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dernier, afin d'avoir le temps de faire de nouvelles observations et de prolonger de quelques instants le cours de ses spéculations sur la nature humaine. Il reçut ensuite le coup fatal avec le courage d'un fanatique.

CLOQUET (Hippolyte), membre de l'Académie de médecine, agrégé à la faculté de Paris, né à Paris en 1787, a publié les ouvrages suivants : Traité d'anatomie descriptive, Paris, 1815, 2 vol. in-8°; Traité des odeurs, des sens et des organes de l'olfaction, Paris, 1821, in-8°; Faune des médecins, 1822-1827, in-8°; Traité de l'anatomie de l'homme comparée dans ses rapports les plus importants avec celle des animaux, et considérée sous le double rapport de l'histologie et de la morphologie, 1825 et années suivantes, 5 parties in-4°.

CLOQUET (Jules), frère du précédent, chirurgien en second de l'hôpital Saint-Louis, membre de l'Académie de médecine, professeur à la faculté de Paris, a publié un assez grand nombre d'ouvrages, dont les plus importants sont: Recherches anatomiques sur les hernies de l'abdomen, Paris, 1817, in-4o, fig.; Anatomie de l'homme, ou Description et figures lithographiées de toutes les parties du corps humain, 1821-27; Manuel d'anatomie descriptive du corps humain, 1824 et années suivantes, 250 planches in-4°.

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CLOSTER CAMP (combat de) L'armée prussienne, commandée par le prince héréditaire de Brunswick, s'était portée sur le bas Rhin et assiégeait Wesel. Le marquis de Castries, qui depuis devint maréchal de France, fut envoyé au secours de cette ville avec un corps d'armée formé à la hâte. Il s'avança avec rapidité, emporta Rheinsberg l'épée à la main, et jeta dans Wesel un secours de six cents hommes d'élite. Méditant ensuite une action importante, il vint camper, le 15 octobre 1760, à un quart de lieue de Closter-Camp. Le prince héréditaire ne crut pas devoir l'attendre devant Wesel et se décida à l'attaquer. Pendant la nuit du 15 au 16, il se porta par une marche forcée au-devant de

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lui avec l'intention de le surprendre. Mais le général français s'était douté de ce projet, et avait fait coucher son armée sous les armes. Vers les quatre heures du matin, il envoie à la découverte M. d'Assas, capitaine au régiment d'Auvergne. A peine cet officier a-t-il fait quelques pas, que des grenadiers en embuscade l'environnent et le saisissent à peu de distance de son régiment. Ils lui présentent la baionnette, et lui disent que s'il fait du bruit, il est mort. D'Assas se recueille un instant pour renforcer sa voix, et crie: A moi, Auvergne, voilà l'ennemi! Il tomba aussitôt percé de coups. Mais l'éveil était donné; la bataille commença au milieu des ténèbres. On se battit de part et d'autre avec acharnement pendant cinq heures, et le champ de bataille resta aux Français. Les ennemis furent obligés de se retirer avec une perte considérable, de repasser le Rhin et de lever le siége de Wesel, où le marquis de Castries entra avec huit bataillons. Sans cette victoire, l'ennemi pénétrait en France.

CLOTAIRE 1er était le plus jeune des fils de Clovis et de Clotilde. En 511, après la mort de son père, il obtint en partage le royaume de Soissons. Quand l'âge de l'ambition et de l'activité fut venu pour lui, il s'associa à ses frères, les suivit dans leurs expéditions, et combattit avec eux contre les Burgondes. Bientôt il se montra plus cruel qu'aucun d'eux; ce fut lui qui, après la mort de Clodomir, roi d'Orléans, fit massacrer les fils de ce prince pour s'emparer de son héritage.

Voy. CHILDEBERT.) Clotaire, après avoir partagé le royaume d'Orléans avec Childebert, ajouta encore à ses possessions les États de Théodebald, roi d'Austrasie, petit-fils de Théodoric, son frère aîné. Childebert, jaloux des accroissements de Clotaire, excita con tre lui son fils Chramne, qui prit les armes et se révolta, malgré tous les efforts de son père pour le ramener à l'obéissance. Tant que Childebert vécut, Chramne put se soutenir; mais à la mort de son oncle, il devint trop faible, et se trouva exposé à la ven

geance de son père. Poursuivi et atteint dans les Etats du duc de Bretagne, il fut battu de verges, enfermé dans une chaumière, et brûlé avec toute sa famille. Cependant Clotaire, revenu de sa fureur, se repentit, et mourut bourrelé de remords et de terreurs religieuses, en s'écriant: « Wah! quel est « donc ce roi du ciel qui fait mourir «<les grands rois de la terre (561)? » Il fut enterré à Soissons, dans l'église de Saint-Médard. Sa luxure avait égalé sa cruauté et son ambition.

