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COEUR (Jacques), argentier du roi Charles VII, l'un des créateurs du commerce français, était fils d'un orfévrę de Bourges. Il fut, dans sa jeunesse, employé à la fabrication des monnaies; il se livra ensuite au commerce, et s'y enrichit. Charles VII, qui voulait se l'attacher, le nomma maître de la monnaie de Bourges, puis le chargea, peu de temps après, de diriger, sous le titre d'argentier du roi, l'administration des finances de la France. Ces fonctions ne l'empêchèrent pas de se livrer au négoce; elles lui fournirent au contraire le moyen de donner une grande impulsion à l'industrie française. Il faisait sur terre et sur mer, avec les chrétiens et les musulmans,

un

commerce considérable de drap d'or et de soie, de fourrures, d'armes, d'épiceries, de lingots d'or et d'argent; il occupait trois cents facteurs et il dirigeait plus d'affaires à lui seul que tous les négociants réunis de la France et de l'Italie. Les mers étaient couvertes de ses vaisseaux, et il luttait avec avantage contre Gênes et contre Venise. Bientôt ses richesses furent si considérables qu'elles donnèrent naissance à un proverbe riche comme Jacques Cour. Lorsque Charles VII entreprit, en 1448, la conquête de la Normandie, Jacques Coeur, dont le patriotisme égalait la haute intelligence, lui prêta 200,000 écus d'or, et entretint quatre armées à ses frais pendant toute la durée de la guerre. Agnès Sorel, qui mourut l'année suivante, le choisit pour l'un de ses exécuteurs testamentaires, et le roi l'anoblit en récompense de ses nombreux services. Il acheta alors des terres et des châteaux, et devint propriétaire de la seigneurie de Saint-Fargeau, de laquelle dépendaient vingt-deux paroisses. Mais tant d'opulence excita la jalousie et la cupidité des nobles et des courtisans, qui dès lors conjurèrent sa perte. Charles VII l'ayant mis au nombre des ambassadeurs qu'il envoyait à Lausanne, pour terminer le schisme de Félix V, ses ennemis profitèrent de son absence pour le perdre dans l'esprit du roi. On l'accusa d'avoir fait

sortir de l'argent du royaume, d'avoir vendu des armes aux musulmans, renvoyé à son maître un esclave chrétien qui s'était réfugié sur une de ses galères, contrefait le sceau du roi, altéré les monnaies, enfin de s'être servi du nom du roi pour forcer les particuliers et même des provinces à lui payer des sommes considérables. Charles nomma pour le juger une commission, dont il donna la présidence à Chabannes, l'ennemi mortel de l'accusé. Ce fut en vain que Jacques Coeur invoqua le bénéfice de cléricature; en vain futil réclamé par les grands vicaires de Poitiers, toutes les réclamations furent inutiles. On lui refusa des avocats et un conseil. On ne voulut pas entendre ses témoins à décharge. En un mot, la procédure fut conduite avec une iniquité révoltante. Enfin, comme il persistait à se proclamer innocent de toutes les accusations portées contre lui, on le menaça de la question. L'appareil des tourments abattit son courage, et il déclara s'en rapporter au témoignage de ses accusateurs. Alors fut rendu contre lui, le 19 mai 1453, un arrêt qui le déclarait convaincu des crimes dont on l'accusait et le condamnait à mort. Cependant le roi, en considération de certains services, et à la recommandation du pape, commua sa peine, et décida qu'il payerait au trésor royal une indemnité de 400,000 écus, que tous ses biens seraient confisqués, et qu'il subirait la peine du bannissement perpétuel, et ferait amende honorable devant une église.

Jacques Coeur fut ensuite enfermé dans le couvent des cordeliers de Beaucaire; mais il s'en échappa peu de temps après, par le secours de Jean Duvillage, l'un de ses facteurs à qui il avait fait épouser sa nièce. La confiscation de ses biens l'avait réduit à la misère; ses commis, dont il avait été plutôt le père que le maître, se cotisèrent pour lui fournir une somme de 60,000 écus. II put alors se réfugier auprès du pape Caliste III, qui lui confia le commandement d'une flotte qu'il venait d'armer contre les

Turcs. Jacques Coeur s'embarqua, mais il tomba malade en traversant l'Archipel, et mourut à Chio vers 1461. Tel fut le sort de cet homme, qui, avec l'héroïne de Domremy, et comme elle sorti des rangs du peuple, avait si puissamment contribué à faire renaître la nationalité française. Il est curieux de rapprocher sa destinée de celle d'Angot, que l'ingrat François Ier laissa mourir dans la misère. (Voyez ANGOT.)

