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taille pour forcer l'aile gauche de l'armée autrichienne, la séparer du lac de Constance, et s'établir sur la ligne de Stockach à Engen; il livrait cette bataille avec 80,000 hommes, dont la plus grande force consistait en infanterie. Le général Kray recevait la bataille avec des forces inférieures, quoiqu'avec une supériorité en cavalerie et en artillerie; il forçait de marche pour gagner Stockach, il voulait y jeter tout le centre de son armée, que les mouvemens des généraux SainteSuzanne et Saint-Cyr, et surtout ceux de ce dernier, avaient contraint d'abandonner les positions de Donau - Eschingen. Arrivé le 2 mai à Engen, et voyant par les positions rapprochées, et par les mouvemens de l'armée française, l'imminence d'une attaque générale, le général Kray s'arrêta; il ne pouvait comprimer cette marche de flanc sans compromettre son arrière-garde, commandée par M. l'archiduc Ferdinand, et déjà engagée par l'avant-garde du général Saint-Cyr. Les corps des généraux Giulay et Kienmayer, qui se retiraient précipitamment des bords.

du Rhin, étaient aussi en danger d'être coupés.

On voit, par cet exposé de la situation des deux armées la veille de la bataille, que le général autrichien non entièrement surpris, mais interrompu pendant son mouvement, n'avait pas eu le temps de se concentrer, et n'avait pu lier les points principaux de sa nouvelle ligne de défense de Stockach à Engen, distans l'un de l'autre d'environ trois lieues et demie.

Jusque-là le succès du grand stratagème employé par le général Moreau n'excusait pas assez la témérité de son plan; son adversaire occupant avec de fortes réserves le centre et tout le diamètre de la demi-circonférence sur les divers points de laquelle les quatre corps de l'armée française exécutaient leur passage du fleuve et leurs mouvemens de concentration, il semble qu'il aurait dû les prévenir, culbuter l'un de ces corps, rompre leur accord, et dans tous les cas être rassemblé et se trouver en ligne et en mesure de livrer bataille, avant que l'armée

française fût réunie : les points même indiqués pour la réuuion de celle-ci, n'offrant qu'une base trop peu étendue, trop resserrée entre le fleuve et les montagnes, l'exposaient, en cas de revers, à de trop

grands hasards: on va voir avec quelle activité, quelle vigueur, quelle fortune le général Moreau triompha d'obstacles imprévus, et justifia, par le succès, ses premières combinaisons.

Le 3 mai, à sept heures du matin, le général Lecourbe mit ses colonnes en mouvement, et manoeuvra pour envelopper la position de Stockach. La division du général Vandamme marcha par Bodman sur Wahlwies, et celle de Montrichard directement sur Stockach par la chaussée de Singen: le général Lorges, avec la moitié seulement de sa division, marcha par sa gauche pour renforcer la droite du corps de réserve, qui formait le centre de l'armée française.

L'autre moitié de cette même division fut employée à couper sur Aach la commu

nication entre Engen et Stockach; elle devait ensuite se diriger sur Indelwangen, suivant le progrès des attaques du général Vandamme sur la gauche de l'ennemi, et de celles du général Montrichard sur son front.

Le corps qui défendait Stockach sous les ordres du prince de Vaudremont était fort d'environ 12,000 hommes; tous les détachemens qui observaient le Rhin entre Constance et Shaffhouse s'y étaient ralliés, et le général Kray, dès qu'il avait vu ce point important menacé par le corps du général Lecourbe, s'était pressé d'y jetter un gros corps de cavalerie et beaucoup d'artillerie.

L'attaque commença au débouché des bois près de Steiflingen, Wahlwies et Bodman, où le prince de Vaudremont avait porté son avant-garde; elle fut promptement rejetée sur la ligne de bataille, formée en avant de Stockach, et couverte par un déployement de cavalerie que le général Nansouty, par une charge des plus hardies, à la tête de la réserve, força bientôt à se replier.

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Le combat s'engagea de toute part; l'infan terie autrichienne, soutenue par une artillerie nombreuse et bien servie, tint ferme jusqu'au moment où le succès de l'habile manœuvre et des attaques réitérées du général Molitor sur le flanc gauche de la position, permit au général Vandamme de la déborder, et de menacer le point de retraite; alors la ligne autrichienne s'ébranla; le général Montrichard saisit ce moment, aborda et fit plier le centre; la cavalerie française entra dans la ville de Stockach, pêle-mêle avec l'ennemi, le traversa et gagna les hauteurs. Enfoncé de toute part, et séparé du reste de l'armée par la colonne d'infanterie française qui s'était portée sur Aach, et de là sur Indelwangen, le prince de Vaudre mont, qui ne pouvait plus rejoindre le général Kray, se retira précipitamment sur Moeskirch et Pfullendorf, laissant entre les mains des Français de trois à quatre mille prisonniers, quelques pièces de canon, et des magasins considérables.

Le succès de l'aile droite de l'armée fran

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