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bre, la publicité de ses délibérations, dans lesquelles les ministres venaient rendre compte de leurs opérations, et auxquelles étaient admis les autres députés qui jugeaient convenable de s'y rendre toutes ces imperfections réunies n'étaient guère propres à assurer les succès de nos armées, surtout au moment où le général Dumouriez ne demandait qu'à profiter des divisions du gouvernement. Des trahisons, des revers, prouvèrent à la Convention et à la France qu'il fallait plus d'ensemble et plus de secret dans les opérations pour vaincre des ennemis dont les plans étaient conçus dans le mystère et exécutés sans confusion.

Depuis longtemps Robespierre, Danton, Marat, et la voix du peuple, demandaient qu'on introduisît de l'unité dans la direction des affaires. Instruits par l'expérience, les Girondins, alors prépondérants, résolurent enfin d'apporter quelque remède au mal. Le 22 mars 1793, après plusieurs propositions d'Albitte, de Bentabole et de Quinette, tendant au même but, Isnard demanda que, conformément au décret du 13 mars, on s'occupât de la formation d'un comité de salut public. Bancal, se faisant l'interprète des sentiments ombrageux de la majorité, ne s'opposa pas à cette motion; mais il demanda que ce comité se bornât à surveiller les ministres, que ses membres fussent réélus de quinze jours en quinze jours, et qu'il n'eût qu'un mois de durée. Le même jour, la Convention chargea le comité de défense générale de lui présenter un projet d'organisation d'un comité de salut public. En effet, dans sa séance du 25, l'Assemblée décréta l'établissement d'un nouveau comité sous le nom de comité de défense générale et de salut public, composé de vingt-cinq membres. Le lendemain furent élus, pour en faire partie: Dubois-Crancé, Pétion, Gensonné, Guyton-Morveau, Robespierre aîné, Barbaroux, Rhul, Vergniaud, Fabre d'Églantine, Buzot, Delmas, Guadet, Condorcet, Bréard, Camus, Prieur de la Marne, Camille Desmoulins, Barrère, Quinette, Danton,

Sieyes, Lasource, Isnard, Cambacérès, Jean Debry. On vota en outre une liste de dix suppléants. Voilà quelle fut la première ébauche du comité de salut public, ébauche encore pâle et douteuse, ainsi que l'indique son nom, emprunté moitié à l'ancien comité qu'il remplaçait, moitié au comité nouveau qui allait surgir. C'est sans doute pour ce motif que les auteurs qui ont écrit sur le comité de salut public passent ce premier essai sous silence; mais c'est à tort, suivant nous, parce qu'on y voit clairement la véritable origine de la nouvelle institution, et la source toute militaire d'où elle est sortie (*). Au reste, la composition du nouveau comité, où les girondins avaient la majorité, mais où les montagnards étaient en nombre suffisant pour entraver leur politique envahissante, ne se prêtait nullement à cette rapidité d'opérations, à cet accord de vues que la Convention s'en était promis. Il était chargé de préparer et de proposer toutes les lois et les mesures nécessaires pour la défense extérieure et intérieure de la république; il devait appeler à ses séances, au moins deux fois par semaine, les ministres composant le conseil exécutif provisoire, lesquels étaient tenus de lui donner tous les éclaireissements qu'il demanderait; mais on lui avait imposé l'obligation de rendre compte tous les huit jours à la Convention de l'état de la république et de ses opérations qui seraient susceptibles de publicité, et de désigner chaque jour deux de ses membres pour donner à l'assemblée les éclaircissements qui lui seraient demandés sur l'état de la république. Des attributions aussi res

(*) Déjà, en juin 1792, une commission de salut public avait été instituée par l'Assemblée législative pour sauver le pays mis à deux doigts de sa perte par les intrigues de la cour et par les démonstrations hostiles du duc de Brunswick; la patrie fut déclarée en danger; mais la Commune se chargea alors, de son propre mouvement, d'agir avec une énergie dont la représentation nationale se montrait incapable. (Voy. COMMISSIONS.)

