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crits de ce cours atteste que Hamilton n'apportait pas moins d'exactitude et de soin dans l'étude de l'histoire politique et littéraire du monde moderne que dans celle de l'antiquité philosophique. « Les étudiants les plus distingués de l'Université, dit le professeur Wilson, parlaient avec enthousiasme de la sagacité, de la science, de. l'éloquence, de l'esprit philosophique de ces leçons '. »

Depuis 1820, les nouvelles découvertes phrénologiques commençaient à attirer l'attention des esprits. George Combe, par son Traité de phrénologie où il reconnaissait devoir à Gall la véritable philosophie de l'homme, avait ému l'opinion. Hamilton, que préparaient à l'examen d'un tel livre les études de sa jeunesse, se mit avec ardeur à approfondir la nouvelle hypothèse proposée par Gall, Spurzheim et leurs disciples. C'était alors à Edinburgh, comme partout, la mode de juger de la valeur d'une doctrine philosophique. par les conséquences plus ou moins détournées qui pouvaient en découler contre les intérêts de la morale et de la religion. Sir William était loin d'admettre une telle méthode, et la jugeait avec la sévérité qu'elle mérite. «Que les résultats de la phrénologie répugnent à des doctrines préalablement admises, c'est là une méchante raison pour refuser d'en examiner les fondements. » Et il appliquait à ce cas particulier le mot du vieux Fernel: Insipientis arrogantiæ. est argumentationis necessitatem sensuum testimonio anteponere. Puis, fidèle à cette sage et équitable maxime, il recherchait avant. tout l'exactitude des faits apportés comme base de la nouvelle science, et particulièrement des théories touchant la fonction du cervelet, l'existence et l'étendue des protubérances frontales. Ses. expériences et ses observations à ce sujet, toujours faites avec une rigueur scrupuleuse, aboutirent pour lui à la ruine complète des allégations des phrénologistes sur tous les points en litige. L'heureux résultat de ces études, qui l'amenèrent à corriger certaines erreurs prédominantes en phrénologie, et à quelques découvertes importantes en physiologie et en anatomie, prouva suffisamment qu'il eût

1 Hamilton faisait commencer l'histoire moderne à la fin du XVe siècle, à la formation du système de l'équilibre européen; parmi les causes de ce système étaient le déclin de la féodalité, l'émancipation des villes et de la classe moyenne, la décadence du pouvoir papal, la concentration de l'autorité nationale dans la main des rois : il rapprochait ce système des deux autres systèmes possibles, la monarchie universelle et la théorie de la confédération internationale. Il s'étendait spécialement sur la Réforme et ses suites. Voici quels étaient, d'après lui, les principaux effets de la Réforme sur l'organisation de la société moderne: 10 Changements apportés dans la condition du clergé et dans les relations de l'Eglise et de l'Etat; 20 la religion réformée formellement établie comme une des bases des constitutions politiques; 39 l'extension et la consolidation de l'autorité monarchique.

Cet enseignement ne dura que quelques années, le traitement ayant été supprimé à la suite d'une banqueroute de la ville.

pu, dans cette voie, tenir tête aux plus savants, et travailler luimême utilement aux progrès de la science.

Plusieurs mémoires lus par Hamilton devant la Société royale d'Edinburgh en 1826 et 1827, des discussions publiques et privées avec les principaux physiologistes',une longue correspondance avec le chef de l'école, George Combe dans le journal phrénologique d'Edinburgh, donnèrent à ces débats un grand retentissement. Aussi quand en 1828, Spurzheim vint à Edinburgh, il manifesta le désir de se mesurer en public avec le terrible adversaire de la phrénologie, et d'abandonner à l'auditoire le jugement du procès.

Sir William déclina et la discussion et le tribunal.

