Imágenes de página
PDF
ePub

autant que les caractères des hommes; dans la conduite de la guerre, même en ne dé→ viant pas des règles, tout se fait par inspi¬ ration, rarement, presque jamais par imitation.

Cependant la comparaison des divers plans de campagne qui, malgré la diversité des mouvemens sur le même théâtre, ou des manoeuvres sur le même terrain présentent quelque analogie, doit être recommandée à tous les militaires, comme l'étude la plus fructueuse, comme l'exercice le plus utile pour développer les germes du talent que l'expérience féconde; c'est ainsi que tous les grands hommes de guerre se sont formés, et c'est en évoquant leur génie, en les mettant pour ainsi dire en présence les uns des autres, en écoutant les dialogues de ces illustres morts, en recueillant leurs maximes, qu'on détruit les vains systèmes : on s'affranchit ainsi des vieilles erreurs qui, malgré le perfectionnement des connaissances humaines, se transmettent si facile ment d'âge en âge. Dans les sciences comme

[ocr errors]

dans les institutions, l'immortelle vérité triomphe à la fin de ces erreurs périssables comme les hommes; et dévoilée par le temps, elle apparaît aux bons esprits. Ceux qui, de nos jours, en se livrant à ces recherches, à l'exemple des Xénophon, des Polybe et de notre Folard, ont su tirer de l'inépuisable mine de l'histoire une instruction si substantielle, et qui, malgré quelques dissentimens entre eux, ont concouru à fonder plus solidement les véritables bases de la science de la guerre, méritent un tribut d'estime et de reconnaissance que la postérité ne leur refusera pas. Tels ont été Lloyd et son excellent commentateur Tempelhof; tels sont encore l'auteur de l'esprit du système de guerre moderne (Bulow), celui du Traité de grande tactique (le général Jomini), trèsbon modèle de critique, et celui des principes de stratégie (le général Mayer), démontrés par leur application aux mouvemens et aux actions pendant la belle campagne de M. l'Archiduc en 1796.

D'autres auteurs, après avoir, dans vingt

campagnes et dans tous les pays de l'Europe, ajouté à leur expérience, à leurs connaissances de la guerre, des connaissances géographiques et topographiques qu'avant eux un même individu, en y consacrant sa vie entière, n'aurait pu rassembler, vont en enrichir des mémoires précieux par le grand nombre, la fidélité et la précision des détails. L'ouvrage qui a été publié sous le titre de Tableau historique de la Guerre de la révolution de France (1), et qui jusqu'à ce jour est le plus complet et le mieux ordonné qui ait paru sur les campagnes de 1792, 1795 et 1794, avait fait désirer qu'une main habile, telle que celle du général Guilleminot, mît en œuvre tant d'autres matériaux précieux, pour en former un de ces monumens

(1) TABLEAU HISTORIQUE DE LA GUERRE DE LA RÉVOLUTION DE FRANCE, depuis son commencement en 1791, jusqu'à la fin de 1793 accompagné d'un Atlas militaire ou Recueil de cartes et plans pour servir à l'intelligence des opérations des armées : 3 vol. in-4°. Paris et Strasbourg, chez Treuttel et Würtz. 1808.

classiques dont l'art de la gravure et celui de la typographie, parvenus à un si haut degré de perfection, rehausseront encore le prix aux yeux de tous les militaires.

Pour nous qui, à proprement parler, n'écrivons qu'une chronique raisonnée des événemens, nous tâcherons de profiter de ces lumières, et sans faire de vains efforts. pour creuser plus avant et chercher la solu→ tion de nouveaux problèmes de stratégie et de tactique; nous nous contenterons de cultiver et de servir la science au point où nous, la trouvons fixée; nous continuerons d'enchaîner les faits par les motifs qui naissent des principes, et si le tableau que nous présentons n'est pas aussi détaillé, aussi complet que les maîtres de l'art auraient droit de l'exiger, du moins cette esquisse, par sa correction et sa sincérité, se recommandera à leur indulgence et pourra satisfaire un plus grand nombre de lecteurs.

Dès le lendemain de la bataille d'Engen, aussitôt que l'ordre fut rétabli dans les divisions, le général Moreau mit tous ses corps.

en mouvement, fit reconnaître la marche de l'ennemi et pousser ses arrière-gardes. Il rendit à son aile droite la division du général Lorges, et y joignit la réserve de cavalerie sous les ordres du général d'Hautpoult; il ordonna au général Saint-Cyr, dont le corps formait son aile gauche, de marcher sur Liptingen, et d'étendre sa gauche jusqu'à Tuttlingen. Le corps du général Lecourbe, qui dès la veille avait dépassé Stockach, se trouvant le plus avancé, marcha directement sur Moeskirch, et les trois divisions du corps de réserve que le général Moreau continua de diriger en personne, marchèrent en seconde ligne de l'aile droite en s'échelonnant.

Quoique le général Kray eût un grand intérêt à maintenir sa communication avec le corps du prince de Reuss, qui occupait le Tyrol antérieur, on doit croire qu'ayant été déposté de sa ligne de défense et de l'excellent appui que formaient à sa gauche la tête du lac de Constance et la sortie du fleuve, il dut chercher à éviter une seconde bataille,

« AnteriorContinuar »