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litatis, confirmationis, désignaient des actes de donation, comme charta confertoria, chartæ eleemosynariæ.

La charte de soumission, charta obnoxiationis, était un acte par lequel on vendait soi et sa famille, quand on ne pouvait se procurer les aliments nécessaires à la vie, satisfaire un créancier ou solder une amende.

Les mots charta traditionis, cessionis, largitionis et donationis, servaient à désigner les actes de vente.

Les charta beneficiariæ, chartes bénéficiaires, avaient pour objet les concessions de bénéfices. (Voyez BÉNÉFICES.)

La charte prestaire, charta prestaria, était l'acte par lequel une église ou un monastère abandonnait à un particulier l'usufruit de quelques terres, sous certaines conditions.

La charte précaire, charta precaria, précaire, était celui par lequel le particulier demandait ou acceptait cet usufruit. Ces deux sortes de chartes devinrent fréquentes dans les huitième et neuvième siècles. (Voy. PRÉCAIRE.)

Il y a encore pour les chartes un grand nombre de dénominations; mais nous ne citeróns plus que les suivantes charta audientialis, citation à un tribunal; charta cautionis, charte d'obligation ou de caution; charta pignorationis, charte d'engagement et de garantie; charta hæreditaria, testament; charta divisionis, charte de partage; chartæ rogatæ, actes que les témoins étaient pries de signer.

A l'article DIPLOMATIQUE, nous traiterons des moyens généraux de reconnaître l'authenticité des chartes.

CHARTIER (Alain), né à Bayeux en 1386, fut l'homme le plus illustre de son temps. Dès sa jeunesse, il entendit joindre à son nom les épithètes d'excellent orateur, de noble poëte, de renommé rhétoricien ; et tout le monde connaît l'histoire du baiser que lui donna Marguerite d'Écosse, femme du dauphin de France, depuis Louis XI. Il n'avait guère que seize ans lorsqu'il conçut le projet d'écrire l'histoire de

son siècle, et que Charles VI, pour l'encourager dans ce travail, le nomma clerc, notaire et secrétaire de sa maison place que lui conserva Charles VII. On ajoute même, mais il y a doute sur ce point, qu'il fut archidiacre de Paris et conseiller au parlement. On ignore l'époque de sa mort: les uns la placent en 1449, d'autres en 1457, d'autres enfin en 1458. Quelques-unes des pièces de poésie de Chartier, le Débat du réveil-matin, la Belle dame sans merci, etc., se lisent encore avec plaisir. Chartier n'a pas l'élégance de Charles d'Orléans, la verve et l'énergie populaire de Villon; mais on trouve dans ses vers une bonhomie et une naïveté qui, même pour nous, offrent un charme inexprimable. Chartier a rendu d'incontestables services à la langue française: poëte, prosateur, érudit autant qu'on pouvait l'être de son temps, il a fixé quelques règles, cherché des combinaisons nouvelles des mètres poétiques, et surtout il a eu l'honneur, nous n'osons pas dire d'ouvrir la route à Charles d'Orléans et à Villon, mais au moins de la leur montrer. Ce n'est pas encore un poëte français, mais c'est mieux déjà qu'un trouvère, c'est mieux qu'un de ces vieux romanciers dont Villon, selon Boileau, sut, le premier, débrouiller l'art confus. Il forma, avec Charles d'Orléans, ce qu'on pourrait appeler la transition. La meilleure édition des œuvres d'Alain Chartier est celle de Paris, 1617, in-4°.

