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çaise sur le point de Stockach fut tel, que l'objet de l'opération se trouvait déjà presque atteint, puisque les impériaux avaient perdu l'appui de leur ligne de défense, et que les Français pouvaient en faire celui de leur nouvelle base; mais il était plus difficile d'enlever au général Kray la position d'Engen, où il avait concentré la majeure partie de ses forces disponibles (environ 45,000 hommes). Il est vraisemblable que le général Moreau ne crut point que la plus grande masse de l'armée autrichienne fût déjà rassemblée à Engen; mais pour ne pas lui en laisser le temps, il l'aborda de front avec ses trois divisions de réserve et la brigade détachée du corps de Lecourbe, sous les ordres du général Lorges, en tout à peu près 32,000 hommes; il donna l'ordre au général Saint-Cyr qui se trouvait avec tout son corps à Stühlingen, à plus de six lieues en arrière, de marcher en flanquant sa gauche, et de se porter rapidement sur Engen; mais il pressentit sans doute que la distance et les obstacles que l'ennemi avait

tant d'intérêt à multiplier retarderaient la marche de ce corps; il se décida donc à attaquer avant que le général Saint-Cyr fût à sa hauteur et en mesure de gagner les revers du grand plateau qui domine au nord la plaine d'Engen, et qui fermant et appuyant la droite de la ligne autrichienne, couvrait aussi son point de retraite.

Dans cette seconde bataille presque indépendante de celle que le général Lecourbe livrait à Stockach, la fortune des armes fut plus balancée, soit à raison de l'égalité de forces sur ce point, soit à cause de la nature du pays parsemé de villages, coupé de bois, et raviné par les sources de la petite rivière de Aach.

Le général Kray sut mettre à profit les moindres avantages du terrain, presque partout favorable à la défense, et pour conserver la liberté de ses mouvemens sur son flanc gauche, dans la direction de Stockach, il porta d'abord une forte avant-garde en avant de Wetterdingen; ce corps fut rencontré par la tête de la division du général

Delmas, et poussé au-delà du village: il se forma en arrière sur un plateau, où son artillerie était avantageusement placée, une partie de la cavalerie déployée, et l'infanterie garnissant le bois qui touchait au village de Welchingen; les Autrichiens ne purent tenir long-temps cette position, parce que le plateau étant dominé par la hauteur de Mühlhausen, aussitôt que le général Moreau eut fait enlever ce poste par les troupes du général Lorges, le bois fut attaqué de deux côtés par les généraux Delmas et Grandjean, qui forcèrent à la baïonnette les huit bataillons, presque tous grenadiers, qui y étaient postés.

Le général Moreau tendait toujours à s'élever par sa gauche, pour se joindre au corps du général Saint-Cyr, et parvenir à envelopper Engen par les hauteurs du côté du nord; il avait dirigé une de ses divisions de réserve commandée par le général Richepanse, de Blumenfeld sur Wetterdingen et Leipferdingen, afin de tourner et d'enlever le Pic de Hohenhowen, point le plus élevé

et le plus remarquable sur l'horison de ce champ de bataille; mais le général Kray avait fait occuper fortement cette hauteur; au pied de laquelle s'ouvre et s'étend la vaste plaine d'Engen; il recueillait sous cet abri son infanterie repoussée des villages en avant du centre de sa ligne de bataille, et la soutenait par un déploiement de 15,000 chevaux dans la partie de la plaine la plus découverte; c'était la clef de sa position, aussi la résistance y fut-elle très-vive, et pour dégager sa droite de ces attaques impétueuses que l'approche des troupes du général Saint-Cyr, déjà engagées avec celles du général Nauendorf, rendait si périlleuses, le général Kray tenta un dernier effort; il essaya, vers six heures du soir, de couper la ligne française par une vigoureuse attaque sur le village de Welchingen, qui se trouvait entre la droite de la division du général Delmas et la gauche de celle du général Bastoul, qui soutenait ses attaques.

Cette manoeuvre eut d'abord quelque succès; les braves dragons de Latour pénétrèrent

dans le village, mais ils ne purent s'y maintenir; alors le général Moreau, sans rien changer à sa disposition principale, sans ralentir son mouvement oblique vers les hauteurs et sur la droite de l'ennemi, rappela fortement l'attention du général Kray sur son flanc gauche, en faisant attaquer le village d'Ehingen, qui lui servait de pivot, et qui, une fois emporté, découvrait sa position et permettait de la prendre à revers.

Ici le combat fut rude et sanglant; le général Lorges conduisit la première attaque; deux bataillons d'infanterie légère (la 10°) et une demi-brigade de ligne (la 67°) s'y précipitèrent sous le feu de l'artillerie, et emportèrent le village; mais le général Kray y porta sur le champ huit bataillons de grenadiers hongrois avec douze bouches à feu, le fit soutenir par un grand mouvement de cavalerie, et reprit le village : le général Moreau accourut, rallia lui-même ses troupes, se mit à la tête de quatre compagnies de la 53° demi-brigade, regagna les avenues, rétablit le combat et partagea le village.

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