treintes ne pouvaient pas plus lui donner la force désirable que la multiplicité de ses membres et la publicité de ses délibérations répondre du secret. En outre, il offrait largement prise aux divisions intestines et aux intrigues; aussi ne tarda-t-il pas à se diviser en deux parties: d'une part, les girondins, ayant Gensonné à leur tête, et possédant l'avantage d'avoir presque toujours fait la loi dans l'ancien comité de défense générale; d'une autre part, les montagnards, dirigés par Danton et par Robespierre, par Danton surtout, et ayant à la fois plus de bonne volonté et plus de vigueur jointes à une intelligence instinctive du maniement des affaires. Robespierre s'aperçut un des premiers que ce comité, institué par le décret du 25 mars, n'était pas à la hauteur des circonstances, et qu'il ne ferait rien de bon. Le 3 avril, à la séance de la Convention, il se crut obligé de donner sa démission, qu'il motiva sur la mauvaise volonté de ce comité, qui, suivant ses expressions, professait des principes contraires à l'égalité, et ressemblait plutôt à un conseil de Dumouriez qu'à un comité de l'Assemblée nationale.

Le lendemain, 4 avril, Isnard proposa une réforme, au nom même du comité de défense générale et de salut public; il demanda l'établissement d'un comité d'exécution composé de neuf membres, chargé de remplir les fonctions attribuées au conseil exécutif des ministres, et de prendre toutes les mesures de défense générale, nécessitées par les circonstances. «Il « faut, dit-il, donner aux ressorts du « gouvernement plus d'action, plus d'énergie, plus d'unité. Les méfian«< ces qui environnent le pouvoir exé« cutif et vos comités, la publicité des « délibérations de ces comités, l'abus qui peut résulter de cette publicité, « l'aveu des ministres eux-mêmes, << tout a concouru à déterminer le co« mité à la mesure qui va vous être << soumise. >> Ces paroles produisirent de l'impression sur l'Assemblée; mais la proposition fut ajournée au lendemain.

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Le 5, en effet, Isnard revint à la charge; cette fois il fut appuyé par Bréard et Barrère. Les ménagements qu'employa ce dernier, pour vaincre les résistances de l'Assemblée, méritent d'être mentionnés, parce qu'ils montrent quelle défiance animait les esprits. « Vous vous effrayez de la dictature, dit-il, tandis que vous << avez confié au comité de surveillance (sûreté générale), à cause des trahi<< sons et des conspirations, le droit << terrible de lancer des mandats d'ar«< rêt et d'amener contre les citoyens. Ce qui suit est relatif au nouveau comité. « ..Un comité sans pouvoir « sur la liberté civile, délibérant sans publicité, sans action sur les finan« ces, sans pouvoir indépendant de « l'Assemblée nationale, exerçant une simple surveillance, délibérant dans << les cas urgents les mesures de salut public, et en rendant compte à la « Convention; pressant l'action du «< conseil exécutif, dénonçant à l'As<< semblée les agents publics suspects << ou infidèles, et suspendant provi<< soirement les arrêtés du conseil exé« cutif, quand ils paraîtront contrai<< res au bien public, à la charge d'en << rendre compte dans le jour à la Con«vention. » C'était sous ces dehors modestes que se présentait le comité qui devait plus tard faire trembler l'Europe et la Convention elle-même. La proposition fut adoptée, et on chargea Isnard, Barrère, Thuriot, Mathieu et Danton de rédiger un projet de décret.

