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dont la perte entraînait celle de ses magasins tous placés dans des lieux ouverts, tels qu'Engen, Stockach, Moeskirch et Biberach. Les points les plus avancés de sa ligne d'opérations avaient été atteints si rapidement, que l'évacuation de ces magasins sur des points en arrière mieux couverts, et principalement sur Ulm, seule place fermée, n'avait pu s'effectuer que partiellement; ceux de Stockach, très-considérables, étaient tombés en entier au pouvoir des Français, ceux d'Engen étaient transportés pendant la bataille et dirigés au-delà du Danube. Ce fut donc pour couvrir l'évacuation de Moeskirch, que le général Kray s'y porta d'abord, y rallia son aile gauche que le prince de Vaudremont avait fait replier la veille, et prit position en s'étendant vers Pfullendorf; son dessein n'était pas seulement de conserver cette position assez longtemps pour enlever des ressources sans lesquelles il ne pouvait tenir la campagne dans la basse Souabe, il voulait encore fixer l'attention du général Moreau, et contenir ses

efforts et son premier élan, afin de n'être pas trop vivement pressé à sa droite sur le point de Sigmaringen, où il se proposait de passer le Danube et de rallier les corps qui n'avaient pu déboucher des défilés des montagnes noires assez tôt pour rejoindre à Engen le gros de l'armée.

Cette position de l'armée autrichienne en avant de Moeskirch, entre les ravins creusés par les branches de la petite rivière d'Ablach, qui porte ses eaux au Danube, était élevée et d'un accès difficile; il fallait

y

arriver par la chaussée de Krumbach, qui, à la vue de Moeskirch et à la portée du canon, se trouve resserrée entre deux bois très-fourrés. Une batterie de vingt-cinq bou. ches à feu battait la chaussée à l'ouvert du défilé avec un tel avantage, que l'artillerie française, qui s'y établit pour protéger le débouché de la division Montrichard, qui formait le centre et marchait en tête du corps du général Lecourbe, fut presque aússitôt démontée.

La division commandée par le général

Vandamme, qui formait l'aile droite de ce même corps, fut dirigée de Bondorf sur Galmansweiler; flanquant ainsi la marche de la division qui commençait l'attaque, et jetant aussi en avant par Klosterwald une brigade entre Moeskirch et Pfullendorf, pour couper la communication entre ces deux points; la troisième division formant l'aile gauche du général Lecourbe ne suivit point la chaussée au-delà de Krumbach, et se porta à gauche dans la direction de Neuhausen, pour couvrir le flanc gauche et tâter la droite de l'ennemi.

Au commencement de la journée tout le corps du général Lecourbe qui n'avait pas été, comme le reste de l'armée française, fatigué par des marches forcées, dont la victoire à Stockach n'avait pas été aussi opiniâtrement disputée qu'à Engen, et qui d'ailleurs se trouvait dès la veille à une demi-marche de Moeskirch, fut seul engagé : il ne put être d'abord suffisamment soutenu, parce que les divisions du corps de réserve, parties précipitamment du champ de bataille

d'Engen, et à peine, ralliées, ne pouvaient, à cause de la nature du terrain et des communications, arriver sur la ligne de bataille et s'y déployer que successivement et trop lentement

Le général Moreau qui continuait d'agir par son aile droite pour couper l'armée autrichienne du Tyrol, évitait cependant de trop refuser sa gauche, et pouvait craindre que le général autrichien, après avoir rallié toute son armée, ne remontât la rive droite du Danube, et le forçant à changer de front, ne le retînt dans la position resserrée et dans le pays déjà ruiné dont il venait de sortir: ce fut pour prévenir ce mouvement et maintenir sa communication avec le corps du général Sainte-Suzanne, qu'il porta sur Tuttlingen celui de Saint-Cyr, afin de s'assurer l'appui de sa gauche au Danube, et le moyen de conserver ses positions sur des lignes tou jours perpendiculaires au lit du fleuve, et parallèles aux lignes de défense de l'ennemi; mais à peine le général Saint-Cyr fut-il arrivé à Liptingen, que tous les rapports qu'il

y recueillit, et que ses coureurs confirme rent, ne lui permirent pas de douter que le général Kray n'eût résolu de passer le Danube; il s'en assura mieux encore, lorsqu'il reconnut à Tuttlingen, que les meilleurs postes et les passages jusqu'au-dessous de Friedingen, étaient abandonnés, et que le corps d'arrière-garde, commandé par l'archiduc Ferdinand, se repliait aussi sur Moeskirch: il continua de marcher, en serrant la rive droite du Danube, et cherchant à maintenir sa communication avec le centre de l'armée, ce que les dernières arrière-gardes et les partis répandus dans ce pays coupé rendaient difficile,

Le général Kray ayant donc rassemblé à Moeskirch toutes ses forces, à l'exception du corps du général Starray, reçut la bataille avec des forces supérieures à celles que le général Moreau pouvait faire entrer en action: la division française de Montrichard, qui attaquait de front, eut beaucoup à souffrir au débouché de la chaussée; mais profitant de la disposition favorable du terrain

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