Louis XI, dont l'esprit pénétrant aurait si bien apprécié Jacques Cœur, fit réhabiliter sa mémoire; mais ce ne fut qu'après un long procès, qui fut seulement terminé sous Charles VIII, que ses enfants purent rentrer dans la possession des seigneuries de leur père, usurpées par Chabannes, comte de Dammartin.

Jacques Coeur, dont la devise était « A cœur vaillant rien d'impossible, » avait composé des ouvrages d'un haut intérêt, entre autres, un Dénombrement ou calcul des revenus de la France, qui a été inséré dans la Division du monde de Jacques Signet.

Un savant travail de Bonamy, que l'on trouve dans le recueil de l'Académie des inscriptions, a lavé la mémoire de Jacques Coeur de tous les crimes qu'on lui avait imputés.

COEUVRES, ancienne seigneurie du Soissonnais, aujourd'hui département de l'Aisne, à 8 kilom. de Soissons, érigée, en 1645, en duché-pairie, sous le nom d'Estrées.

COEVORDEN (prise de). La rigueur du froid pendant l'hiver de 1794, et la crainte d'affaiblir son armée en l'étendant sur un terrain trop considérable, déterminèrent, dit-on, Pichegru à cantonner d'abord l'armée du Nord derrière les lignes de la Grèbe, puis à ne pas inquiéter les Anglais, qui s'étaient retirés en arrière de l'Yssel. Leur position était bonne; mais ils en étaient venus à perdre toute confiance dans leur courage. L'apparition d'un seul bataillon français et d'un escadron de hussards devant Hardewick suffit pour leur faire évacuer Campen et Zwol. Tant de pusillani

mité accrut l'audace de nos troupes. Il fallait chasser entièrement les Anglais de la Hollande. Après le passage de l'Yssel, un seul bataillon de grenadiers et deux escadrons de hussards, envoyés pour faire une reconnaissance sur Goo, Ressen, Almelo et Hardemberg, leur firent évacuer le Twente. Une faible patrouille parut à Hardemberg; dès que les Anglais l'aperçurent marchant pendant deux lieues avec de l'eau jusqu'aux genoux, au milieu des marais formés par le dégel, ils évacuèrent Coevorden, le 15 février, en fuyant dans un désordre complet. Ces braves, qui les faisaient reculer, n'étaient pas cependant des militaires endurcis dans les travaux guerriers; c'étaient pour la plupart des jeunes gens que la réquisition avait enlevés à leurs familles; mais leur ardeur doublait leurs forces physiques; le désir de la gloire exaltait toutes leurs facultés; de manière qu'on ne vit jamais mieux la vérité de cet adage militaire · A la guerre, c'est le courage qui porte les sacs.

COFFIN (Charles), recteur de l'Université, et l'un des hommes qui ont cultivé chez nous avec le plus de succès les lettres latines, naquit, le 6 octobre 1676, à Buzancy, dans le diocèse de Reims. Après de brillantes études, qu'il termina à Paris, au collège du Plessis, il fut, en 1701, nommé par Rollin régent de seconde dans celui de Dormans Beauvais, où il lui succéda comme principal en 1713. L'habileté dont il fit preuve dans ses nouvelles fonctions le fit revêtir, en 1718, de la première dignité universitaire. Il contribua alors à faire décréter l'établissement de l'enseignement gratuit dans les colléges; puis, à l'expiration des trois années de son rectorat, il redevint principal du collége de Beauvais, place qu'il occupa jusqu'à sa mort, arrivée en 1749. Il fit paraître, en 1727, un volume de poésies latines, où l'on trouve autant de grâce que de facilité. On y admire surtout une charmante ode au vin de Champagne, qui valut à l'auteur, de la part des Rémois reconnaissants, l'envoi annuel d'un pa

nier de leurs meilleurs produits. L'heureux disciple d'Horace et d'Ovide s'éleva plus tard à des chants plus sérieux. Ses belles hymnes enrichissent le bréviaire de Paris, et la touche de sa plume se reconnaît dans divers passages de l'Anti-Lucrèce, qu'il revit avec Crevier et Lebeau.

