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venait d'être créé et dont le titulaire prenait rang après le mestre de camp commandant.

Une ordonnance du 17 mars 1788, en supprimant les mestres de camp en second, rendit aux mestres de camp commandants le titre de colonel, que ces officiers supérieurs n'ont plus quitté, si ce n'est depuis le décret du 21 février 1793, qui substitua à cette dénomination celle de chef de brigade, jusqu'au décret du 1er vendémiaire an x11, qui le rétablit.

Un décret impérial du 23 mars 1809 créa quarante-six colonels en second, destinés à commander tous les corps provisoires dont la formation pourrait être jugée nécessaire. Le nombre de ces officiers fut réduit à vingt, par décret du 9 mars 1811. Leur grade fut supprimé à la restauration.

La loi d'avancement du 14 avril 1832 laisse entièrement au choix du roi la nomination des colonels; elle n'impose aux candidats d'autre condition que celle d'avoir servi au moins deux ans dans le grade de lieutenantcolonel.

Les attributions de ces officiers étaient autrefois fort étendues; ils marchaient dans la hiérarchie immédiatement après les généraux en chef; mais leur importance alla toujours en déclinant, à mesure que de nouveaux agents intermédiaires vinrent se placer entre eux et le pouvoir suprême, et leur autorité se trouva en définitive à peu près resserrée dans les limites où elle est actuellement renfermée.

Les devoirs et l'autorité du colonel s'étendent aujourd'hui à toutes les parties du service; il est responsable de la police, de la discipline, de la tenue, de l'instruction, et il dirige l'administration du corps dont le commandement lui est confié. Il veille à ce que les officiers des différents grades restent tous dans leurs attributions. Son autorité doit se faire sentir plutôt par impulsion que par une action immédiate. En un mot, il exerce sur son régiment l'influence que donne la supériorité de l'instruction, du talent et de la bonne conduite. Tels sont, du

moins, les voeux du règlement; mais il faudrait, pour qu'ils fussent remplis, que le mérite reconnu eût plus de part que la faveur et les considérations politiques, au choix des chefs de corps, et c'est ce qui, malheureusement, n'arrive pas toujours.

Colonel général de l'infanterie. Ce fut dix ans après l'institution des légions, vers l'an 1544, que François Ier créa la charge de colonel général de l'infanterie. Cette charge était la plus considérable de l'armée après celle de maréchal. Ses prérogatives étaient très-grandes, et elles furent encore augmentées sous le règne de Henri III, qui, en 1584, l'érigea en charge de la couronne. Le colonel général commandait toute l'infanterie; c'était lui qui commissionnait les officiers, et aucune nomination, même pour l'emploi de caporal ou d'anspessade, ne pouvait être faite sans son agrément. Il avait deux compagnies colonnelles qui tenaient le premier rang parmi les autres compagnies ou bandes de l'armée, et qui seules avaient le droit de porter un drapeau blanc. Lorsque les régiments eurent été institués, chacun d'eux eut sa compagnie colonnelle, qui était la première du régiment, et dont le capitaine prit le titre de lieutenant-colonel, comme représentant ou tenant lieu du colonel général.

Nous avons vu que la charge de colonel général avait été supprimée et rétablie à différentes époques. Sous l'empire, il n'exista point de colonel général de l'infanterie, mais ce titre reparut pour quelque temps au commencement de la restauration ; il y eut même un colonel général de l'infanterie légère.

Voici la liste des colonels généraux de l'infanterie, depuis leur création jusqu'à nos jours:

1544. Jean, sire de Taix, nominé par commission. 1547. Charles de Cossé, comte de Brissac, id. 1547. Gaspard de Coligny, seigneur de Châtillon, en titre d'office.

1555. François de Coligny, son frère, seigneur d'Andelot, id.

1558. Blaise de Montluc, id.

1560. Charles de la Rochefoucauld, comte de Ran

dan, id.

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A la mort de ce dernier, en 1661, la charge de colonel général fut supprimée. 1721. Elle fut rétablie par Louis XV en 1721, pour Louis Ier duc de Chartres, depuis due d'Orléans, qui donna sa démission le 5 décembre 1730.

1780. Louis XVI rétablit de nouveau la charge de colonel général en 1780, et en revêtit Louis de Bourbon, prince de Condé, qui l'occupa jusqu'en 1788, époque où elle fut encore une fois supprimée.