CLOTAIRE II n'avait que quatre mois lorsqu'il succéda à Chilpéric, son père, en 584, sous la tutelle de Frédégonde, sa mère, qui le plaça sous la protection de Gontran, roi de Bourgogne, en lui affirmant que sa naissance était légitime. Gontran, tant qu'il vécut, empêcha les effets de la haine de Frédégonde et de Brunehaut, et suspendit la lutte de l'Austrasie et de la Neustrie. Mais à sa mort, qui arriva en 593, ces deux femmes ne se continrent plus, et sur la fin de leur carrière, elles se firent une guerre acharnée, comme dans leur jeunesse. Frédégonde remporta une victoire en 556, après la mort de Childebert, et mourut triomphante en 597. La Neustrie, dont son génie avait soutenu la puissance, s'affaiblit sous son fils enfant. Clotaire fut dépouillé de presque tous ses États par les fils de Childebert; mais il se releva ensuite à la faveur de leurs dissensions, et triompha par leur mort (613). Brunehaut se trouva alors à la tête de la vaste monarchie austrasienne, comme tutrice de ses arrière-petits-fils. Elle était menacée par la coalition des leudes; héritier de la haine que sa mère avait vouée à cette princesse, Clotaire fit tout pour la perdre. Aveuglé par sa passion, il se fit le complice de l'aristocratie guerrière, et entra dans une conspiration dont le résultat définitif devait être la ruine du pouvoir royal. Brunehaut succomba en 614, et périt d'un supplice horrible. (Voy. l'article BRUNEHAUT.) Clotaire avait satisfait sa vengeance; les leudes voulurent à leur tour contenter leur ambition. En

615, à l'assemblée de Paris, ils arrachèrent à Clotaire une constitution qui sanctionnait le triomphe de l'aristocratie laïque et religieuse; dès lors les maires devinrent inamovibles. Bientôt l'Austrasie se lassa de Clotaire et voulut un roi particulier; Clotaire lui donna son fils aîné Dagobert; mais ce prince était si peu capable de gouverner, que son père fut obligé de repousser lui-même les Saxons qui menaçaient ses États. La fin du règne de Clotaire II fut paisible; il s'occupa d'administration et reconquit sur les leudes une partie de son autorité. Il mourut en 628, âgé de quarante-cinq ans, laissant le trône à Dagobert Ier.

CLOTAIRE III, petit-fils de Dagobert, l'aîné des fils de Clovis II, obtint, en 655, à la mort de son père, la Neustrie et la Bourgogne; Childéric son frère régna en Austrasie. C'est à cette époque que commence la décadence des Mérovingiens, décadence qu'avaient préparée les concessions faites par Clotaire II aux leudes et aux maires du palais. Batilde, mère de Clotaire III, lutta vainement contre Ébroïn, qui la força de quitter le pouvoir, et qui tint le jeune prince en tutelle jusqu'à sa mort, arrivée vers l'an 670; il avait dix-huit ans.

CLOTAIRE (monnaie de). Il existe dans les collections numismatiques un assez grand nombre de monnaies frappées au nom de Clotaire; ce sont des sous et des tiers de sou d'or. Les plus curieux et les plus nombreux sont sortis des ateliers d'Arles et de Marseille. Ils présentent le type ordinaire de ces deux villes, c'est-à-dire, qu'on y voit au revers une croix ansée sur un degré au-dessous duquel se trouve un globe. De chaque côté de cette croix, se trouvent les lettres initiales MA OU AR, et en outre, sur les triens, les chiffres VII, destinés à indiquer que ces pièces valaient sept siliques ou 24 grains d'or. Le champ du droit est occupé par une tête laurée et de profil; ces pièces portent pour légende, tantôt CHLOTARIVS REX des deux côtés, tantôt CHLOTARIVS REX au droit, et VICTVRIA GOTTICA, VICTORIA

CHLOTARII au revers; enfin il y en a sur lesquelles on lit: CHILDIRICVS REX au droit, CHLOTARIVS REX au revers, et CONOв à l'exergue.

