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Ainsi, nos colonies rapportent au trésor 34 millions, 26 en défalquant les 8 millions qu'elles nous coûtent; elles donnent lieu à un commerce entre elles et la France, dont le chiffre s'élève à 146 millions; elles occupent 18 mille matelots. Certes ces résultats, sans parler de l'importance politique qu'ont nos colonies, méritent qu'on regarde ces possessions comme ayant une grande valeur; et cependant leur état actuel est loin d'être aussi prospère qu'il pourrait l'être si les préjugés ne s'y opposaient. De plus, il faut remarquer qu'Alger n'entre pour rien dans ces chiffres; l'état de guerre, si maladroitement prolongé, empêche la colonisation de cette contrée, et l'apathie inexplicable du gouvernement arrête et paralyse les efforts des particuliers. Quelle serait donc l'importance de nos colonies, si Bourbon, la Guadeloupe et la Martinique abolissant l'esclavage et adoptant les procédés de l'industrie européenne, entraient enfin dans une voie de progrès rationnels; si on savait tirer parti de la Guiane, défricher ce pays si fertile et si salubre, quoi qu'on dise, et qui pourrait devenir pour nous de véritables grandes Indes, et des Indes placées à 1,200 lieues du Sénégal, c'est-à-dire à dix jours d'une de nos principales colonies; si on voulait enfin s'établir à Madagascar et en tirer le riz, ce pain des pauvres, dont on pourrait nourrir une partie de notre population, et dont le commerce offrirait un nouveau développement à notre navigation sur le golfe Arabique et sur la Méditerranée; si on donnait aux pêcheries du Sénégal toute l'extension dont elles sont susceptibles; si l'on régularisait la pêche du corail sur la côte d'Alger, en l'encourageant par des primes; si l'on faisait enfin tout ce qu'il y aurait à faire, et surtout si l'on organisait l'Algérie? D'ici à un demisiècle, nous aurions une puissance coloniale supérieure à celle de toute autre nation. La France aurait repris sa position dans la Méditerranée, et elle aurait ressaisi la puissance qui semble lui échapper.

Quand donc la France, sortant enfin de sa torpeur, comprendra-t-elle qu'elle abandonne les traditions de ses ancêtres, qu'elle fait défaut à son passé et qu'elle marche à sa ruine? Quand donc l'esprit public, réveillé de ce long sommeil où des intérêts égoïstes l'ont plongé, reprendra-t-il enfin son énergie? Dieu seul le sait; mais, jusque-là, n'espérons pas que le pays comprenne ce qu'il peut faire de ses colonies. Il est même à craindre, car il faut tout dire, qu'un jour vienne où l'on veuille les abandonner. Un parti puissant exploite cette idée. Il est des gens qui proposent chaque année à l'assemblée chargée de défendre les intérêts et l'honneur du pays, l'abandon d'Alger, et dont les discours, traduits en arabe par les ordres d'Abd-elKader, vont servir ensuite de proclamations contre nos armées. Il s'est trouvé un ministre qui, abandonnant l'Atlantique à l'Angleterre, osait lui abandonner aussi d'un seul coup, dans ses coupables prévisions, les Antilles, la Guiane, le Sénégal, Madagascar, Bourbon, les pêcheries de Terre-Neuve; et quelques esprits, soit lâcheté, soit découragement, semblent aujourd'hui désirer ce honteux sacrifice. En présence d'un tel état de choses, la tâche des véritables amis du pays doit être de rappeler de toutes leurs forces la grande tradition française; de dire et de répéter que moins nos colonies sont nombreuses, plus il faut s'efforcer de les conserver, plus il faut chercher à en tirer parti; que moins nous en avons, plus il faut travailler à en acquérir de nouvelles. L'avenir de la France est là; son commerce, son industrie, sa marine, son influence, la grandeur de son nom y sont intéressés. Qui oserait proposer de sacrifier tout cela ?

COLORNO (siége du château de). Le marquis de Maillebois, commandant les armées françaises en Italie, se porta, au mois de juin 1734, sur le château de Colorno, place très-forte, sur le Pô. Une action longue et meurtrière s'engagea entre les Français et le général autrichien de Wurtemberg, rangé en bataille derrière le château.