En 1814, Louis XVIII rendit au prince de Condé le titre de colonel général, et ce prince le conserva jusqu'à sa mort, arrivée en 1818.

Le duc de Bourbon, son fils, fut pourvu, en 1814, du titre de colonel général de l'infanterie légère.

Depuis, la charge de colonel général de l'infanterie a été définitivement supprimée.

Colonel général des Suisses et Grisons. Cette charge n'était autrefois qu'un emploi temporaire, et cependant il était toujours occupé par un prince. Charles IX l'érigea en titre d'office en faveur de Charles de Montmorency de Méru, en 1571. Le commandement de toutes les troupes suisses lui fut attribué, excepté toutefois celui de la compagnie des cent Suisses de la garde. Cette charge n'était point une charge de la couronne; cependant celui qui en était pourvu prêtait serment entre les mains du roi.

Le colonel général des Suisses avait différents priviléges, tels que celui de la nomination aux emplois de colonel et de capitaine, celui de faire porter les couleurs de sa livrée aux drapeaux des compagnies, excepté à celui de la compagnie dont il était le chef, que l'on nommait la générale. Cette compagnie avait le drapeau blanc, et marchait en tête du régiment des gardes suisses, quoiqu'elle formât un corps séparé.

Le colonel général avait chez lui

une compagnie de garde avec le drapeau, indépendamment de la garde qu'il devait avoir comme prince ou comme officier général de l'armée; il pouvait faire grâce, même pour crime capital, aux officiers et soldats de sa compagnie, et décidait souverainement de toutes les querelles entre les officiers suisses. Il avait en outre une garde de douze trabans ou hallebardiers, entretenus aux dépens du roi. Il portait, pour marque distinctive de sa dignité, six drapeaux du régiment des gardes passés en sautoir derrière l'écusson de ses armes.

La charge de colonel général des Suisses et Grisons disparut à la révolution; mais l'empereur la rétablit, et la restauration la conserva. Elle a été de nouveau supprimée à la révolution de 1830.

Les colonels généraux des Suisses et Grisons ont été, depuis la création de cette charge:

Le comte de Montmorency de Méru, en..
De Harlay de Sanci, en...

destitué en 1632.

Henri duc de Rohan, en...

Le maréchal de Bassompierre, en.

Le marquis de la Châtre, en...

Le marquis de Coislin, en

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1571

1596

1605

1614

1632

1642

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........

...

1809

1814

1824

Colonel général de la cavalerie légère et étrangère. — La création de ce grade remonte à Louis XII, qui nomma M. de Fontrailles capitaine général des Albanais. Sous Henri II, cette charge fut remplacée par celle de colonel général de la cavalerie; mais elle n'était donnée que par commission, et elle ne fut érigée en titre d'office que sous Charles IX, en 1565.

Les priviléges du colonel général de la cavalerie étaient considérables : cet officier commandait toutes les troupes de son arme, les passait en revue quand il le jugeait convenable,

présentait à la nomination du roi pour tous les emplois; les commissions n'étaient valables qu'autant qu'elles avaient été présentées à son visa, ce qui s'appelait prendre l'attache du colonel général; enfin, il avait la haute inspection sur la police, la discipline, l'administration, les remontes, etc.

Louis XIII ayant pris à sa solde beaucoup de cavalerie allemande, créa pour cette cavalerie un colonel général qui fut indépendant de celui de la cavalerie française. Cette charge fut donnée par commission, en 1636, à Jean Streiff de la Vonslin. Le baron d'Engenfeld lui succéda en 1638, et lorsque ce dernier quitta, peu d'années après, le service de France, sa charge fut supprimée et réunie à celle du colonel général de la cavalerie française et étrangère.

Ce dernier office fut aboli en 1790, et ne fut point rétabli depuis.

Le colonel général de la cavalerie légère portait pour marque de sa dignité six cornettes aux armes de France, passées en sautour derrière l'écu de ses armes.

Voici la liste de ces officiers, depuis leur origine jusqu'à leur suppression:

De Fontrailles, premier capitaine général des
Albanais, sous Louis XII, en..