CHARTIER (G.), évêque de Paris, né à Bayeux, était parent d'Alain et de Jean Chartier. Il fut élevé à la cour de Charles VII, et nommé à l'évêché de Paris en 1447. Ce fut d'après san avis que Louis XI forma un conseil composé de deux membres de chacun des trois ordres, pour aviser à la diminution des impôts. Plus tard, lors de la guerre du bien public, Chartier montra peu d'intelligence politique en voulant faire ouvrir les portes de Paris aux princes ligués contre le roi: avis qui eût causé la perte du royaume s'il eût été suivi. Au reste, Louis XI ne le lui pardonna pas. Après sa mort,

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CHARTIER (Jean), frère d'Alain, entra dans l'abbaye de Saint-Denis, y devint chantre et historiographe de France. Son frère le fit connaître à Charles VII, qui le chargea de débrouiller le chaos des vieilles chroniques que l'on gardait dans les archives de cette abbaye. Le zèle avec lequel il s'acquitta de cette pénible tâche le fit apprécier de Charles VII, qui l'attacha à sa personne et le rendit témoin de tous ses actes publics, afin qu'il les racontât et les transmît à la postérité. Le roi le faisait entretenir à ses frais, tenait à sa disposition des gens pour le servir, et des chevaux pour le transporter partout où il voulait. Jean Chartier vit tout le règne de Charles VII et en écrivit l'histoire. Dans ses travaux à l'abbaye de Saint-Denis, il avait achevé la collection des Grandes chroniques de France, vaste compilation qui accrédita tant de fables, et qui répandit des idées si fausses sur les origines de notre histoire. Les deux ouvrages de Jean Chartier, l'Histoire de Charles VII et les Grandes chroniques, furent imprimés sous Louis XI en 1476, à Paris, 3 vol. in-fol. Le second de ces ouvrages fut la première histoire de France publiée par la voie de l'impression; il a été réimprimé dans la collection des historiens de France, et enfin, de nos jours, M. Paulin Paris en a donné une nouvelle édition jusqu'au règne de Charles V inclusivement, avec une dissertation sur les sources de ces chroniques et une notice sur les manuscrits dont il a fait usage, Paris, 1836, in-fol. On peut consulter sur ces chroniques la critique et l'analyse qu'en a faite M. Augustin Thierry, dans sa cinquième lettre sur l'histoire de France, et dans le tome xv du Recueil de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, un

mémoire de la Curne Sainte-Palaye. L'histoire de Charles VII a été réimprimée seule par Denys Godefroi, Paris, 1661, avec d'autres pièces d'écrivains contemporains. En tête de cette histoire, qui n'est qu'une chronique, Jean Chartier place un petit prologue où il annonce l'intention d'écrire les faits de ce règne, le plus véritablement, que je pourray, dit-il, sans porter faveur ni haine à aucun. Le style de cet écrivain est naïf, mais n'a rien d'original; il renferme d'excellents renseignements, mais tout est présenté confusément, sans méthode, sans autre ordre que l'ordre chronologique. Jean Chartier mourut vers 1461, peu de temps après Charles VII.

fut

CHARTIER (René) naquit à Vendôme en 1572. Il montra dès sa plus tendre enfance une passion ardente pour l'étude, et cultiva en même temps la littérature, la philosophie, la théologie et la médecine. Après être resté plusieurs années à Angers et à Bordeaux, où il perfectionna ses études médicales, il vint à Paris, où il fut reçu docteur, le 26 août 1608, et nommé professeur de pharmacie. En 1612, nommé médecin des dames de France; en 1613, médecin ordinaire du roi, et en 1617, professeur de chirurgie au collége royal. Il mourut, le 29 octobre 1654, d'une apoplexie qui le surprit à cheval, à l'âge de quatre-vingt-deux ans. Si Chartier n'a rien publié d'original, il s'est acquis une grande célébrité comme éditeur; et son plus grand titre est, sans contredit, l'édition complète des œuvres réunies d'Hippo

crate et de Galien.

CHARTRAIN, Carnutensis ager, ou tractus. Ce pays, dont Chartres était la capitale, faisait partie de la Beauce et du gouvernement général de l'Orléanais. Il était borné au N. par la Normandie et l'Ile de France, au S. par le Dunois et l'Orléanais proprement dit, à l'E. par le Gâtinais, et à l'O. par le Perche. Il avait douze lieues de longueur sur dix de largeur.

Au temps de César, le pays chartrain faisait partie du territoire des Carnutes; sous Honorius, il était

compris dans la quatrième Lyonnaise. Depuis, il suivit les destinées de Chartres, sa capitale.

