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révolution. Disons seulement que l'attachement que Louis XVIII montra toujours pour la constitution qu'il avait jurée en montant sur le trône, lui valut de la part du clergé une haine mal dissimulée tant que vécut l'auteur de la charte, mais qui éclata aussitôt qu'il eut rendu le dernier soupir. Le clergé manqua alors à toutes les convenances, en refusant de prendre part à un cérémonial qui exigeait sa présence auprès du cercueil du feu roi. C'était peut-être un avertissement qu'il voulait donner à son successeur ; c'était du moins une manière de constater le pouvoir qu'il pretendait exercer sous le nouveau règne. Quoi qu'il en soit, Charles X alla au-devant de ses exigences, et ne fit rien que par ses conseils. Hâtons-nous de le dire, pour que l'on puisse juger de la moralité et de la sagesse de ses conseils, qne leur résultat fut la violation des serments prêtés par le roi à son avénement au trône et la déchéance de sa dynastie.

Depuis la révolution de juillet, le clergé français a perdu son influence politique. Espérons qu'il n'essayera pas de la reconquérir. Les temps ne sont plus où il avait besoin de puissance pour protéger les peuples. Les peuples aujourd'hui savent se protéger eux-mêmes. Les rois non plus n'ont que faire de sa protection; une double expérience a dû lui prouver combien est impuissante la protection qu'il accorde aux ennemis de la cause démocratique. Que le clergé se souvienne donc enfin de ces paroles de son divin maître Mon royaume n'est point de ce monde; qu'il vive au milieu du peuple pour le moraliser avec succès, et lui faire entendre de près la parole de Dieu; qu'il s'associe à ses douleurs et à ses souffrances pour les soulager, et il dominera encore le monde de sa pauvreté et de son humilité. Un écrivain de génie le lui a dit dans ces derja niers temps: « Descendez des villes, quittez vos habits de soie et d'or « pour la bure et une croix de bois; « venez sous le chaume, comme le géant Antée qui retrouvait sa force

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« quand il touchait la terre, toucher << la terre de vos pieds et de vos mains, « à côté du pauvre; le peuple alors « vous reconnaîtra. >>

Le clergé possédait sous l'ancienne monarchie de grands priviléges. Nous avons dit qu'il formait le premier ordre du royaume, il précédait la noblesse; dans les états généraux et partout, il avait le pas sur les laïques. Les évêques, comtes ou ducs et pairs, avaient le droit de siéger au parlement.

Les ecclésiastiques étaient exempts des charges municipales, de la contrainte par corps pour dettes civiles, du logement des gens de guerre,.de toute imposition pour la subsistance des troupes ou les fortifications des villes, de tailles personnelles pour leur patrimoine, aussi bien que pour les dimes affectées à leurs bénéfices, de droits d'aides, de vingtièmes, de capitation, etc.; mais ils payaient sous le titre de décimes, subventions, dons gratuits, etc., des contributions dont ils faisaient eux-mêmes la répartition et le recouvrement, et dont le total s'élevait à environ douze millions.

Le clergé avait huit chambres supérieures ecclésiastiques, qui siégeaient à Paris, Tours, Lyon, Rouen, Toulouse, Bourges, Bordeaux et Aix. Les pourvois en cassation, contre les arrêts rendus par ces chambres, étaient renvoyés à l'assemblée ordinaire du clergé, qui jugeait en dernier ressort.

Les grandes assemblées ordinaires du clergé se tenaient régulièrement tous les dix ans, depuis 1606. Les petites assemblées ordinaires, nommées aussi assemblées de comptes, parce que l'on ne devait s'y occuper que des comptes, des décimes et du don gratuit, se tenaient tous les cinq ans, depuis 1625. Les assemblées extraordinaires étaient celles qui étaient convoquées pour délibérer sur des affaires imprévues et d'un grand intérêt. Telle fut celle qui se tint à Paris, en 1713 et en 1714. Ces assemblées, qui ne pouvaient durer que six mois, et où devait assister un commissaire du roi, étaient composées des députés des seize

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14

66

174

660

3,301

6,216

25,175

Chapelains.....

500

Aumôniers.......

906

18

Prêtres habitués des paroisses...

1,677

Directeurs et professeurs dans les sémi

129

naires....

1,072

Élèves dans 86 séminaires et dans 120 écoles secondaires ecclésiastiques..