1495

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reur, créa plusieurs colonels généraux de sa maison militaire, et investit de cette dignité, pour les grenadiers à pied, le maréchal Davoust; pour les chasseurs à pied, le maréchal Soult; pour la cavalerie, le maréchal Bessières; pour l'artillerie et les matelots, le maréchal Mortier. Le prince Eugène Beauharnais porta pendant quelques années le titre de colonel général des chasseurs à cheval; et en 1813, le maréchal Suchet fut nommé l'un des colonels généraux de la garde. Cette dignité fut abolie en 1814.

Colonel général des carabiniers.Le prince Louis, frère de l'empereur, fut le seul qui posséda ce titre sous l'empire. Le duc d'Angoulême le prit en 1814, et le porta jusqu'à la révolution de juillet 1830, où il fut supprimé.

Colonel général des chasseurs à cheval. Ce titre, créé en 1808 pour le général de division Marmont, depuis duc de Raguse, fut donné l'année suivante au général de division comte Grouchy, lorsque Marmont fut élevé à la dignité de maréchal de l'empire. Il fut aboli à la restauration.

Colonel général des chevau-légers lanciers. Ce titre, conféré, par ordonnance du 16 mai 1814, au duc de Berri, fut porté par ce prince jusqu'à sa mort, arrivée en 1820.

Colonel général des cuirassiers.Ce titre, conféré par l'empereur, en 1808, au général de division Gouvion Saint-Cyr, fut ensuite porté par le général de division Belliard. Louis XVIII le donna, en 1814, au duc d'Angoulême, qui le porta jusqu'en 1830. Colonel général des dragons. Les attributions de cette charge étaient à peu près les mêmes que celles du colonel général de la cavalerie légère. Créée en 1668, pour le duc de Lauzun, elle ne fut supprimée qu'à la révolution de 1789. Le titre fut rétabli sous l'empire, conservé par la restauration, et aboli une dernière fois par la révolution de juillet. Avant 1789, le colonel général portait pour marque distinctive de sa dignité six étendards semés de fleurs de lis, et passés en sautoir derrière l'écu de ses

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Colonel général des hussards. Cette charge, créée par Louis XVI, le 22 novembre 1778, en faveur du duc d'Orléans, était un démembrement de celle de colonel général de la cavalerie légère. Elle fut supprimée en 1790. Le titre fut rétabli par l'empereur en 1808, et conféré au général de division Junot, duc d'Abrantès, qui, à sa mort, eut pour successeur le général de division duc Charles de Plaisance, qui le conserva jusqu'à la restauration de 1814. A cette époque, une ordonnance du 16 mai en investit le duc d'Orléans, aujourd'hui Louis-Philippe.

COLONIES. - Il existe aujourd'hui chez quelques hommes des préjugés contre lesquels on ne saurait trop s'élever, car ils sont contraires à la tradition nationale de la France et peuvent mettre le pays en danger, compromettre son avenir, et devenir un obstacle au rôle qu'il veut et doit jouer dans le monde. Parmi ces préjugés, il en est un surtout que tout vrai patriote doit combattre à outrance, c'est celui qui est relatif aux colonies. « Nous ne << sommes pas, ose-t-on dire, un peuple « colonisateur; le génie de la colonisa«tion nous manque; notre histoire le "prouve; nous n'avons eu des colonies qu'après les autres peuples de l'Eu«rope et nous n'avons pas su les garder, nous ne savions qu'en faire. » Cette coupable théorie nécessiterait,

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si elle était admise, l'abandon des colonies que possède aujourd'hui la France; elle causerait la ruine de notre marine et la perte de notre influence dans le monde; elle nous ravirait la part qui nous est due, dans le droit, de propager au loin les bienfaits de la civilisation. Enfin, la dernière conséquence d'une telle manière de voir, serait pour nous d'abandonner à notre éternelle rivale les mers et le commerce, pour être rejetés sur le continent, et mis aux prises avec notre véritable alliée, l'Allemagne.

Cherchons donc à réfuter, par l'histoire, les assertions de ces hommes, qui cherchent dans l'histoire, qu'ils altèrent à dessein, des arguments pour soutenir leurs assertions mensongères, et justifier en quelque sorte leurs coupables menées.

