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du général Kray de la célérité de son mouvement de flanc, et s'il fut d'abord déçu par les attaques sur sa droite et sur son centre, sans doute que le général Moreau ne dut pas être moins surpris de voir le général Kray recevoir la bataille à Engen et Stockach avec les deux tiers de son infanterie, presque toute sa cavalerie et son artillerie; il balança la fortune, repoussa chaque attaque par une attaque aussi vive, et après avoir été forcé de céder pied à pied ce premier champ de bataille, il n'en montra pas moins dès le lendemain, à Moeskirch, à une demimarche de ce même champ de bataille, l'armée autrichienne presqu'entièrement ralliée sur le point principal de sa ligne d'opération qu'il était forcé d'abandonner; il y combattit encore vaillamment tout une journée, et se retira ensuite en bon ordre au-delà du Danube, à la vue d'un ennemi que la victoire rendait de plus en plus entreprenant.

Après ces deux batailles qui coûtèrent à l'armée autrichienne de 7 à 8,000 hommes mis hors de combat, et 12 à 15,000 prison

uiers, il était vraisemblable que le général Kray, suivant la rive gauche et marchant à hauteur des colonnes de l'armée française, se replierait jusques à Ulm, pour s'appuyer à cette place où se trouvaient ses principales ressources, et établir derrière l'Iller sa nouvelle ligne de défense.

L'armée française continua de s'avancer dans la Souabe; l'aile droite, sous les ordres du général Lecourbe, se porta rapidement en avant, et à la troisième marche, le 8 mai, elle prit position sur la petite rivière d'Eschach, un des affluens de l'Iller; la droite à Leutkirch, et la gauche à Wurzach : cette colonne était flanquée par une brigade de la division Vandamme, qui s'empara de Ravensburg, de Wangen et de Lindau sur le lac de Constance, afin d'observer les mouvemens du prince de Reuss sur ses débouchés du Tyrol et du Vorarlberg. Le corps du général Saint-Cyr suivant la rive droite du Danube autant que le lui permettait la difficulté des communications interrompues par les bords marécageux et les sinuosités du

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fleuve, se dirigea sur Buchau: le corps de réserve, toujours sous les ordres immédiats du général Moreau, marchait entre les deux ailes; le corps du général Sainte-Suzanne, qui le lendemain de la bataille d'Engen, se trouvait à Donau-Eschingen, continuait de descendre en suivant la rive gauche, et se tenant un peu en arrière des têtes de colonne de l'armée pour flanquer et assurer leur marche.

Telles furent les dispositions du général Moreau pour poursuivre ses avantages après la bataille de Moeskirch. On cherche toujours à s'expliquer les revers par des fautes contre des règles souvent inapplicables, comme chacun revendique la principale part an succès; on veut aussi qu'un seul soit la cause du mauvais sort des armes. Tacite l'a dit avant nous : Hæc est bellorum pessima conditio , prospera omnes sibi vindicant, adversa uni soli imputantur. On a supposé que le général Kray, après avoir passé le Danube à Sigmaringen, aurait pu remonter jusques à Geisingen avec toute son armée

écraser le corps de Sainte-Suzanne, repasser sur la rive droite, marcher sur les derrières de l'armée de Moreau, couper ses communications, le séparer de sa base d'opération, et arrêter ainsi l'invasion de la basse Souabe. Mais, après des pertes aussi graves, le général Kray pouvait-il s'éloigner de ses plus précieuses ressources, les compromettre, abandonner entièrement sa ligne de retraite pour hasarder contre le général Sainte-Suzanne un engagement que celui-ci aurait sans doute refusé; en se retirant, et remontant vers Donau-Eschingen, ce général nerestait-il pas intact avec un corps de 15 à 20,000 hommes de troupes fraîches, prêt à agir selon les mouvemens du général Moreau, et vraisemblablement à concourir à l'entière destruction de l'armée qui aurait entrepris une expédition aussi hasardeuse.

Le parti que prit le général Kray, fut plus sage, et non moins vigoureux; déterminé à livrer une troisième bataille, pour essayer de se maintenir sur sa ligne d'opération, il repassa le Danube avec toute son armée, un

peu au-dessous de Riedlingen, et par une marche forcée dans la nuit du 7 au 8 mai, il vint occuper la ligne de la Riss en avant et en arrière de Biberach: il reconnut les positions et s'y affermit pendant la journée du 8 mai; il porta dix bataillons, quinze pièces d'artillerie et quatre régimens de cavalerie sur les hauteurs de la rive gauche de la petite rivière de Riss, dont le lit est encaissé et marécageux. Cette avant-garde coupait la route de Biberach à Buchau, et avait porté ses avant-postes à Oberndorf; une autre observait la chaussée de Biberach à Pfullendorf et ses avant-postes occupaient Ingoldingen. Le gros de l'armée autrichienne était placé sur les hauteurs en arrière de la ville, parallèlement au ravin, la gauche à Umendorf, le centre visà-vis de Biberach, et ladroite sur le plateau de Mettenberg, au pied duquel s'étend une vaste prairie marécageuse; la position était forte et l'artillerie si avantageusement placée, que le général Kray attendait avec confiance le choc de l'armée française. Comme il tirait ses vivres des magasins de Biberach qu'on n'avait pu

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