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Enfin, le 6 avril, l'organisation d'un comité, portant cette fois exclusivement le nom de comité de salut public, fut décrétée. Il n'est pas inutile de citer le passage suivant de la réponse de Thuriot à Buzot, qui s'opposait à la mesure : « On a créé un co« mité de sûreté générale qui agit << pour la Convention contre les parti«< culiers, et sans lui en rendre compte. « Ici le comité de salut public est tenu << de vous rendre compte de toutes ses << opérations on craint son influence <«< sur le tribunal criminel; mais on a « démontré que, ne pouvant accuser

T. V. 23° Livraison. (DICT. ENCYCL., ETC.)

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« personne, le tribunal ne peut être « son instrument. » Le décret présenté par Isnard fut adopté en ces termes :

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Art. 1er. Il sera formé, par appel nominal, un comité de salut public, composé de neuf membres de la Convention nationale. Art. II. Ce comité délibérera en secret; il sera chargé de surveiller et d'accélérer l'action de l'administration confiée au conseil exécutif provisoire (des ministres), dont il pourra même suspendre les arrêtés, lorsqu'il les croira contraires à l'intérêt national, à la charge d'en informer sans délai la Convention. Art. III. Il est autorisé à prendre, dans les circonstances urgentes, des mesures de défense générale extérieure et intérieure ; et ses arrêtés, signés de la majorité de ses membres délibérants, qui ne pourront être au-dessous des deux tiers, seront exécutés sans délai par le conseil exécutif provisoire. Il ne pourra, en aucun cas, décerner des mandats d'amener ou d'arrêt, si ce n'est contre ses agents d'exécution, à la charge d'en rendre compte sans délai à la Convention. Art. IV. La trésorerie nationale tiendra à la disposition du comité de salut public, jusqu'à concurrence de 100,000 livres, pour dépenses secrètes, qui seront délivrées par le comité et payées sur les ordonnances qui seront signées comme les arrêtés. (Cet article est renvoyé au comité pour être présenté de nouveau.) Art. v. Il fera chaque semaine un rapport général et par écrit de ses opérations et de la situation de la république.

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- Art. vr. Il sera tenu un registre de toutes les délibérations. Art. VII. Le comité n'est établi que pour un mois. Art. VIII. La trésorerie nationale demeurera indépendante du comité d'exécution et soumise à la surveillance immédiate de la Convention, suivant le mode fixé par les décrets.

Cette seconde tentative d'organisation du pouvoir exécutif, quoique laissant encore beaucoup à désirer sans doute, était cependant en progrès sur l'établissement antérieur d'un comité de défense générale et de salut public.

Un moins grand nombre de membres, le secret dans les délibérations, le droit de diriger les ministres et de suspendre leurs opérations quand ils feraient fausse route, la faculté de punir les agents de l'administration refusant d'obéir aux lois de la hiérarchie, le nom de comité d'exécution glissé dans le corps du décret, étaient autant d'innovations qui ramenaient la Convention vers cette partie des traditions gouvernementales qu'une grande nation ne peut jamais oublier sans imprudence. Du reste, les restrictions ne faisaient pas défaut, et l'on cherchait à reprendre d'une main ce que l'on donnait de l'autre. Le gouvernement naissant, placé sous la tutelle de la Convention, et sous l'inspection du comité de surveillance et de sûreté générale, n'avait d'action que sur les fonctionnaires publics; les finances étaient mises à l'abri de ses atteintes; son budget ne se montait qu'à la somme de 100,000 francs; il était tenu de rendre compte de ses opérations à tout instant du jour; enfin, il ne pouvait prendre des mesures d'exécution que dans les cas urgents et pour la défense extérieure et intérieure. A vrai dire, ce n'était pas encore un gouvernement; mais c'était déjà une pierre d'attente pour aider à édifier plus tard un monument plus solide. La Convention avait beau résister à l'évidence, la force des choses supérieure à ses préjugés l'entraînait insensiblement vers un changement de système.

Immédiatement après l'adoption du décret et séance tenante, l'Assemblée procéda à la nomination du personnel de ce comité, le premier qui porta exclusivement le nom de comité de salut public, bien qu'en réalité on doive le regarder comme le second. Les membres qui réunirent la majorité des suffrages furent: Barrère, Delmas, Bréard, Cambon, Danton, Jean Debry, GuytonMorveaux, Treilhard, Lacroix d'Eureet-Loir. Jean Debry ayant donné sa démission le lendemain, le comité fut réduit à huit membres; mais on ne tarda pas à lui adjoindre Robert

