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qu'ils se flattent d'être favorablement écoutés, en vous suppliant d'examiner leurs desseins nécessairement liés aux vues d'agrandissement, d'embellissement et d'utilité publique, qui ont toujours été l'objet de vos attentions.

Pendant longtemps la Compagnie fut comme errante, n'ayant aucun lieu fixe et déterminé pour ses exercices. En l'année 1754, quoiqu'elle fut alors peu nombreuse, elle se détermina d'acquérir, moyennant quarante livres de rente foncière rachetable à toujours, un grand jardin situé sur la promenade la plus fréquentée de cette ville; l'acte en fut passé chez M. Venard, notaire, le 10 mars audit an. Elle y fit aussitôt des plantations en charmilles et marronniers, qui sont si belles aujourd'huy, que ce jardin est devenu un lieu de récréation où le public s'empresse à se rassembler journellement.

Les efforts de la Compagnie, dans un temps qu'elle était peu nombreuse, augmentent à proportion qu'elle s'accroit. La grande fréquentation de son jardin a fait désirer au public d'y voir un bâtiment, dont l'utilité et l'agrément sont généralement reconnus; la Compagnie voudrait répondre par ellemême aux désirs du public, mais elle ne peut se flatter d'y réussir si vous ne concourez avec elle à l'édification de ce monument.

Tout le monde convient de la beauté de nos promenades, bien plantées, bien entretenues; la rivière qui les termine y forme un canal au-delà duquel une prairie et des coteaux agréables donnent le coup d'oeil le plus satisfaisant.

Cependant, ces promenades dans les plus beaux jours de l'été sont souvent désertes, situées hors l'enceinte de la ville; on ose à peine y aller, le plus léger nuage retient tout le monde, parce que l'on se dit qu'il n'y a point de retraite pour se mettre un instant à couvert de l'injure du temps; ce n'est pas d'aujourd'huy, Messieurs, que vous avez cherché les moyens de remédier à cet inconvénient.

La Compagnie de l'Arquebuze vous l'offre; le bâtiment qu'elle se propose de faire édifier dans son jardin et, dont le plan est ici joint, sera un lieu commode et assuré

pour toutes les personnes qui fréquentent les promenades, mais elle ne peut par elle-même suffire aux dépenses nécessaires pour l'édification de ce bâtiment. Elle répond, autant

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qu'il est en elle, aux vues d'embellissement et d'utilité que le public lui inspire, elle offre d'y contribuer selon ses facultés, mais elle espère que vous approuverez son zèle et que vous concourrerez, avec elle, à rendre utile et agréable une entre

prise qui, loin d'ètre onéreuse, ne peut que produire un effet utile et même l'augmentation du patrimoine de la ville.

En effet, Messieurs, vous n'ignorez pas que le jardin de la Compagnie est situé au milieu de la promenade publique; il est ouvert, et le sera toujours, aux heures ordinaires de la promenade, plus commode qu'aucun autre endroit de la ville. pour y donner et exécuter, sans danger, les fêtes que souvent la Cour ordonne. Vous procurerez en cela la tranquillité des citoyens, qui craignent toujours, et avec raison, les inconvénients presque ordinaires de réjouissances qui se font dans l'enceinte resserrée de la ville.

La Compagnie, d'ailleurs, se soumet de souscrire au profit de la ville un acte qui luy transmette la propriété et de son jardin et du bâtiment qu'elle propose d'édifier sur ycelui, si par évènements la Compagnie venait à s'éteindre et elle sera sensée éteinte, quand il n'y aura plus que trois ou quatre chevaliers. Bien entendu que dans ce cas la ville continuerait au s Prévoteau les 40 livres de rente qui lui sont dus sur le dit jardin si lors elle n'était pas remboursée.

De telles propositions tendent donc moins à constituer la ville dans une dépense, qu'à augmenter son patrimoine par un espectative qui n'est pas sans vraisemblance, les choses les mieux établies ne pouvant pas toujours durer.