COFFINHAL (Jean-Baptiste), né en 1754, à Aurillac, d'une famille honorable, mais sans fortune, embrassa avec ardeur la cause de la révolution. Homme d'action avant tout, doué d'un caractère énergique et d'une grande force corporelle, il se distingua, par sa décision et par son courage, dans toutes les journées les plus périlleuses. Malheureusement, il poussa quelquefois la fermeté jusqu'à l'excès, et sa conduite envers Lavoisier le fit passer pour un homme cruel; reproche en partie mérité, et d'autant plus fâcheux que, aussi bien que son patriotisme, sa probité est restée à l'abri des attaques de ses adversaires, et même de ses ennemis. Elle lui valut l'estime et l'amitié de Robespierre, qui cependant s'efforçait de modérer sa fougue. On le distinguait habituellement de ses deux frères par le surnom de Dubail. Il commença par étudier la médecine; mais il abandonna bientôt cette carrière pour suivre celle du barreau. Dans ce but, il vint à Paris, où il acheta une charge de procureur au Châtelet. Dès que la révolution éclata, il se prépara à prendre les armes. Dans la journée du 10 août, on le vit se battre avec vaillance contre les royalistes, et surtout contre les Suisses, leurs auxiliaires. Aussitôt après la prise des Tuileries, la commune le nomma vice-président du tribunal du 10 août, qui se montra impitoyable envers les contre-révolutionnaires. Les suffrages de la majorité le portèrent au fauteuil de la présidence, dans le sein du club des Jacobins. Lors de la création du tribunal révolutionnaire, il accepta les fonctions de juge, puis de vice-président de ce tribunal terrible. Il prit part, en cette qualité, à un grand nombre de condamnations; on lui reproche d'avoir traité quelques accusés

avec beaucoup de dureté. Lorsque Lavoisier demanda un sursis de quinze jours pour mettre la dernière main à une découverte qu'il croyait utile, Coffinhal s'y opposa, et, dans son mépris pour l'illustre savant, qu'il croyait sincèrement coupable de malversations, il s'oublia jusqu'à dire : << La république n'a plus besoin de chimistes; » paroles de colère d'autant plus déplacées dans sa bouche, que lui-même ne manquait pas d'instruction. Cependant il resta en grande partie étranger à ces exécutions nombreuses qui, sous le nom de grandes fournées, souillèrent les derniers temps de la terreur, jusqu'au 9 thermidor. Partisan de Robespierre, il dut gémir comme lui de l'usage épouvantable qu'on faisait de la loi du 22 prairial, conçue dans une autre pensée, quoi qu'en aient pu dire les thermidoriens et leurs défenseurs. [Voyez les ANNALES, t. II, p. 314 et 393, et dans le Dictionnaire, l'art. PRAIRIAL (loi du 22).]

Coffinhal fut du petit nombre des révolutionnaires de cette époque qui comprirent que, si on ne songeait pas enfin à organiser la république, elle se flétrirait dans la démoralisation et finirait par périr sous les coups de l'anarchie. Ne voyant de remède au mal que dans une dictature personnelle, il encouragea Robespierre à mettre à exécution ses projets de réforme. Celui-ci lui fit entendre que la république pouvait être sauvée autrement que par une usurpation de pouvoir, et en n'ayant recours qu'à des moyens légaux pour arriver à de sages améliorations. Mais, au 9 thermidor, lorsque Coffinhal vit les ennemis de Robespierre déjouer par leur machiavélisme le système de modération adopté par celui-ci, il revint à lui-même et voulut tout enlever par un vigoureux coup de main. Ce fut lui qui, dans la soirée du 8 thermidor, offrit d'aller à la tête de quelques hommes déterminés, s'emparer des membres du comité de salut public et de sûreté générale. Robespierre, aimant mieux succomber que d'avoir recours à la violence, s'opposa