Son dernier mot sur la phrénologie se trouve dans ces lignes d'un de ses amis, George Moir: « En fait de doctrines, la 'phrénologie était la seule qu'il ne pût tolérer. Après avoir approfondi la science du cerveau, il en était venu à considérer ce système comme une misérable blague a mischievous humbug. »

Longtemps après sa lutte avec l'école des phrénologistes Hamilton poursuivit ses observations et ses études physiologiques. Il publia en différents temps le résultat de ses recherches dans l'Anatomy of the Brain du docteur Monro 1831, dans l' Edinburgh New-Philosophical journal (vol. 48), 1850, le Médical Times, 1845. Ses observations avaient surtout pour objet le poids et les proportion s relatives du cerveau dans l'homme et les autres animaux, il avait examiné plus de 1000 cerveaux dans plus de 50 espèces d'animaux; il était arrivé touchant les fonctions du cervelet à cette remarqu able conclusion << que le cervelet est l'organe extraicranival de la faculté nutritive, et la condition du mouvement volontaire ou systématique. » Lui-même de ses propres mains sciait, disséquait et pesait. La cour de sa maison à Manor Place était pleine de lapins et de volailles qui mangeaient, dormaient, se mouvaient avec leurs têtes percées d'aiguilles dans toutes les directions, en dépit des oracles de la phrénologie.

Le magnétisme intéressait beaucoup aussi Hamilton; il avait foi

1 Un témoin oculaire, Sinclair, raconte ainsi un de ces duels philosophiques : « Je fus invité par un zélé phrénologiste, M. Hamilton, à me trouver à dîner avec sir William et le célèbre George Combe. J'espère, me dit M. Hamilton, avoir un grand tournoi phrénologique en mettant au moins un nombre égal de phrénologistes et d'antiphrénologistes.

« Vous servirez de second à sir William. Il est facile de trouver autant de phrénologistes bien préparés que l'on voudra pour soutenir M. Combe; mais je puis à peine trouver un seul anti iphrénologiste qui ne soit complétement ignorant du sujet. J'acceptai l'invitation. La discussion dura toute la soirée, et fut extrêmement intéressante. Sir William, comme le craignait notre hôte, manqua d'auxiliaires; mais, en revanche, il avait à son service une merveilleuse batterie d'arguments et de textes, qui ne lui firent jamais défaut. »

aux faits généraux sur lesquels il est fondé; il y voyait au moins matière à l'investigation scientifique. «Il admettait, dit un de ses amis, l'influence du Mesmérisme sur les tempéraments nerveux, pour produire le sommeil ou autres effets analogues; mais il niait la clairvoyance, et quand on le pressait sur ce sujet, il rappelait l'histoire de ce billet de banque tenu scellé pendant des années, attendant toujours le somnambule qui, sans ouvrir l'enveloppe, pourrait déchiffrer le contenu. »>

Au milieu de cette variété d'études, Hamilton trouvait encore le temps de prêter l'oreille à tous ceux qui venaient à lui comme à un oracle, interroger sa science, amis ou étrangers. C'était tantôt mistress Hamilton Gray qui se présentait chez lui, toute tremblante, in fear and trembling, pour éclaircir les mystères de l'histoire de l'Etrurie; tantôt un jeune ami (Moir) qui lui soumettait un article pour la Revue d' Edinburgh sur les anciennes ballades espagnoles ou lui faisait réviser ou corriger sa traduction de Wallenstein; tantôt Sinclair qui le consultait touchant un ouvrage en préparation sur l'épiscopat; tantôt un gentilhomme prussien qui, attiré par sa réputation, emportait de ses relations avec lui le plus enthousiaste souvenir dans sa patrie. Même avant d'avoir rien écrit, Hamilton était considéré en Allemagne comme le plus grand érudit et le plus éminent penseur de l'Angleterre.

(La 2a partie à une prochaine livraison.)

F. RABBE.

DOSSIER

DE LA

GUERRE DE 1870 GUERRE

II

INCIDENT DU PROJET De traité.