Lindet. Pas un girondin ne fut choisi; mais, pour neutraliser l'influence des montagnards, on leur adjoignit plusieurs membres de la Plaine. La Gironde ne cherchait qu'à lier les bras à Danton, et réservait ses forces pour la fameuse commission des Douze. (Voy. cet article.) Soutenu par Lacroix, Robert-Lindet, et quelques autres, Danton s'appuya sur la Commune, dans le but de renverser les girondins, qui eurent le tort de vouloir jouer au plus fin avec les montagnards, au lieu d'entrer franchement en accommodement avec eux. La révolution du 31 mai leur révéla trop tard la faute qu'ils avaient commise, et, de leur côté, les montagnards ne surent pas se défendre d'abuser de la victoire.

Quoi qu'il en soit, le comité de salut public, institué par le décret du 6 avril 1793, et conservé intact le mois suivant, ne parcourut pas une carrière fort brillante. Le manque d'homogénéité ne lui permettait pas d'exercer une grande influence, dans un moment où la division était dans l'assemblée qui lui avait délégué ses pouvoirs, dans un moment surtout où la puissance de la Commune prenait un développement excessif. A cette époque, et quelque temps encore après, ce n'est pas de la Convention que vient l'impulsion, c'est du peuple, qui est impatient de prouver sa souveraineté et de tout conduire lui-même. Néanmoins, le comité du 6 avril 1793 continua d'exister jusqu'au 10 de juillet de la même annee; au mois de juin cependant, il avait subi une modification dans son personnel par la nomination de Jean BonSaint-André et Gasparin, qui remplacèrent Robert-Lindet et Treilhard.

L'homme qui joua le principal rôle dans ce comité fut Danton, qui avait pris pour sa part d'attributions la conduite des affaires extérieures, et dont la puissance s'était assez considérablement accrue pour inspirer des craintes à tous ceux qui ne voyaient la république que dans l'absence d'un gouvernement unitaire. Le fait est que Danton ne se regardait pas comme

très-éloigné du moment où il mettrait la main sur le pouvoir suprême. Cette ambition non moins précoce qu'imprudente lui suscita des ennemis jusque sur les bancs de la Montagne. Vainqueur de la Gironde depuis le 31 mai, il se flatta de faire prévaloir son système sur celui de la Montagne et de la Commune, avec lesquelles il avait jusque-là marché d'accord. Dans ce but, il changea tout à coup ses batteries: après s'être servi adroitement des deux premiers comités de salut public dont il avait été le personnage influent, il sembla vouloir prendre son point d'appui sur le comité de sûreté générale, qui lui était toujours déYoué, et sur le conseil des ministres, lesquels, pour la plupart, étaient ou ses créatures ou ses partisans. II crut, en outre, se donner plus de liberté d'action en affectant de se retirer de la direction des affaires; une démission volontaire lui parut le meilleur moyen d'occuper une position supérieure, tout en gardant les apparences du désintéressement et de la modération. Mais ses prévisions le trompèrent; en cherchant trop à s'effacer, il se mit plus que jamais en évidence, et devint le point de mire de toutes les attaques. De leur côté, les montagnards désiraient le renouvellement du comité de salut public, où les modérés se trouvaient en trop grand nombre, et qu'ils accusaient d'avoir agi avec mollesse dans les derniers événements. Le 10 juillet, dans la séance du soir de la Convention, Danton proposa lui-même la dissolution de ce comité, et il profita de la circonstance pour prier l'Assemblée de recevoir sa démission, parce qu'il se sentait peu propre à ce genre de travail. Mais il ajouta quelques paroles bien imprudentes: << Formez sans moi un autre comité plus fort et plus nombreux, dit-il; j'en serai l'éperon au lieu d'en être l'agent, et je ferai plus de bien. »

