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qu'elle n'a jamais été ni arrêtée, ni condamnée, ni grâciée'. Le respect de la vérité nous empêche de faire état de ses prétendus services pour grossir le nombre de nos femmes célèbres. »

M. Devaux avait été amené à prononcer ces paroles en raison du fait que, le mois précédent, la Société du Souvenir français avait en grande pompe fait apposer une plaque commémorative sur la maison habitée par Juliette Dodu à Bièvres (Seine-et-Oise), et que dans les Annales politiques et littéraires (11 juillet) M. René Thorel avait publié une version nouvelle du rôle joué par cette demoiselle' pendant l'occupation prussienne, comme gérante du bureau télégraphique de Pithiviers.

Les journaux du Loiret et le Matin ont ouvert leurs colonnes, et des accusations ont plu contre l'antipatriotisme de M. J. Devaux qui, en sa qualité d'historien, les a dédaignées. Puisque légende il y a, il n'est pas nécessaire de la laisser s'accréditer plus longtemps, et, tout en renvoyant le lecteur au Matin des 16-17 août 1911, nous croyons pouvoir imprimer ici, avec l'autorisation de l'auteur, la lettre qu'il écrivit le 21 septembre suivant à M. Hans Kantorowicz, à Posen (Allemagne), en réponse à une demande de renseignements au sujet de la personne dont les journaux français venaient de s'occuper contradictoi

rement:

«

Monsieur, je ne vois pas d'inconvénient à répondre aux questions que, dans un intérêt purement scientifique, vous m'avez posées au sujet de Juliette Dodu.

« Sa légende a été inventée de toutes pièces, en 1877, par le

1. Sa beauté et sa fermeté auraient touché le prince Frédéric-Charles qui lui aurait fait grâce. Dans un volume publié (1872) par Steenackers, dirceteur général des télégraphes, sur les exploits de ses agents pendant la guerre, rien de tout cela.

2. Reconnus par une citation au Journal officiel, la médaille militaire (1877) et la Légion d'honneur (1878).

3. Nee à Saint-Denis (ile de la Réunion) le 15 juin 1848, morte à Clarens (Suisse) le 24 octobre 1909.

fameux journaliste Villemessant, un maître en fait de puffisme, dont ce fut la dernière mystification et la plus réussie.

Le gouvernement du maréchal de Mac-Mahon s'y laissa prendre, et, sans procéder à une enquête sur place, sans se renseigner non plus auprès des hommes de la Défense nationale, tenus alors à l'écart, il décerna des honneurs immérités à une intrigante.

«En France, la légende a été répandue par l'imagerie et les publications populaires; elle s'est même accréditée en Allemagne, où l'héroïsme attribuée aux vaincus ne pouvait que rehausser les mérites du vainqueur.

Il n'y a qu'un endroit où cette légende n'ait jamais trouvé de croyants; c'est la petite ville de Pithiviers, qui n'est pas le pays natal de Juliette Dodu, mais simplement le théâtre prétendu de ses exploits imaginaires de novembre 1870.

Ici, on sait et on a toujours soutenu que ces exploits ont été forgés après coup par des journalistes; et, devant les vieux Pithivériens qu'elle rencontrait à Paris, Juliette Dodu a été plusieurs fois obligée de le reconnaître elle-même.

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A la suite de son décès survenu en 1909, une plaque commémorative a été apposée sur la maison qu'elle habitait alors à Bièvres, près de Versailles. Depuis, des amis de la défunte ont fait près de moi des démarches répétées pour lui élever un monument à Pithiviers même. Notre population a refusé ce cadeau, ne voulant pas accepter la complicité morale d'une imposture historique.

Une lettre de l'honorable M. Masson-Forestier, publiée dans le journal Le Matin, du 17 août 1911, a démontré que le gouvernement avait fini par reconnaitre son erreur et par agir en conséquence à l'égard de la demoiselle.

« Du reste, en France, le point de vue a complètement changé, en ce qui concerne les évènements de 1870. Assez longtemps les arts et la littérature se sont complu à célébrer nos désastres. Assez longtemps on s'est bercé de légendes plus ou moins consolantes, attribuant à je ne sais quelle fatalité mystérieuse des défaites dues en réalité à l'état de décomposi

tion de l'armée impériale, à l'incapacité de généraux de cour et à l'impopularité d'une guerre dynastique.