La guerre était déclarée; le gouvernement français, dans ses dépêches, dans ses discours devant les Chambres, dans ses journaux, dans ses manifestes, rejetait tous les torts sur la Prusse, dont il dénonçait les provocations et l'esprit envahisseur. Pour lui, il n'avait que les intentions les plus droites; il ne poursuivait, dans la guerre actuelle, que la réparation de l'échec fait à son honneur par la dépêche télégraphique du 14 juillet, et n'allait en Allemagne que pour rétablir l'équilibre de l'Europe et porter aux Allemands « la civilisation et la liberté. » C'est à ce moment, le 24 juillet, que le journal anglais le Times publie « un projet de traité » qui aurait été négocié entre la France et la Prusse. En même temps, les journaux de Berlin donnent en Français le même texte un peu modifié, et en attestent l'authenticité. C'est d'après eux que nous le reproduisons :

Projet de traité.

S. M. le roi de Prusse et S. M. l'Empereur des Français, jugeant utile de resserrer les liens d'amitié qui les unissent et de consolider les rap

ports de bon voisinage heureusement existant entre les deux pays, convaincus d'autre part que, pour atteindre ce résultat, propre d'ailleurs à assurer le maintien de la paix générale, il leur importe de s'entendre sur des questions qui intéressent leurs relations futures, ont résolu de conclure un traité à cet effet, et nommé en conséquence pour leurs plénipo tentiaires, savoir :

S. M., etc., etc.

S. M., etc., etc.

Lesquels, après avoir échangé leurs pleins pouvoirs trouvés en bonne et due forme, sont convenus des articles suivants :

Art. 1. Sa Majesté l'Empereur des Français admet et reconnaît les acquisitions que la Prusse a faites à la suite de la dernière guerre qu'elle a soutenue contre l'Autriche et contre ses alliés, ainsi que les arrangements pris ou à prendre pour la constitution d'une confédération dans l'Allemagne du Nord, s'engageant en même temps à prêter son appui à la conservation de cette œuvre.

Art. 2. Sa Majesté le roi de Prusse promet de faciliter à la France l'acquisition du Luxembourg; à cet effet, ladite Majesté entrera en négociations avec Sa Majesté le roi des Pays-Bas pour le déterminer à faire, à l'Empereur des Français, la cession de ses droits souverains sur ce duché, moyennant telle compensation qui sera jugée suffisante ou autrement. Pour faciliter cette transaction, l'Empereur des Français, de son côté, s'engage à assumer accessoirement les charges pécuniaires qu'elle pourrait comporter 1.

Art. 3. Sa Majesté l'Empereur des Français ne s'opposera pas à une union fédérale de la Confédération du Nord avec les Etats du Midi de l'Allemagne, à l'exception de l'Autriche, laquelle union pourra être basée sur un parlement commun, tout en respectant, dans une juste mesure, la souveraineté desdits Etats.

-

Art. 4. De son côté, Sa Majesté le roi de Prusse, au cas où Sa Majesté l'Empereur des Français serait amenée par les circonstances à faire entrer ses troupes en Belgique ou à la conquérir, accordera le secours de ses armes à la France, et il la soutiendra avec toutes ses forces de terre et de mer, envers et contre toute puissance qui, dans cette éventualité, lui déclarerait la guerre.

Art. 5. Pour assurer l'entière exécution des dispositions qui précèdent, Sa Majesté le roi de Prusse et sa Majesté l'Empereur des Français contractent, par le présent traité, une alliance offensive et défensive qu'ils s'engagent solennellement à maintenir. Leurs Majestés s'obligent, en outre et notamment, à l'observer dans tous les cas où leurs Etats respectifs, dont elles se garantissent mutuellement l'intégrité, seraient menacés d'une agression, se tenant pour liées, en pareille conjoncture, de (sic)

↑ Dans l'original, cette dernière phrase a été substituée à une autre ainsi conçue, que M. Benedetti a rayée de sa main : « De son côté, l'Empereur des Français s'engage à assumer les charges pécuniaires que cette transaction peut comporter.»

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