Celui-ci fut obligé à la retraite, après un combat de neuf heures, abandonnant la garnison et deux mille cinq

cents morts.

COLOSSE D'OSIER. La religion druidique avait, comme on sait, adopté les sacrifices humains. Souvent on remplissait d'hommes vivants, de prisonniers de guerre, un colosse d'osier posé sur un vaste bûcher. Les druides, les bardes et le peuple l'entouraient en foule. Les voix et les gémissements des victimes étaient couverts par les cris, les chants, le son des harpes, des trompes et des autres instruments de musique. Un prêtre mettait le feu au bûcher, et tout disparaissait dans des tourbillons de flamme et de fumée. COLOT. - Ce nom est celui d'une famille qui, pendant plus d'un siècle et demi, pratiqua presque seule en France la taille, par la méthode dite haut appareil. Laurent Colot ou l'ancien, médecin à Tresnel, en Champagne, avait appris cette méthode d'Octavien de Ville, qui la tenait de Mariano Santo de Barletta. En 1556, Henri II l'appela à Paris, le fit chirurgien de sa maison et créa pour lui une charge de lithotomiste à l'Hôtel-Dieu. Cette charge fut possédée par ses descendants jusqu'à Philippe Colot. Laurent Colot enseigna sa méthode à son fils, dont il vit bientôt la célébrité égaler la sienne. Celui-ci fut père d'un troisième Laurent Colot, qui hérita de l'habileté de son père et de son aïeul, et donna le jour à Philippe Colot. Ce fut lui qui, atteint lui-même de la pierre, se fit tailler par son propre fils. Connu dans toute l'Europe et appelé de tous côtés, Philippe Colot ne réserva pas pour lui seul le secret qu'il tenait de ses pères; il associa à ses travaux Girault, son neveu, et Séverin Pineau. Le fils de ce Girault fut à son tour le maître de François Colot, qui mourut le 25 juin 1706, et composa un Traité de l'opération de la taille avec des observations sur la formation de la pierre et les suppressions d'urine, qui fut publié en 1727, vingt et un ans après sa mort.

COLSON (Guillaume-François), pein

tre d'histoire, né à Paris le 1er mai 1785. Admis de bonne heure dans l'atelier de David, il y fit en peu de temps des progrès remarquables. Mais abandonné de ses parents, et forcé de travailler pour vivre, il ne put obtenir le grand prix de peinture. Cependant il ne se rebuta pas; et bientôt (1812), il débuta par une œuvre capitale. Nous parlons de son grand tableau représentant la clémence de Bonaparte envers une famille arabe. Cet épisode de l'expédition d'Égypte attira l'attention de tous les juges éclairés. « M. Colson, << dit David, en parlant de ce tableau, << est devenu un très-habile homme; il «<en a donné la preuve dans la dernière exposition; il est du nombre des « élèves destinés à illustrer mon école, je dirais presque son pays; je fais la plus haute estime de son grand ta<< lent. >> Depuis ce temps, M. Colson a exposé, en 1819, un Saint Charles Boromée communiant les pestiférés dans le lazaret de Milan; ce tableau, qui orne aujourd'hui la chapelle principale de l'église Saint- Merry, est d'une composition sage, également bien entendue d'effet et d'expression. Il a exposé, en 1824, un Agamemnon méprisant les prédictions de Cassandre, qui se trouve maintenant au musée de Nantes. Nous croyons que cet artiste est aujourd'hui à la Havane.

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COLUMB OU COLOMB (Michel), le plus grand sculpteur de l'école de Tours, naquit vers 1431; ses œuvres, qui font depuis longtemps l'admiration des connaisseurs, étaient cependant restées anonymes; c'est seulement dans ces derniers temps qu'on a pu les restituer au grand artiste, dont l'inscription funéraire renferme les seuls documents qu'on ait jusqu'ici sur les événements de sa vie. « Je n'étois, dit-il, qu'un pauvre enfant, sans appui, courant sur les routes, à la merci de Dieu et des saints patrons de nos villages, oubliant souvent boire et manger pour voir travailler à toutes les belles croix en pierre qui ornent les lieux saints du diocèse de Léon, et faisant moi-même de petites images en bois avec un mauvais couteau, lors