CHARTRAN (J. H. S.), né à Carcassonne en 1779, entra au service à l'âge de quatorze ans, fit les campagnes de 1794 et 1795 dans l'armée des Pyrénées-Orientales, passa à celle d'Italie, après la paix de Bâle, et se distingua en diverses rencontres. Il servit ensuite sur le Rhin, à la grande armée, et fut fait colonel en 1813. Vainqueur, le 28 juillet, de six mille Russes, qui essayèrent en vain de l'arrêter dans les gorges de Pina, il assista le 30 à la bataille de Culm, se fit jour au milieu des colonnes ennemies, leur enleva cinquante-deux officiers supérieurs, dégagea son général de division, et une partie des troupes tombées en leur pouvoir. Nommé général de brigade pour ces deux beaux faits d'armes, il fut mis à la demisolde par les Bourbons. Au retour de l'empereur, Chartran fut chargé du commandement du département de l'Aude, et rencontra, en se rendant à sa destination, le baron Trouvé, avec lequel il eut une entrevue, dont le détail, publié dans une intention coupable, produisit plus tard l'effet qu'on en attendait. Il fut mis, peu de jours après cette fatale rencontre, à la tête d'une brigade de voltigeurs de la garde, combattit vaillamment à Fleurus et à Waterloo. Dans cette dernière bataille, il attaqua des hauteurs qui paraissaient inexpugnables. Repoussé trois fois, il revint trois fois à la charge, et emporta la position. Le général Chartran, obligé de faire sa retraite, l'exécuta en bon ordre, se rendit sous les murs de la capitale, passa la Loire, et revint à Paris après le licenciement, Envoyé d'abord en surveillance à Lille, puis arrêté, traduit devant une commission militaire, il fut condamné à mort et exécuté. Il avait alors trentesix ans, comptait vingt-deux années de service, vingt-deux campagnes, et un grand nombre d'actions d'éclat.

CHARTRE. Ce mot avait ancienne ment deux acceptions bien différentes. Il était pris comme synonyme de

charte, dont il venait probablement par corruption, et servait à désigner un acte ou un titre ancien.

Il signifiait en outre une prison, un lieu caché, et il avait probablement pour racine le mot latin carcer; l'on en fit chartrier, dans le sens de prisonnier, et il nous en est resté la locution, tenir en chartre privée, dans le sens de tenir en prison.

Le mot chartre servait encore à désigner une espèce de maladie d'enfant, appelée aujourd'hui carreau. D'où l'on disait venir en chartre, tomber en chartre.

CHARTRES, Autricum, Carnutum civitas, est une des plus anciennes villes de la France. Avant la conquête des Romains, elle était la capitale des Carnutes ou Carnuti (Voy. ce mot) et le siége principal du druidisme, et elle acquit, sous la domination romaine, une assez grande importance. Placée plus tard sous la puissance immédiate des rois francs, elle fut successivement prise par Thierry II, roi d'Orléans et de Bourgogne, et en 852 et 872 par les Normands, qui la brûlèrent et la détruisirent. Durant la longue lutte de la France et de l'Angleterre, elle tomba au pouvoir des Anglais, et ne fut reprise qu'en 1432. Attaquée sans succès par les protestants en 1568, elle fut prise en 1591 par Henri IV, qui s'y fit sacrer trois ans après.

Vers la fin du onzième siècle, la ville de Chartres était défendue par une enceinte de fortifications dont quelques parties subsistent encore entre autres une porte en pierre de taille flanquée de deux grosses tours.

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La cathédrale de Chartres est un des plus beaux monuments que nous ait légués l'architecture du moyen âge: une église construite sur son emplacement avait été incendiée trois fois, quand l'évêque Fulbert, lors du dernier incendie, arrivé en 1020, fit un appel à la générosité de tous les princes chrétiens, et du produit de leurs offrandes commença le nouvel édifice, qui, après sa construction, qui se prolongea pendant près de cent trente ans, fut dédié à la Vierge

le 17 octobre 1260, par Pierre de Maincy, soixante-seizième évêque de Chartres. - Le projet avait été d'abord de construire les deux clochers sur le même dessin, mais il n'y eut d'achevé que celui qui est appelé le clocher vieux. En 1838, par la négligence de quelques ouvriers, le feu prit à la toiture du bâtiment, et détruisit complétement la charpente. Des fonds assez considérables ont été votés par les chambres pour réparer ce malheur.