10,904

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On compte en outre 3,000 congrégations religieuses de femmes, dont 220. se consacrent à la vie contemplative, et 2,780 au soulagement des malades et à l'enseignement. Les frais du culte étaient évalués, dans le budget de 1840, à la somme de 35,744,859 fr. Mais dans cette somme sont comprises les dépenses des cultes protestant et israélite. Voyez CATHOLICISME, CHRISTIANISME, CONSISTOIRE, CULTES, etc.)

CLÉREMBAULT, ancienne famille, dont le premier personnage connu fut Geoffroi Clérembault, seigneur du Plessis. Son petit-fils, Macé Clérembault, seigneur du Plessis - Clérembault et de la Plesse, fut, en 1347, capitaine général pour le roi en Bretagne, Anjou et Maine. Le membre le plus distingué de cette famille fut :

Philippe de Palluau, comte de Clérembault, maréchal de France, né en 1620. Il se trouva au siége de Landrecies en 1637, à la prise d'Arras en 1640, au siége de Perpignan sous les maréchaux de Schomberg et de la Meilleraye, à ceux de Thionville, de Sierck et de Philisbourg, aux combats de Fribourg, de Nordlingen (1645), à la prise de Courtrai, de Berg-Saint-Vinox, de Mardick, de Furnes, de Dunkerque en 1646, et à celle du château et du fort de Mont-Rohd, dans le Berri, en 1651. Si l'on en croit le marquis de la Fare dans ses Mémoires, Richelieu lui accordait toute sa confiance.

Le marquis Clérembault, son fils

aîné, lieutenant général, périt à la suite du funeste combat d'Hochstett en 1704, en traversant le Danube à cheval. L'abbé Jules de Clérembault, son autre fils, devint académicien et ne fut célèbre que par sa laideur. Comme il occupait le fauteuil de notre grand fabuliste, les plaisants disaient qu'on avait nommé Ésope à la place de la Fontaine.

CLERISSEAU (Charles-Louis), peintre et architecte, membre de l'Académie de peinture et de sculpture, et de celles de Londres, de Saint-Pétersbourg, etc., naquit à Paris, en 1722, et mourut à Auteuil, en 1820; il étudia son art en Italie, où il passa vingt années à dessiner les monuments romains, et construisit, à Metz, l'hôtel du gouvernement. Appelé en Russie, il y devint le premier peintre de Catherine II et créa le musée de SaintPétersbourg. On a de cet artiste des dessins et des gouaches très-estimés : Clérisseau a publié : Antiquités de la France, monuments de Nîmes, 1778, in-fol. Dufourny et Legrand sont ses élèves.

CLERMONT, bourg du Maine, aujourd'hui du département de la Sarthe, à 4 kilomètres de la Flèche, érigé en marquisat en 1576, en faveur de George Ier, seigneur de Clermont et de Galerande, trisaïeul de Charles George de Clermont Galerande, né à Paris, en 1744, maréchal de camp à l'époque de la révolution, mêlé ensuite aux intrigues de Coblentz et du comité royaliste, chargé plus tard, par Louis XVIII, de ses singulières lettres au premier consul, créé pair de France en 1814, et mort à Paris en 1823.

CLERMONT, ancienne seigneurie du Dauphiné, aujourd'hui du département de l'Isère, à 18 kilomètres de Grenoble, érigée en comté en 1547. C'était la première baronnie de la province.

Cette seigneurie avait donné son nom à une famille illustre, de laquelle sont sortis un graud maître de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, un maréchal de France et plusieurs évêques ou archevêques. Cette famille `est

connue depuis Sibaut, premier du nom, seigneur de Clermont, mentionné dans un acte de 1094.

Sibaut II, son fils, vivait encore en 1180. Comme il avait commandé les troupes qui servirent, en 1120, à chasser de Rome l'antipape Grégoire VIII, le pape Calixte II, pour lui témoigner sa reconnaissance, accorda à la maison de Clermont le privilége de porter pour armes deux clefs d'argent passées en sautoir, sur un champ de gueules, et pour cimier la tiare papale avec cette devise: Si omnes te negaverunt, ego te nunquam negabo.

Les personnages les plus remarquables de ses descendants sont :

Aynard de Clermont, deuxième du nom, créé en 1340, par Humbert II, dauphin de Viennois, chef des guerres delphinales.

Antoine de Clermont, troisième du nom, en faveur de qui fut érigé, en 1547, le comté de Clermont, grand maître des eaux et forêts de France, et lieutenant général des armées du roi en Dauphiné, mort en 1569 des blessures qu'il avait reçues à la bataille de Montcontour.

Henri de Clermont, créé duc et pair en 1571, tué en avril 1573.