Il n'est pas vrai que la France soit venue à la suite des autres nations de l'Europe dans le grand mouvement de découvertes géographiques et de colonisation qui eut lieu au, quinzième et au seizième siècle. La France les avait, au contraire, précédées toutes de plus de deux siècles. Dès le milieu du quatorzième siècle, elle avait fait d'immenses découvertes et fondé d'importantes colonies en Afrique; et l'on serait même presque en droit de regarder la tentative faite par saint Louis contre Tunis comme une première manifestation de cette tendance de la France à s'étendre et à propager au loin ses idées.

Aucun gouvernement n'a jamais failli chez nous à la mission civilisatrice de la nation. Charles VIII allait s'entendre avec Christophe Colomb et lui donner ces vaisseaux qu'il avait vainement sollicités partout, lorsque Isabelle, déterminée peut-être par la connaissance de ce fait, ordonnà l'expédition. Le cardinal d'Amboise envoya Aubert en Amérique, et celui-ci découvrit le Canada. François Ier, à son tour, fit faire d'autres tentatives; mais alors la France, occupée de combattre pour sauver l'indépendance de l'Europe menacée par Charles-Quint, ne pouvait prêter une attention exclu

T. v. 20 Livraison. (DICT. ENCYCLOP., ETC.)

20

sive à la fondation de colonies lointáines. Plus tard, Villegagnon s'établit au Brésil. Sully, Richelieu, Colbert, Choiseul, Vergennes, Turgot, tous nos grands ministres, ont compris l'importance des colonies, auxquelles ils ont consacré tous leurs soins. Le peuple lui-même a toujours, en ce point, secondé ses gouvernants; c'est ce que doivent prouver sans réplique les nombreuses compagnies qui se formèrent dans le cours du dix-septième siècle pour l'exploitation des possessions françaises en Afrique et dans les Indes; c'est ce qué prouve avant tout la liste chronologique des colonies fondées par les Français, et des tentatives qu'ils ont faites à différentes époques pour former des établissements au delà des mers (*).

1365. Colonies fondées par les Dieppois au Sénégal et dans la Guinée.

Vers 1400. Établissement de Béthencourt aux Canaries.

Vers 1491. Charles VIII appelle Christophe Colomb. 1503. Tentatives commerciales dans les Indes. 1506. Aubert découvre le Canada. 1525. Le Florentin Jean Verazzani prend possession de Terre-Neuve au nom du roi de France.

1535. Jacques Cartier à Terre-Neuve et au Canada (**).

1541. Premier établissement au cap Breton. 1557. Établissement de Villegagnon à Rio-de

Janeiro.

1560. Établissement au bastion de France (Algérie).

1604. Développement de la colonie de TerreNeuve, en vue de la pêche de la morue.

(*) Cette liste a été dressée principalement d'après la Notice statistique des colonies, publiée par le ministère; elle est en tous points en contradiction avec le Manuel de Heeren sur l'histoire moderne, ouvrage incomplet et inexact, et que trop d'historiens copient, sans songer à vérifier les renseignements qu'ils y trouvent.

(**) En 1539, le roi rendit une ordonnance qui nommait le seigneur de Roberval, chef de l'armée envoyée au Canada, pour s'emparer des pays non occupés par les princes chrétiens, et autorisait cet officier à se faire livrer les prisonniers condamnés à mort, pour les mener à cette expédition. Cette ordonnance fut bientôt suivie d'une autre qui prescrivit aux justiciers de livrer les prisonniers condamnés, pour les envoyer dans la même contrée. Catal. des archives Joursenvaut, t. I, p. 30.

1608. Établissements dans l'Acadie, au Canada. Fondation de Québec.

1624. Premiers établissements dans l'Inde. 1625. Établissement à Saint-Christophe (Antilles).

1626. Établissement à Sinnamary (Guiane). Premier établissement au Sénégal. 1628. Nouvel établissement au bastion de France.

1630. Établissement à Conanama (Guiane). 1634. Établissement à Cayenne. 1635. Établissement à la Martinique. 1635. Établissement à la Guadeloupe. 1642. Établissement à l'île Bourbon (Heeren le place en 1720!)

Premier établissement à Madagascar. 1644. Construction du fort Dauphin (à Madagascar).

1664. Colbert acquiert dans les Antilles:
Saint-Domingue,
Sainte-Lucie,
Grenade,

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