Seconde période. C'est donc au 10 juillet 1793 que remonte la formation du grand comité de salut public, qui apporta à la révolution cette force d'unité qu'elle avait jusqu'alors inuti

lement poursuivie. Mais son personnel, d'abord de neuf membres, puis ensuite fixé à douze, ne se recruta qu'avec peine, et ne fut entièrement complet que vers le commencement du mois de septembre. Les neuf membres nommés le 11 juillet furent Barrère, Gasparin, Couthon, Thuriot, Saint-Just, Prieur de la Marne, Hérault-Séchelles, Robert-Lindet et Jean Bon-Saint-André. Cette administration, où ne figuraient que des montagnards, ne réunissait cependant pas encore les conditions nécessaires pour agir avec ensemble; elle présentait un mélange de dantonistes et de jacobins assez puissants pour se faire contre-poids, pas assez pour prendre l'initiative dans un sens ou dans un autre. Il fallait une épuration quelconque qui assurât la supériorité à ceux-ci ou à ceux-là. La retraite d'un membre démissionnaire (Gasparin) permit à Saint-Just et à Couthon de proposer Robespierre, qui fut admis à l'unanimité, et qui entra dans le nouveau comité le 27 juillet. La nécessité d'imprimer aux affaires de la guerre une direction vigoureuse et éclairée fit rechercher un peu plus tard Carnot et Prieur de la Côte-d'Or, dont les talents militaires allaient être d'un si grand secours; ils furent nommés tous les deux ensemble, le 14 août. Enfin, le 6 septembre, Billaud-Varennes et Collot-d'Herbois, à la grande satisfaction des ultrarévolutionnaires, qui commençaient à se plaindre de la modération du nouveau comité, vinrent lui apporter son dernier appoint. Désormais, sauf l'élimination de Thuriot, qui ne sortit qu'à la fin de septembre, il fut assis sur des bases solides et invariables, du moins pour neuf mois. Les deux derniers choix, faits dans la séance du 6 septembre, achevèrent de ruiner le parti de Danton dans le comité. Vainement la Convention lui offrit d'y prendre rang; il persista dans son refus; faute impardonnable au moment où Billaud-Varennes, son ennemi personnel, allait trouver tant d'occasions pour se venger. Il est à présumer que Danton ne croyait pas plus d'avenir au comité du mois de juillet

qu'à ceux du mois de mars et du mois d'avril. S'il n'avait pas eu l'espérance de le dominer et de le plier à ses désirs, aurait-il, dans cette même séance du 6 septembre, où il eut l'imprudence de se récuser, proposé d'ériger ce comité en gouvernement provisoire? Il le fit parce qu'il ne voyait en lui qu'un marchepied. D'ailleurs, il s'y croyait suffisamment représenté par Thuriot et Hérault-Séchelles; mais ce dernier ne tarda pas à être victime de sa fausse position et de sa conduite plus qu'équivoque. Danton et lui approchaient de leur ruine. Nous n'avons rien dit de Granet, élu en même temps que Billaud-Varennes et Collot-d'Herbois, mais qui donna sa démission, ce qui, après la retraite de Thuriot, laissa à douze le nombre des membres restants.

Tel était, au mois de septembre de l'année 1793, le duodécemvirat auquel était réservée la gloire de sauver la révolution. Il acceptait la direction des affaires dans un moment de crise, où le plus grand nombre commençait à désespérer du succès. La moitié de la France en rébellion; l'Europe entière en armes, maîtresse de nos places fortes et ayant déjà pénétré au coeur de la France, à quelques lieues de Paris; une armée dénuée de tout, démoralisée et abandonnée par ses généraux; notre marine livrée aux Anglais avec l'arsenal de Toulon; Dunkerque à la veille de subir le même sort; le pays ruiné, affamé; les parents et les amis des émigrés favorisant à l'intérieur les entreprises du dehors et prêtant main-forte aux girondins révoltés; la Vendée en feu; tel était l'état des affaires lorsque douze hommes énergiques et dévoués acceptèrent le fardeau du gouvernement. Encore n'avons-nous pas parlé des entraves que leur suscitaient la jalousie ombrageuse de la Convention, voyant partout le fantôme de la dictature; l'exagération et l'indiscipline de la Commune toute-puissante et aveuglée par les intrigues des agents de la coalition; le mauvais vouloir des dantonistes, qui ne gênaient pas moins sa

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