François de Clermont, comte de Tonnerre, lieutenant général des armées du roi, mort en 1679.

François de Clermont- Tonnerre, son fils, évêque et comte de Noyon, pair de France, commandeur des ordres du roi, membre de l'Académie française, où il fonda un prix de poésie; mort en 1701.

François de Clermont-Tonnerre, évêque et duc de Langres, neveu du précédent, fut chargé de l'Oraison funèbre de Philippe de France, duc d'Orléans, frère de Louis XIV, mort

en 1724.

Gaspard, marquis de ClermontTonnerre, né en 1688, mort en 1781, commandeur de l'ordre de Saint-Louis, maréchal de France, duc et pair, se distingua à l'armée de Bohême en 1741, au combat de Sahay, à la défense de l'Alsace, au siége de Fribourg, à la bataille de Fontenoi, où il comman

dait la gauche de l'armée française, à la prise de Tournai, à celle de Bruxelles, à Raucoux et à Laufeld. En qualité de doyen des maréchaux, il représenta le connétable au sacre de Louis XVI.

Jules-Charles-Henri de ClermontTonnerre, lieutenant général, duc et pair de France, commandant du Dauphiné, périt sur l'échafaud en 1794.

Stanislas, comte de Clermont-Tonnerre, né en 1747, était colonel au moment où éclata la révolution. Dé puté de la noblesse aux états généraux, il fut nommé président de la minorité lors de la réunion de cette minorité aux députés du tiers état. Dans la nuit du 14 août 1789, il vota l'abolition de tous les priviléges; quelque temps après il fit accorder le droit de cité aux protestants, aux juifs, aux comédiens. Le 22 février 1790, il proposa d'investir le roi de toute la puissance exécutive, afin qu'il pût réprimer les troubles des provinces. Après la session, il fonda, avec Malouet, une société politique en opposition avec les jacobins, et qui prit pour organe le journal des impartiaux. Cette feuille, dont les principes étaient en opposition directe avec ceux qui dominaient à l'assemblée législative, fut cause de l'arrestation du comte de Clermont-Tonnerre, après la fuite du roi, en 1790. Mis presque aussitôt après en liberté, il fut encore arrêté le 10 août et de nouveau relâché au bout de quelques instants. Mais, comme il retournait chez lui, un de ses anciens domestiques, qu'il rencontra, ameuta le peuple contre lui et le fit massacrer. Ses opinions politiques ont été recueillies et publiées en 1791, en trois volumes in-8°.

CLERMONT EN ARGONNE, petite ville de l'ancienne Champagne, aujourd'hui chef-lieu de canton du département de la Meuse, à 24 kilomètres de Verdun. Cette ville, qui avait le titre de comté, fut donnée, par l'empereur d'Allemagne, à l'église de Verdun. Thibaut, comte de Bar, s'en empara, en 1204. Cependant, lui, ses successeurs et les ducs de Lorraine, devenus

comtes de Bar, n'en continuèrent pas moins à faire hommage aux évêques de Verdun pour la seigneurie de Clermont, jusqu'à l'an 1564, époque où ce comté fut compris dans les investitures données par les empereurs aux ducs de Lorraine. De l'an 1633 à l'époque de la paix des Pyrénées, les rois Louis XIII et Louis XIV s'en rendirent maîtres plusieurs fois. Mais, par ce traité, le duc de Lorraine abandonna à la France tous les droits qu'il prétendait avoir sur le comté de Clermont, et Louis XV en fit présent au prince de Condé, à charge de foi et hommage à la couronne. Les fortifications de Clermont furent rasées quelque temps après sa réunion à la France. Sa population est aujourd'hui de 1,446 habitants.

CLERMONT EN BEAUVAISIS, petite ville avec le titre de comté, dans l'ancien Beauvoisis, auj. chef-lieu d'arrondissement du département de l'Oise, joue un grand rôle dans l'histoire des guerres du moyen âge et même des temps modernes. On fait remonter au règne de Charles le Chauve la construction de son château. Elle fut surprise par le célèbre captal de Buch, lors des troubles de la Jacquerie; les Anglais s'en rendirent maîtres et la pillèrent en 1359; elle leur résista opiniâtrément en 1415. En 1430, le château fut pris par le maréchal de Boussac; mais la ville, retombée au pouvoir des Anglais en 1434, leur fut enlevée par la Hire et rendue, en 1437, pour la rançon de ce même la Hire. Elle ne tarda pas à rentrer sous la domination française. En 1569, Charles IX aliéna Clermont au duc de Brunswick, moyennant 360,000 livres, et trente ans après, la duchesse de Brunswick revendit la ville à Charles, duc de Lorraine. En 1595, elle fut prise par Henri IV sur la ligue, et en juillet 1615, le prince de Condé s'y retira avec quelques troupes et parvint à s'y fortifier. Aujourd'hui le château de

Clermont est devenu une maison centrale de détention pour les femmes. Cette ville, qui était avant la révolu tion le siége d'un bailliage et le chef

lieu d'une élection, possède aujourd'hui un tribunal de première instance et un collége communal. Sa population est de 2,715 habitants. C'est la patrie de J. Grevin et de J. Fernel.