On remarque encore à Chartres l'ancienne église de Saint-André, le cabinet d'histoire naturelle, la bibliothèque publique renfermant quarante mille volumes imprimés et huit cents manuscrits, et où l'on conserve un verre ayant appartenu à Charlemagne, qui était anciennement déposé dans l'abbaye de la Madeleine de Châteaudun. Chartres était jadis la capitale du pays Chartrain et de la Beauce, avec le titre de duché-pairie; son diocèse comprenait huit cent dix paroisses : elle était comprise dans le gouvernement général de l'Orléanais et dans le ressort du parlement de Paris. C'est aujourd'hui le chef-lieu du département d'Eure-et-Loir, et le siége d'un évêché; elle possède des tribunaux de première instance et de commerce, et une société d'agriculture et un collége communal. Sa population actuelle est d'environ quinze mille habitants.

C'est la patrie d'un assez grand nombre d'hommes célèbres, parmi lesquels nous citerons: Guillaume de Saintes, évêque d'Évreux; Philippe Desportes, Mathurin Régnier, P. Nicolle, André et Michel Félibien, Fleury, mort doyen de la comédie française; J. Dussaulx, conventionnel et académicien; Pétion de Villeneuve, conventionnel; le général Marceau,

etc.

CHARTRES (comtes de). Depuis la fin du neuvième siècle, Chartres eut des comtes héréditaires qui possédaient aussi les comtés de Blois et de Champagne (Voy. BLOIS et CHAMPAGNE). Plus tard, le comté de Chartres

appartint à la maison de Châtillon (Voy. ce mot). Philippe le Bel en fit ensuite l'acquisition pour le donner à son frère, le comte de Valois, et Philippe de Valois le réunit à la couronne. Erigé en duché par François Ier en faveur de Renée de France', duchesse de Ferrare, il fut racheté, en 1623, par Louis XIII, des mains du duc de Nemours, et devint ensuite apanage de la maison d'Orléans, où le fils aîné porta toujours le titre de duc de Chartres. Voy. ORLÉANS (maison d'.)

CHARTRES (monnaie de). Un de nos numismates les plus distingués, M. de la Saussaye, vient d'attribuer à Tasjet, roi des Čarnutes, et allié de César, une curieuse pièce de billon, qui porte d'un côté pour légende le mot TASCIITros, autour d'un Pégase, et de l'autre EAKEYOOYIE, autour d'une tête de Bacchus ou d'Apollon, derrière laquelle on remarque un pampre. Cette belle monnaie, qui était restée longtemps parmi les pièces incertaines, est la seule médaille gauloise qu'on puisse, avec certitude, attribuer à la ville de Chartres. On a retrouvé, de nos jours, quelques triens mérovingiens frappés dans cette ville par le monétaire Blidomond, BLIDOMONDUS, et n'offrant d'autre particularité remarquable qu'une extrême barbarie. Mais, à partir du règne de Pepin, Chartres nous présente une suite de monuments numismatiques plus nombreux et surtout plus intéressants. Le premier de ces monuments est extrêmement curieux: c'est un denier qui annonce une sorte de transition entre le faire des artistes de la seconde race et celui de ceux de la première. On y voit, au droit, un ange tenant deux croix, avec les lettres CARN dans le champ, et au revers, seulement les deux majuscules RF. Il nous reste également des deniers frappés à Chartres sous les règnes de Charlemagne, de Charles le Chauve et de Eudes. Ceux de Charlemagne présentent entre eux les différences de style que l'on remarque dans la numismatique de ce prince. Ce sont d'abord des pièces sur lesquelles on lit en lettres mal for