que de vénérables prêtres me prirent en pitié et se chargèrent de me nourrir, en me disant: Travaille, petit, regarde tout ton saoul, et le clocher à jour de Saint-Pol, et les belles œuvres des compaignons; regarde, aime le bon Dieu, le doux Sauveur et la benoiste Vierge Marie, et tu auras la grâce des grandes choses; tu seras en renom dans le Léon et la belle duché de Bretagne. Ainsi je faisois depuis longtemps pour devenir habile ouvrier, lorsque notre duchesse Anne m'a commandé le tombeau de notre gracieux duc François II et de la duchesse Marguerite (*).

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On ne connaît aucun des ouvrages exécutés par Columb avant ce mausolée, l'une des plus belles productions de l'art français. Ce fut en 1507 qu'il termina ce chef-d'œuvre. Peu de temps après, Marguerite d'Autriche, voulant élever à Notre-Dame de Brou le mausolée de Philibert de Savoie, chargea Columb de cet ouvrage, qui fait aussi l'admiration des connaisseurs, et que les découvertes de M. Leglay ont dernièrement restitué à son véritable auteur. Columb est mort après l'année 1512, à l'âge de plus de quatre-vingtun ans, laissant une nombreuse école. COMBAT A LA BARRIÈRE. Le combat à la barrière fut, avec la joute, le tournoi, le behours ou behourdis et le pas d'armes, un de ces jeux militaires qu'inventa, dit-on, Geoffroy de Preuilly, gentilhomme tourangeau, au treizième siècle, et dont le goût devint bientôt une passion chez la noblesse francaise. Il consistait en une lutte dans laquelle deux troupes de chevaliers, descendus de leurs coursiers, s'atteignaient avec la massue, le sabre et la hache, jusqu'à ce qu'un des deux partis eût repoussé l'autre au delà d'une barrière qui fermait la lice. Il est très-fréquemment parlé de combats à la barrière dans les romans de chevalerie et dans la partie descriptive et héroïque de l'histoire de France au moyen âge; ce jeu n'était pas cependant aussi recherché que les

(*) Gnépin, Histoire de Nantes, p. 202.

autres, parce que, pour s'y livrer, il fallait mettre pied à terre, et combattre à la manière des vilains, et que les gentilshommes tenaient singulièrement à parader devant les dames sur leurs grands et lourds chevaux de bataille. Le combat à la barrière a pris fin, avec les autres exercices semblables, vers le milieu du seizième siècle. COMBAT OU DUEL JUDICIAIRE. L'usage du combat judiciaire fut importé dans les Gaules par les peuples germaniques. On le trouve en effet prescrit, dans certaines circonstances, par la loi des Ripuaires et par toutes les autres lois barbares, à l'exception de la loi salique. A cette époque, toute question se réduisait en fait, et il n'y avait d'autres preuves du fait que le serment, soit de la partie, soit de ses témoins, et le combat. Gondebaud, dans sa loi Gombette, confirma cette institution, «afin, dit le texte, qu'on ne fît plus de serments téméraires sur des « faits obscurs, et de faux serments sur « des faits certains. >>

«

La plus ancienne relation d'un combat judiciaire se trouve dans Grégoire de Tours. « L'an 590, dit-il, pendant que Gontran chassait dans la forêt des Vosges, il trouva la dépouille d'un buffle qu'on avait tué. Il pressa de questions le garde de la forêt pour savoir qui avait osé en agir ainsi dans une forêt royale. Le garde nomma Chundon, chambellan du roi. Le roi alors fit arrêter ce dernier, qui fut conduit à Châlons chargé de chaînes. Mais lorsque ces deux hommes discutèrent en présence du roi, Chundon dit qu'il n'était point coupable de ce dont on l'accusait, et le roi ordonna le combat. Le chambellan présenta son neveu pour combattre à sa place. Les deux champions entrèrent dans la lice. Le jeune homme porta un coup de lance au garde, et lui perça le pied; et le garde étant tombé aussitôt sur le dos, le jeune homme tira le poignard qui pendait à sa ceinture, et lorsqu'il cherchait à couper la gorge à son adversaire terrassé, il fut lui-même blessé au ventre d'un coup de poignard, et tous deux tombèrent morts. Chundon

alors s'enfuit vers la basilique de SaintMarcel; mais le roi cria qu'on l'arrêtât. On l'atteignit avant qu'il pût toucher le seuil sacré, on l'attacha à un poteau, et il fut lapidé. Dans la suite, le roi se repentit beaucoup d'avoir cédé avec tant de précipitation à la colère, au point de faire périr si promptement, pour une faute légère, un homme fidèle et nécessaire. >>

