avait gagné une marche et se trouvait en mesure de joindre l'ennemi, marcha le 10 mai sur Memmingen. Sa colonne de droite déboucha de Leutkirch, et se dirigea sur Eitrach dont le pont avait été rompu ; le passage de l'Iller, quoique disputé par les Autrichiens, fut exécuté avec beaucoup de hardiesse par la division Montrichard : la colonne de gauche pártant de Wurzach,

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