mées le nom de la ville, CARNOTAS, et CAR

de l'autre le nom du roi en deux

CASEII CIVITAS

LUS

lignes. Ensuite des pièces d'un type moins barbare, présentant au droit une croix à branches égales, avec la légende CARNOTAS CIVITAS entre grenetis, et au revers CARLVS REX FR avec le monogramme dans le champ. Les deniers de Charles II et d'Eudes n'offrent rien de particulier. On a prétendu qu'aucune espèce n'avait été frappée à Chartres, depuis cette époque, jusqu'à celle où les monnaies des barons commencèrent à avoir cours. C'est une erreur. Il faut restituer à cette ville une pièce où l'on voit le monogramme de Charles, avec la légende GRATIA DIREX, et l'inscription à deux lignes Cette pièce est de Charles le Simple, et elle a été incontestablement frappée à Chartres. Depuis la fin du dixième siècle jusqu'en 1319, époque où le roi de France racheta du comte de Chartres la monnaie de cette ville, le type de cette monnaie présente, d'un côté, une croix, et de l'autre une figure bizarre qui a beaucoup occupé les antiquaires. On a essayé d'expliquer cette figure de différentes manières; l'explication proposée par M. Lelewel est la seule qui soit admise aujourd'hui. Ce săvant voit dans cette figure une tête humaine défigurée. Nous reviendrons sur cette opinion et sur la figure qui y a donné lieu, et qui se représente sur un grand nombre de monnaies du moyen âge, à l'article TYPE MONÉTAIRE. La monnaie de Chartres, dont il existe plusieurs échantillons, exemplaires de types, de modules et de titres différents, fut d'abord anonyme. Le côté de la tête chartraine était anépigraphe, et l'autre portait pour le gende CARTISCIVITAS. Mais le comte finit par placer son nom au commencement de la légende: R. COMCARTIS CIVITAS (Richard de Beaumond, 12351255); I. COMCARTIS CIVITAS (Jean, 1255-1279, ou Jeanne, 1279-1293).

Nous avons dit que le type chartrain représentait originairement une

tête. Lelewel a cru en retrouver l'original dans ces triens barbares dont nous avons parlé plus haut. Nous aimerions mieux y voir l'effigie de la sainte Vierge.

D'après l'ordonnance de 1315, les deniers de Chartres devaient être à trois deniers dix grains argent le roi, et à la taille de 235 au marc, et les mailles de 2 deniers 21 grains de loi argent le roi ; quatorze deniers chartrains ne valaient qu'un sou tournois.

CHARTRES (siéges et prises de). Chartres fut plusieurs fois prise et pillée, sous les rois de la première race, et plus tard par les Normands, notamment en 858.-Rollon (Rolf) vint de nouveau l'investir en 911. Cette fois le roi Charles lui en fit lever le siége. Mais ce fut son dernier acte de vi

gueur contre les pirates du Nord: peu après il leur céda la Neustrie.

Depuis 1417 le duc de Bourgogne était maître de Chartres, qui était oecupée par des Bourguignons et par des Anglais. En 1432, le bâtard d'Orléans forma le projet de surprendre cette ville et trouva le moyen de s'assurer des intelligences dans la place; en effet, il y avait partout un fort parti opposé aux Anglais. Un bourgeois, nommé le Petit-Guillaume, qui faisait d'habitude le commerce de sel avec ses charrettes, d'Orléans à Blois et à Chartres, vint, la veille du dimanche des Rameaux, se présenter, le matin de bonne heure, à la porte de la ville. Il amenait avec lui plusieurs voitures chargées de tonneaux. Il était connu ; on ne se défia de rien. Plusieurs portiers étaient gagnés; d'autres se mirent tout aussitôt à emporter des påniers d'aloses que le marchand leur avait promis. Une des charrettes s'arrêta sur le pont-levis. C'étaient des hommes d'armes qui, vêtus de blouses, chaussés en guêtres et le fouet à la main, conduisaient les voitures; d'autres étaient enfermés dans les tonneaux ils sortirent de leur cachette et tombèrent sur les gardiens des portes. Une embuscade, commandée par le sire d'Illiers, n'était pas éloignée; elle arriva à leur aide. Un religieux.

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