CLERMONT EN BEAUVAISIS (Comtes de). Les comtes de Clermont ont joué un grand rôle dans notre histoire, soit par eux-mêmes, soit par l'importance de leurs possessions. En voici la liste :

1° Renaud ler, le premier comte de Clermont dont l'histoire fasse mention, fut, en 1054, l'un des généraux de l'armée commandée en chef par Eudes, frère de Henri Ier, et dirigée contre Guillaume le Bâtard,duc de Normandie.

2o et 3° Hugues, surnommé de Mouchi, et Renaud II possédèrent ensuite successivement le comté de Clermont.

4o Raoul Ier, nommé connétable de France par Louis VII, eut de longues querelles avec Philippe d'Alsace, comte de Flandre et régent du royaume, et plus tard avec le chapitre de Beauvais, qui l'excommunia plusieurs fois. Il accompagna Philippe-Auguste à la croisade et mourut au siége d'Acre, en 1191.

5° Catherine, sa fille, lui succéda, avec son mari, Louis, comte de Blois et de Chartres, qui fut tué devant Andrinople, en 1205.

6° Thibaut, dit le Jeune, mourut en 1218 sans laisser d'enfants. Philippe-Auguste acquit ensuite les droits de ses héritiers sur le comté de Clermont et en investit son fils.

7° Philippe, dit Hurepel, mort en

1234.

8° Jeanne, sa fille aînée, épousa, en 1236, Gaucher ou Gautier de Châtillon, qui, dans la guerre de saint Louis contre le comte de la Marche, tua de sa main le sénéchal de Saintonge. Il accompagna encore le roi de France en Égypte et y périt, le 5 avril 1250, dans la petite ville de Casel, en défendant vaillamment, contre les Sarrasins, une rue qui conduisait au logement du roi. Comme il n'avait pas laissé d'enfants de sa femme, qui mourut la même année, le comté fut

réuni à la couronne par saint Louis, qui était le plus proche héritier, et qui en investit son sixième fils,

9o Robert de France, qui épousa Béatrix, fille de Jean de Bourgogne, seigneur de Charolais et d'Agnès, dame de Bourbon. Il succéda à cette dernière seigneurie de Bourbon, et mourut en 1318. Son fils lui succéda dans le comté de Clermont, et à sa mère. dans la seigneurie de Bourbon, qui fut érigée en duché. Depuis cette époque les comtes de Clermont se confondent avec les sires de Bourbon (voyez BOURBON.) Robert eut pour bailli, dans son comté de Clermont, le célèbre Beaumanoir (voyez ce nom.) Le comté de Clermont fut de nouveau réuni à la couronne, lors de la confiscation générale des biens du connétable de Bourbon.

La famille des premiers comtes de Clermont a donné naissance à plusieurs branches collatérales, dont les principales sont celles :

1o Des seigneurs d'Ailly et de Néelle. 2o Des seigneurs d'Offemont et de Mello.

3o Des seigneurs de Saint-Venant et du Sauchoi.

4o Des seigneurs de Thorigny et de Montgobert.

5" Des vicomtes de Chantilly et vicomtes d'Aunai.

La plupart de ces branches ont fourni des personnages remarquables. On distingue, dans la première, Raoul de Clermont, deuxième du nom, connétable de France, en 1287, qui prit une part active à toutes les guerres de Philippe le Hardi et de Philippe le Bel, et se trouvait à la malheureuse bataille de Courtrai, qui fut livrée contre son avis.

Dans la deuxième: 1o Gui de Clermont, premier du nom, maréchal de France en 1296, tué à Courtrai en 1302; 2° Jean de Néelle, deuxième du nom, grand queux de France en 1345, nommé par Philippe VI l'un de ses exécuteurs testamentaires ; 3° Gui de Néelle, deuxième du nom, maréchal de France en 1345, tué à Moron en Bretagne, en 1352; 4° Gui de Néelle,

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