fortement à ce projet, qui aurait décidé le succès en sa faveur. Le 9, après la séance de la Convention, ce fut encore Coffinhal qui alla délivrer Henriot, retenu prisonnier au comité de sûreté générale, et même à ce moment, SI Robespierre avait voulu suivre ses conseils et ceux de Saint-Just, la victoire pouvait revenir du côté de la Commune, mais il aima mieux succomber que d'imiter Cromwell. Les troupes de la Convention, sans avoir éprouvé la moindre résistance sur leur route, entrèrent de même, sans coup férir, dans la salle de l'hôtel de ville, où était assemblé le conseil général de la Commune. Coffinhal parvint à s'échapper, mais après avoir passé sa fureur contre Henriot, dont l'ineptie avait été și funeste à son parti. L'ayant rencontré dans un corridor de l'hôtel de ville, il s'élança sur lui et le précipita du haut d'une fenêtre dans une des cours intérieures, en lui disant : « Tiens. misérable, voila le prix de tes lâchetés. » Un fait certain, c'est que si Coffinhal avait été le chef de la force armée à la place de Henriot, l'événement aurait très-probablement pris une autre tournure; mais Robespierre, qui ne voulait pas de violence, l'avait tenu, à dessein, éloigné du commandement militaire.

La fin de Coffinhal fut tragique. Étant parvenu à s'ouvrir, sabre en main, un passage à travers la foule des sections armées, il erra quelque temps à l'aventure et finit par aller chercher un refuge dans l'île des Cygnes. Là, il endura pendant quelques jours les souffrances de la solitude au milieu des privations les plus cruelles, sans consolations, sans ouvelles de ses amis, sans vivres. Mourant d'inanition, il se décida enfin à quitter ce triste séjour et à aller demander l'hospitalité à un ami auquel il avait rendu d'importants services et sur la dévotion duquel il comptait : cet ami s'acquitta des devoirs de l'amitié et de la reconnaissance en le livrant à la gendarmerie. Comme tous les autres vaincus, Coffinhal avait été mis hors la loi par le décret du 9

thermidor; le tribunal n'eut donc qu'à constater son identité, pour l'envoyer à l'échafaud. Il y monta le 18 thermidor (août 1794), avec le courage qu'on lui avait toujours connu.

COFFINHAL-DUNOYER (Joseph), frère du précédent, baron, conseiller d'État, conseiller à la cour de cassation, naquit à Aurillac, en 1757. Il ne partagea point les opinions politiques de son frère dont il répudia même le nom, et sut se maintenir constamment dans une ligne de modération qui lui permit de conserver ses hautes fonctions sous tous les gouvernements. En 1814, il fut un des premiers à adhérer à la déchéance de l'empereur, qui l'avait comblé de faveurs, et dont il avait plus d'une fois célébré la puissance et la gloire.

COFFRETIERS - MALLETIERS. - Ces artisans, nommés aussi bahutiers, étaient régis par des statuts qui remontaient à l'année 1596; deux jurés gouvernaient leur communauté et faisaient des visites dans leurs ateliers.

L'apprentissage était de cinq ans, après quoi l'aspirant à la maîtrise devait encore faire cinq ans de compagnonnage; la maîtrise coûtait ensuite sept cents livres, et le brevet cinquante livres.Les coffretiers-malletiers ne pouvaient commencer leur travail avant cinq heures du matin ni le finir plus tard que huit heures du soir, à cause du bruit qu'ils faisaient, et qui aurait incommodé le voisinage.

COGER (F.-M.), licencié en théologie, né à Paris en 1723, mort dans la même ville en 1780, après avoir été recteur de l'Université, ne nous est maintenant connu que par les sarcasmes dont Voltaire l'a accablé, et qu'il s'était attirés en faisant une critique amère du Bélisaire de Marmontel, et des philosophes. Il n'était désigné parmi ceux-ci que sous le nom de coge pecus. Outre des poésies latines, il a laissé une Oraison funèbre de Louis XV.