A ces causes, la Compagnie vous supplie, Messieurs, de vouloir bien répondre à ses vues, à celles du public, en lui accordant, par les deniers d'octroi ou patrimoniaux de la ville, telle somme qu'il vous plaira, et qu'elle vous prie de proportionner à son zèle pour la construction d'un bâtiment, qui aura le double avantage d'être très utile et de produire un nouvel ornement aux promenades que vous vous occupez d'entretenir. »

Ce document fut remis à M. Hochereau, capitaine, pour être présenté au bureau de ville ainsi qu'aux ⚫ controleur général, intendant de la généralité de Paris et autres.

Le jeudi 11 avril 1765, sur convocation générale à l'Hôtel de Ville, les habitants sont avisés du dépôt, le 4 avril, du mémoire précité. Lecture est donnée du document; l'assemblée examine les plans et devis dudit bâtiment et à l'unanimité, les habitants estiment que ce bâtiment seroit tout à fait utile et commode au public; que le plant en marronniers et charmilles fait par la Compagnie, du jardin, depuis qu'elle en est propriétaire, en fait un lieu charmant, et qu'en conséquence is « souhaittent, sous le bon plaisir et avec l'agrément de Sa Majesté, tirer du coffre de la ville une somme de quinze cents livres à payer à l'entrepreneur...., et le surplus par la Compagnie ».

L'assemblée ajoute que ce lieu est très heureusement choisi pour les promenades; que la construction projetée augmentera la sécurité des habitants qui vont s'y distraire; et qu'on y fera les festes ordonnées par la Cour ».

Cette année là, on reçoit les sieurs Darblay, charpentier, Pierre Fr. Hemard, « conseiller du Roy », et le roi est pour la seconde fois le sieur Delachasse. L'année suivante c'est le tour du s' J.-A. Enard. C'est en mai de cette année 1766 que la Compagnie est appelée à délibérer sur l'invitation d'assister au prix de La Ferté-sous-Jouarre, qui était fixé en septembre. Aucune solution n'intervient et nous passons d'emblée à la royauté du sieur J. Desforges, le 8 juin 1767. Deux inscriptions se relèvent en août et en septembre: Pierre Rousseau et M... Prévoteau'.

1. Est-ce le propriétaire du jardin vendu à l'arquebuse?

L'année suivante, réception du sieur Lelièvre de la Londe, et abat de l'oiseau par Boivin l'aîné, qui est également roi en 1769, année dans laquelle on reçoit le sieur Barthélemy Conty.

La mort de M. Hochereau, capitaine, en mars 1770, amène le 6 mai la Compagnie à nommer en son lieu et place. Fr. Cezard Perrier, lieutenant, pour capitaine; pour lieutenant Fr. Ant. Rigault, ce dernier porte enseigne; et pour porte enseigne CharlesChrétien Perrier ». Ce Rigault fait recevoir son fils le 4 juin et le 5 on inscrit un sieur Bourgeois. Le 6 l'oiseau est abattu par Rigault, le 7 s'inscrit Étienne Conty dont nous aurons occasion de reparler par la suite.

L'année suivante, on rétablit le mât» dressé dans le jardin et on le remplace par un neuf. C'est le sieur Hugo qui l'étrenne le 21 mai.

Les réceptions continuent à amener l'élite de la bourgeoisie, du barreau, de la magistrature, etc... En 1772 Gérôme Bourgeois, Ch.-Ant. Choiseau, « maitre de poste à Etrechy, le sieur Perrier, apothicaire, et les sieurs Louis Bechu et Jean Thiboust se font affilier.

Le 8 juin de cette même année 1772, le sieur Perrier, capitaine, demande, en raison de son âge, à se retirer. Après instances pour lui faire reprendre sa démission, la Compagnie nomme de nouveaux officiers capitaine Fr. Antoine Rigault, lieutenant Charles Chrétien Perrier, sous lieutenant Jean Hugo, cy devant le plus ancien des chevalliers ». La délibération est signée de 17 noms Creuzet major, Rigault capitaine, Perrier lieutenant, Chazottier, Desforges, Fr. Boivin, Hugo roy, Dar

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