Ces monnaies, frappées à Arles et à Marseille, ne sont pas les seules qui portent le nom de Clotaire. Il y en a d'autres qui sont sorties de l'atelier de Châlons-sur-Saône, et sur lesquelles on voit les mots CHLOTARIVS REX, une croix ansée et accostée des lettres MA, CAVILLONNO, et un profil droit; d'autres viennent peut-être de Verdun: on y voit le nom royal CHLOTARIVS, une croix heaumée, le mot VIRediviv, et une tête de profil.

Il est assez difficile de déterminer quel est celui des trois Clotaire auquel appartiennent toutes ces pièces; ce qu'il y a de certain, c'est que ces princes ont tous trois fait battre monnaie. La pièce qui porte pour légende les mots VICTVRIA GOTTICA appartient incontestablement au premier, qui a seul remporté une victoire sur les Goths. Celle qui porte le nom de Childéric appartient à Clotaire III et à son frère Childeric, roi de Neustrie. Quant aux autres pièces, on ne peut les attribuer avec certitude à un de ces princes plutôt qu'aux autres; cependant il est probable qu'elles ne sont pas de Clotaire Ier, parce que c'est seulement à la fin du règne de ce prince que l'on commença à remplacer en France le nom de l'empereur par celui du roi, et que l'usage contraire subsista même encore sous plusieurs de ses succes

seurs.

CLOTAIRE IV, dont l'origine est incertaine, fut créé roi d'Austrasie par Charles Martel, en 717. C'était un de ces personnages de circonstance auxquels les chefs ambitieux de l'Austrasie faisaient jouer le rôle de roi mérovingien et chevelu, pour tenir les peuples en respect. Charles Martel exerça tout le pouvoir (Voy. l'article CHAMP DE MARS), et Clotaire IV ne fut qu'un instrument entre ses mains. Charles l'abandonna après s'en être servi pendant trois ans, de 717 à 720. CLOTILDE OU CHROTECHILD, fille de Chilperic, frère de Gondebaud, roi

de Bourgogne, se vit, encore en bas âge, enlever son père, par un de ces actes de violence qui ensanglantent à chaque page l'histoire des races royales, à cette époque de nos annales. Élevée par Gondebaud, meurtrier de son père, elle fut mariée à Clovis, roi ou chef des Francs. Clotilde était chrétienne catholique, et on la mariait à un païen. Élevée dans une des cours les plus polies de ce temps, douée de beauté, d'intelligence et de vertu, on la livrait à un barbare grossier et abandonné aux passions les plus sauvages; et la seule garantie qu'elle put obtenir, ce fut le libre exercice de sa religion. Le siége du royaume des Francs était alors Soissons; c'est là que, par sa beauté et ses vertus, Clotilde commença à prendre sur son époux un ascendant dont les effets eurent la plus grande influence sur les progrès de la monarchie des Francs dans les Gaules. La conversion de Clovis s'annonça par la permission qu'il donna à Clotilde de faire baptiser leurs enfants. Ce premier pas, qui n'était peut-être qu'un acte de complaisance, enhardit la jeune reine: elle exhorta son époux à quitter lui-même le culte de ses divinités de sang pour embrasser celui du Dieu-homme mort sur la croix. Clovis hésitait; il n'était pas alors și puissant qu'il ne dût craindre de mécontenter son armée. La bataille de

«

Tolbiac vint lui fournir une occasion que peut-être il désirait : « Dieu de « Clotilde, s'écria-t-il dans cette jour<< née fameuse, je jure d'embrasser ta loi, si tu me donnes la victoire ! » La victoire lui resta, et saint Remi, évêque de Reims, administra bientôt le baptême au roi et à un grand nombre de ses soldats. Cependant la conversion des Francs n'adoucit guère leur carac tère, et la reine Clotilde, dégoûtée de voir se massacrer entre eux les princes de sa famille, se retira, quelques années après la mort de son époux, dans un monastère où elle finit ses jours, l'an 545. Son corps fut rapporté Paris, où on l'inhuma près de Clovis, dans l'église de Saint-Pierre et SaintPaul, sur l'emplacement de laquelle

s'élève aujourd'hui le Panthéon. Clotilde est une des plus nobles et des plus belles figures de l'histoire du moyen âge. Elle ouvre la touchante galerie de ces femmes généreuses qui, trop souvent, payèrent de leur vie ou de leur bonheur l'initiation civilisatrice qu'au nom de Dieu elles venient donner à un monde encore barbare.