Aujourd'hui, on envisage les choses plus froidement. On met les légendes au panier, et l'on s'apprête à écrire un nouveau chapitre du relèvement national. L'esprit public est excellent; la confiance règne, et, sans désirer la guerre, les Français ne la redoutent pas. Conscients de leur force et de leur bon droit, ils sauront repousser une agression, d'où qu'elle vienne; et, lorsqu'il le faudra, chacun d'eux saura faire son devoir.

« Veuillez agréer, Monsieur, l'assurance de ma considération distinguée.

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Nous n'avons rien à ajouter à cette lettre, singulièrement prophétique, qui fut écrite le 21 septembre 1911, dans un moment de tension des rapports entre la France et l'Allemagne.

HENRI STEIN.

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LES COLLÉGIALES.

NOMBRE DES PAROISSES.

ORIGINE DES PAROISSES.

CLERGÉ SÉCULIER. LES RÉGULIERS.

E district d'Étampes ouvrit ses séances. le 22 juin 1790'. Il se composait de douze membres, dont quatre formèrent le Directoire'.

Le pays fut divisé en sept cantons: Angerville,

1. Les origines du district d'Étampes, comme celles du département, sont exposées dans le premier volume de ce travail. Voir Le clergé de Versailles pendant la Révolution (Versailles, 1913, in-8).

2. 1° Charpentier (Théodore), d'Étampes; 2° Sagot (Jean)), d'Étampes, notaire; 3o Desroziers (Alexandre), de Boissy-le-Sec; 4° Petit, de Breux; 5o Cordier, de Milly; 6° Benoist, d'Arrancourt; 7° Bidault, d'Angerville; 8° Duverger (Paul-Antoine), d'Étampes; 9' Dufresne, d'Étampes; 10° Venard (Louis-Marin), d'Étampes, notaire; 11° Fortin, de Bouray; 12° Lévêque, de Maisse.

Bidault fut le président d'âge; ensuite Charpentier fut élu par 7 voix contre 3 à Dufresne. Cette petite assemblée se compléta par Crosnier, choisi comme secrétaire; par Héret, procureur syndic, et par Coupry, procureur de la commune.

Le Directoire fut formé de MM. Sagot, Dufresne, Venard et Duverger. XXXIII.

13

Chamarande, Étampes, La Ferté-Alais, Maisse, Milly et Saclas.

84 municipalités et 90 paroisses' complétèrent l'organisation administrative de la circonscription.

Le clergé de ce grand district - le plus étendu de tout le département -se divisait, comme partout, en clergé régulier et en clergé séculier.

ce nom,

Le clergé séculier comptait environ 400 membres. Il comprenait les curés; les vicaires établis dans les plus petites paroisses; les desservants' aujourd'hui en train de disparaître, était déjà inventé ; les chapelains de petits autels et d'oratoires particuliers; enfin les prêtres si nombreux des trois collégiales, dont deux à Étampes et une à Milly.

Bien moins nombreux était le clergé régulier, qui n'atteignait pas en tout le chiffre de 50 membres, car presque tous les anciens prieurés étaient ou abandonnés ou sécularisés.

Étampes avait des Cordeliers, des Mathurins, des

1. La carte du district donne ces chiffres; mais elle compte deux municipalités à Auvers : l'une à Auvers, l'autre à Saint-Georges. En cela elle se trompe. Auvers avait deux paroisses, mais unies dans une seule municipalité. En revanche, elle a omis la municipalité de Boissy-le-Cuté, qui a le droit d'y figurer. De la sorte, on arrive bien au chiffre de 84.

Il y avait 90 paroisses; car Etampes en comptait 5; Auvers 2 et Maisse 2. 2. En dehors des paroisses proprement dites, certaines localités avaient des prêtres résidants, indépendants des curés fixés au chef-lieu de la pa roisse, par exemple: Bonvilliers, La Montagne, dans la paroisse de Morigny, ou mieux de Saint-Germain-lez-Étampes; Bouray, Le MesnilRacoin, Villiers près Méréville, Retreville, et d'autres qu'il serait trop long d'énumérer. Tous ces petits centres de populations étaient desservis par des prêtres attachés à des chapelles locales. Celles-ci ne pouvaient prétendre au titre paroissial; mais elles en remplissaient néanmoins presque toutes les exigences, au point de vue des obligations et des actes de la vie chrétienne.

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