L'usage du combat judiciaire avait paru s'affaiblir sur la fin de la première race, par suite de l'influence du clergé, qui cherchait à y substituer le serment. Mais Charlemagne fut, par les remontrances des grands de l'empire, obligé de le rétablir. L'anecdote suivante, que nous empruntons à l'un des chroniqueurs de cette époque, est de nature à faire voir combien cette coutume était alors populaire; elle donnera d'ailleurs une idée du cérémonial usité dans ces cir

constances:

« Les Francs, dit Ermold le Noir, ont une coutume qui remonte à la plus haute antiquité, dure encore, et sera, tant qu'elle subsistera, l'honneur et la gloire de la nation. Si quelqu'un, cédant à la force, aux présents ou à l'artifice, refuse de garder envers le roi une éternelle fidélité, ou tente, par un art criminel, contre le prince, sa famille ou sa couronne, quelque entreprise qui décèle la trahison, et si l'un de ses égaux se présente et se porte son accusateur, tous deux doivent à l'honneur de se combattre le fer à la main en présence des rois, des Francs et de tout ce qui compose le conseil de la nation, tant est forte l'horreur qu'a la France pour un tel forfait. Un grand nommé Béro, célèbre par d'immenses richesses et une excessive puissance, tenait de la munificence de l'empereur Charles le comté de Barcelone, et y exerçait depuis longtemps les droits attachés à son titre. Un autre grand, auquel son propre pays donnait le nom de Sanilon, exerça des ravages sur ses terres; tous deux étaient Goths de naissance. Ce dernier se rend auprès du roi, et porte, en présence du peuple et des grands assemblés, une hor

rible accusation contre son rival. Béro nie tout. Alors tous deux s'élancent à l'envi, se prosternent aux pieds illustres du monarque, et demandent qu'on leur mette dans les mains les armes du combat. Béro s'écrie le premier: « César, je t'en supplie au nom « même de ta piété, qu'il me soit per<< mis de repousser cette accusation; << mais qu'il me soit permis aussi, con<< formément aux usages de notre na<< tion, de combattre à cheval, et de me << servir de mes propres armes. » Cette prière, Sanilon la répète avec instance. « C'est aux Franes, répond César, qu'il appartient de prononcer; c'est leur droit; il convient qu'il en soit ainsi, << et nous l'ordonnons. » Les Francs rendent leur sentence dans les formes consacrées par leurs antiques usages. Alors les deux champions préparent leurs armes, et brûlent de s'élancer dans l'arène du combat. César, poussé par son amour pour Dieu, leur adresse cependant ce peu de paroles, expression vraie de sa bonté: « Quel que soit «< celui de vous qui se reconnaîtra vo

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lontairement coupable du crime qu'on« lui impute, plein d'indulgence et en«< chaîné par mon dévouement au Sei«gneur, je lui pardonnerai sa faute, << et lui remettrai toutes les peines dues « à son délit. Croyez-le, il vous est

plus avantageux de céder à mes con<< seils que de recourir aux cruelles ex<< trémités d'un horrible combat. >> Mais ces deux ennemis renouvellent leur demande avec instance, et crient : « C'est <«<le combat qu'il nous faut; que tout << soit disposé pour le combat. » Le sage empereur, cédant à leurs désirs, leur permet de combattre selon la coutume des Goths, et les deux rivaux ne tardent pas un instant à lui obéir.