CLOUD (saint) ou CLODOALD, le plus jeune des fils de Clodomir, fut sauvé de la fureur de ses oncles par l'intervention des guerriers francs. Enfermé dans un monastère, il grandit dans la solitude et la méditation, coupa sa longue chevelure, et après avoir fait plusieurs voyages et avoir essayé de diverses conditions de la vie cléricale, fonda un monastère dans le village de Nogent, où il mourut vers

560.

CLOUET. Voyez JANET. CLOUTIERS. Ces artisans qui, dans leurs statuts, prenaient aussi les noms de larmiers, étameurs, et marchands ferronniers, étaient autrefois divisés en deux classes, savoir: celle des cloutiers proprement dits, la seule dont nous nous occuperons ici, et celle des cloutiers d'épingle, dont nous parlerons à l'article épinglier. Outre toutes sortes de clous que faisaient les maîtres cloutiers de Paris, ils avaient le droit de forger des gourmettes de chevaux, des tourets ou gros clous, qui ont une tête arrêtée dans une partie de la branche du mors appelée la gargouille,

des anneaux de toute grandeur, des barres, des chaînettes d'avaloire, des boucles à dossière, des boucles de soupente, et enfin tous les petits ouvrages de fer qu'on peut fabriquer avec le marteau et l'enclume, sans avoir besoin de lime ni d'étau, et qui étaient alors à l'usage des selliers, carrossiers, bourreliers, coffretiers et malletiers. Un maître cloutier ne pouvait avoir que deux apprentis qui, pour avoir droit à la maîtrise, devaient faire cinq ans d'apprentissage, et ensuite servir deux ans en qualité de compagnon. Ils étaient en outre tenus de présenter un chef-d'œuvre, formalité dont les fils de maître étaient

seuls exemptés par les statuts. Le brevet coûtait 18 livres, et la maîtrise 320.

Il y avait à Paris, au temps de Philippe le Bel, dix-neuf maîtres cloutiers. On y compte aujourd'hui quaranteneuf fabriques de clous de toute espèce.

CLOVIS (*), fils de Childéric, devint, par la mort de son père 481, chef de la peuplade franque établie à Tournai. D'autres chefs francs etaient déjà établis à Cologne, à Saint-Omer, à Cambrai et au Mans. Clovis attaqua d'abord les plus faibles de ses voisins, les Gallo-Romains. Avec le secours de Ragnacaire, chef des Francs de Cambrai, il attaqua Syagrius et le vainquit près de Soissons. Syagrius, réfugié près d'Alaric II, roi des Visigoths, fut réclamé par Clovis, qui le fit tuer. Clovis se trouva alors assez puissant pour obtenir la main de Clotilde, fille d'un prince des Burgondes ou Bourguignons.

Les chroniqueurs des âges suivants, qui ont compris toute l'importance de cette union, en ont singulièrement embelli toutes les circonstances. Grégoire de Tours se contente de dire que Clovis envoyant souvent des députés en Bourgogne, ceux-ci virent la jeune Clotilde. Témoins de sa beauté et de sa sagesse, et avant appris qu'elle était du sang royal, ils dirent ces choses à Clovis. Celui-ci envoya aussitôt des députés à Gondebaud pour la lui demander en mariage. Gondebaud, craignant de la refuser, la remit entre les mains des députés qui, recevant la jeune fille, se hâtèrent de la mener au roi. Clovis, transporté de joie à sá

vue,

en fit sa femme. Mais l'abréviateur et le continuateur de Grégoire de Tours, Frédégaire, en sait bien davantage. « Le Gaulois Aurélien, déguisé en mendiant, portant sur son dos une besace au bout d'un bâton, est chargé du message: il devait remettre à Clotilde un anneau que lui envoyait Clovis, afin qu'elle eût foi dans les pa

(*) Ou HLODWIG; Grégoire de Tours écrit Chlodoveus.