COGNAC, Coniacum ou Copriniacum, petite ville de l'Angoumois, aujourd'hui chef-lieu d'arrondissement

du département de la Charente, était autrefois dominée par un château fort dont il ne reste plus que quelques ruines, et dans le parc duquel la duchesse d'Angoulême accoucha de François Ier en 1494.

Cette ville, où il s'est tenu trois conciles, dans le treizième siècle, fut assiégée inutilement par le prince de Condé, en 1551. C'était, avant la révolution, le chef-lieu d'une élection et le siége d'un bailliage. Elle possède aujourd'hui des tribunaux de première instance et de commerce; sa population est de 3,409 habitants.

COGNIET (Léon), peintre d'histoire, né à Paris en 1794, élève de Guérin, a obtenu le prix de Rome en 1817; ses principales œuvres sont: Metabus poursuivi par ses sujets, Marius à Carthage, prise de Logrono, Numa, Rebecca enlevée par le templier, le plafond de la salle des manuscrits au Louvre, représentant Bonaparte dirigeant les travaux des savants en Egypte, etc.

COGNIET (Jules-Louis-Philippe, peintre de paysages, né à Paris en 1798, est élève de M. Bertin. Cet artiste, qui a adopté le genre de Michallon, a exposé, depuis 1824, un assez grand nombre de vues de France, d'Italie et de Sicile.

COHORTES. Cette dénomination, empruntée à la nomenclature militaire des Romains, était sans application dans nos armées, quand Bonaparte l'introduisit dans l'organisation primitive de la Légion d'honneur (voyez ce mot), et plus tard dans celle des gardes nationales. Suivant le décret du 30 septembre 1805, chaque cohorte de la garde nationale fut composée de dix compagnies une de grenadiers, une de chasseurs, et huit de fusiliers. Plusieurs cohortes devaient être réunies en légion. Ce furent les cohortes levées en vertu de ce décret, qui, lors de la descente des Anglais à Flessingue, marchèrent sur les côtes de la Flandre hollandaise, et contribuèrent à leur faire évacuer l'île de Valcheren. (Voyez GARDE NATIONALE.) COHUE et CоOHUAGE.

On donnait

autrefois le nom de cohue à une galerie ouverte, élevée sur une place publique, quelquefois dans un cimetière, sous laquelle se tenait le marché d'une ville et où se rendait en quelques endroits la justice, lorsqu'il ne s'agissait que de causes sommaires et d'un faible intérêt. On appelle aujourd'hui ces sortes de galeries des Halles.

Quand les cohues étaient employées comme lieux d'exposition et de vente, les marchands qui venaient y apporter leurs denrées, étaient tenus de payer, au profit de la ville, ou du seigneur de l'endroit, une redevance appelée cohuage, dont il est souvent fait mention dans nos vieux auteurs et dans les pièces originales.

En Normandie et en Poitou, la cohue était le lieu où se tenaient les plaids, quel que fut celui où siégeait le magistrat.

C'est à la grande affluence de monde que l'on rencontrait dans les marchés et dans les salles des tribunaux qu'est dû le mot cohue que nous employons aujourd'hui pour parler d'un rassemblement considérable et confus.

COIFFURE. - Nous avons, dans des articles spéciaux, traité de la coiffure des hommes; nous ne parlerons ici que de celle des femmes.

Jusqu'au règne de Charles VI, la coiffure des femmes différa peu de celle des hommes une belle chevelure, quelques fleurs choisies avec goût, étaient les seuls ornements par lesquels elles se distinguassent.

Elles imaginèrent alors une haute coiffure conique, à l'extrémité de laquelle elles attachèrent un voile qui pendait plus ou moins bas suivant les qualités. Le voile de la bourgeoise ne descendait que jusqu'à la ceinture, celui de la femme d'un chevalier touchait jusqu'aux talons, et celui d'une reine ou d'une princesse traînait sur la

terre.

Jouvenel des Ursins, en parlant des désastres dont l'hôtel d'Isabeau de Bavière fut le théâtre, dit qu'en 1417, malgré les guerres et les tempêtes politiques, «<les dames et demoiselles menoient un excessif estat, et qu'elles

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