« Tout près du château impérial, nommé le palais d'Aix, est un lieu remarquable, dont la renommée s'étend au loin. Entouré de murailles toutes de marbre, défendu par des terrasses de gazon et planté d'arbres, il est couvert d'une herbe épaisse et toujours verte; le fleuve, coulant doucement dans un lit profond, en arrose le milieu, et il est peuplé d'une foule d'oi

seaux et de bêtes fauves de toute espèce. C'est là que le monarque va souvent, et quand il lui plaît, chasser avec une suite peu nombreuse; là, ou bien il perce de ses traits des cerfs d'une immense stature, et dont la tête est armée de bois élevés, ou bien il abat des daims et d'autres animaux sauvages; là encore, lorsque, dans la saison de l'hiver, la glace a durci la terre, il lance contre les oiseaux ses faucons aux fortes serres; là se rendent Béro et Salinon, tremblants de colère. Ces guerriers, d'une haute taille, sont montés sur de superbes coursiers; ils ont leurs boucliers rejetés sur leurs épaules, et des traits arment leurs mains; tous deux attendent le signal que le roi doit donner du haut de son palais; tous deux aussi sont suivis d'une troupe de soldats de la garde du monarque, armés de boucliers, conformément aux ordres du prince, et qui, si l'un des champions a frappé du glaive son adversaire, doivent, suivant une coutume dictée par l'humanité, arracher celui-ci des mains de son vainqueur, et le soustraire à la mort. Dans l'arène est encore Gundold, qui, comme il en a l'habitude dans ces occasions, se fait suivre d'un cercueil. Le signal est enfin donné du haut du trône. Un combat, d'un genre nouveau pour les Francs, et qui leur était inconnu jusqu'alors, s'engage entre les deux rivaux. Ils lancent d'abord leurs javelots, se servent ensuite de leurs épées, et en viennent à une lutte furieuse, ordinaire chez leur nation. Déjà Béro a percé le coursier de son ennemi. Aussitôt l'animal furieux se cabre sur lui-même, et fuit à toute course à travers la vaste prairie. Salinon feint de se laisser emporter, lâche enfin les rênes, et de son épée frappe son adversaire, qui alors s'avoue coupable. Aussitôt la vaillante jeunesse accourt, et, fidèle aux ordres de César, arrache à la mort le malheureux Béro, épuisé de fatigue. Gundold s'étonne, et renvoie son cercueil sous le hangar d'où il l'avait tiré; mais il le renvoie vide du fardeau qu'il devait porter; car César accorde la vie au

vaincu, lui permet de se retirer sain et sauf, et pousse même la clémence jusqu'à consentir qu'il jouisse des produits de ses terres (*). »

L'influence civilisatrice du clergé gallo-romain, qui, ainsi que nous l'avons dit, avait presque fait abandonner, à la fin de la première race, l'usage des combats judiciaires, finit par agir sur les compagnons de Charlemagne, comme elle avait agi sur ceux de Clovis. Cette coutume barbare subsista toutefois dans toute sa force tant que la famille carlovingienne se maintint sur le trône; mais à partir de l'avénement des Capétiens, elle commença à s'affaiblir. En 1041, fut instituée, par Henri Io, la Tréve du Seigneur, qui, en mémoire de la passion de Jésus-Christ, défendit, sous peine d'excommunication, de livrer aucun combat, depuis le mercredi jusqu'au lundi de chaque semaine.

En 1145, Louis VI abolit par une charte l'usage qui autorisait le prévôt de Bourges à appeler en duel quiconque n'obéissait pas à ses mandats, et il défendit, en 1167, le combat dans les procès, quand la chose en litige ne dépasserait pas la valeur de cinq sous.

En 1260, un édit de saint Louis défendit, mais seulement dans les domaines du roi, les duels ou gages de bataille. Le parlement avait encore ordonné, en 1256, un combat singulier pour cause d'adultère. Philippe le Bel, qui avait défendu pour toujours, en 1303, les combats en matière civile, les rétablit en 1306 par un édit qui les restreignit à quatre cas, et en régla le cérémonial.

En 1386, le parlement, qui déjà, en 1354, avait ordonné un combat pour une accusation de viol, prononça un arrêt semblable dans une cause de même nature entre les nommés Carouge et Legris. La femme de Carouge accusait Legris de l'avoir violée. Celuici nia le fait; sur la plainte de Carouge, le parlement déclara qu'il échéoit gage, et ordonna le combat. Legris fut tué. Cependant son innocence fut procla

(*) Ermoldus Nigellus, p. 77 et suiv.

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