roles du messager. Aurélien, arrivé à la porte de la ville (Genève), y trouva Clotilde assise avec sa sœur Sædehleuba les deux sœurs exerçaient l'hospitalité envers les voyageurs, car elles étaient chrétiennes. Clotilde s'empresse de laver les pieds d'Aurélien. Celui-ci se penche vers elle et lui dit :

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Maîtresse, j'ai une grande nouvelle « à t'annoncer, si tu me veux con<«< duire dans un lieu où je te puisse << parler en secret. Parle, » lui répond Clotilde. Aurélien dit : « Clovis, « roi des Francs, m'envoie vers toi; << si c'est la volonté de Dieu, il désire « vivement t'épouser, et, pour que tu « me croies, voilà son anneau. » Clotilde l'accepte, et une grande joie reluit sur son visage; elle dit au voyageur: « Prends ces cent sous d'or pour

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récompense de ta peine, avec mon << anneau. Retourne vers ton maître; << dis-lui que s'il veut m'épouser, il << envoie promptement des ambassa« deurs à mon oncle Gondebaud.» C'est presque une scène de l'Odyssée.

« Aurélien part; il s'endort sur le chemin; un mendiant lui vole sa besace, dans laquelle était l'anneau de Clotilde; le mendiant est pris, battu de verges, et l'anneau retrouvé. Clovis dépêche des ambassadeurs à Gondebaud, qui n'ose refuser Clotilde. Les ambassadeurs présentent un sou et un denier, selon l'usage, fiancent Clotilde au nom de Clovis, et l'emmènent dans une basterne. Clotilde trouve qu'on ne va pas assez vite; elle craint d'être poursuivie par Aridius, son ennemi, qui peut faire changer Gondebaud de résolution. Elle saute sur un cheval, et la troupe franchit les collines et les vallées.

« Aridius, sur ces entrefaites, étant revenu de Marseille à Genève, remontre à Gondebaud qu'il a égorgé son frère Chilpéric, père de Clotilde; qu'il a fait attacher une pierre au cou de la mère de sa nièce, et l'a précipitée dans un puits; qu'il a fait jeter dans le même, puits les têtes des deux frères de Clotilde; que Clotilde ne manquera pas d'accourir se venger, secondée de toute la puissance des Francs. Gondebaud,

effrayé, envoie à la poursuite de Clotilde; mais celle-ci, prévoyant ce qui devait arriver, avait ordonné d'incendier et de ravager douze lieues de pays derrière elle. Clotilde sauvée s'écrie: « Je te rends grâce, Dieu tout-puis<< sant, de voir le commencement de « la vengeance que je devais à mes pa<< rents et à mes frères ! »

« Véritables mœurs barbares, qui n'excluent pas la mansuétude des mœurs chrétiennes, mêlées dans Clotilde aux passions de sa nature sauvage (*). »

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Clovis avait étendu sa domination jusqu'à la Loire. Les Alemans à cette nouvelle, vinrent pour prendre leur part du butin. Clovis n'entendait point partager. Il se retourna contre eux; il les rencontra à Tolbiac, à quatre lieues de Cologne. La bataille fut sanglante, indécise; Clovis désespéra même un moment du succès. Depuis longtemps Clotilde, sa femme, s'efforçait de le convertir au catholicisme. Elle avait même obtenu de faire baptiser ses deux enfants; mais Clovis résistait pour luimême. Il avait peine à comprendre un Dieu mort sur la croix; il lui semblait qu'il n'était pas d'assez noble origine.

Votre Dieu, disait-il, ne peut rien, «<et, qui plus est, il n'est pas même « de la race des dieux. Deus vester nihil posse manifestatur, et, quod magis est, nec de deorum genere esse probatur.» Cependant, dans le péril, on n'examine pas toujours les titres de celui qui vous tend la main. A tout hasard, Clovis invoqua le Dieu des chrétiens pour le tirer de peine, et mettant en quelque sorte son baptême en enjeu, promit sa conversion pour la victoire. La fortune à l'instant changea. Les Alemans furent vaincus, et Clovis tint parole; il se fit baptiser. La moitié de ses barbares, au nombre de trois mille, suivirent son exemple, et changèrent Odin pour le Christ, sans attacher sans doute une bien

(*) Cette réflexion est de M. de Châteaubriand dans ses Études historiques, auxquelles nous avons emprunté ce dernier extrait de Frédégaire.

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