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Je ne fouffre que trop, monftre cruel: arrête,
A mes yeux effrayés dérobe cette tête.

Ah! ma mere, épargnez votre malheureux fils.
Ombre d'Agamemnon, fois fenfible à mes cris :
J'implore ton fecours, chére ombre de mon pere:
Viens défendre ton fils des fureurs de fa mere.
Prens pitié de l'état où tu me vois réduit.
Quoi jufques dans tes bras la barbare me fuit.
C'en eft fait ; je fuccombe à cet affreux fupplice.
Du crime de ma main mon cœur n'eft point complice;
J'éprouve cependant des tourmens infinis.
Dieux ! les plus criminels feroient-ils plus punis.

Crébillon, Electr. act. V. fc. dern.

C

Tome I.

Kiij *

JE

GENEROSITE'.

(1) HE'LENUS à ILLYRUS.

E vous obéirai quand vous ferez mon maître,
Si le deftin m'abaiffe au point d'en reconnoître :
Jufques-là mon amour craint peu votre pouvoir.
Je fais jufqu'où s'étend la régle du devoir.
Mais j'ignore, Seigneur, ces triftes facrifices,
Qui font gémir un cœur en d'éternels fupplices.
Le mien qui ne connoît ni crainte, ni détour,
Regarde d'un même œil & la gloire, & l'amour.
Si l'amour vous livroit le cœur de la (2) Princeffe;
Ma fierté fuffiroit pour bannir ma tendreffe :
Mais fi l'amour auffi daigne me l'accorder,
Jufqu'au dernier foupir je faurai le garder.
Sans le péril affreux dont le fort vous menace,
Vous verriez fur ce point jufqu'où va mon audace.
Mais Hélénus fenfible autant que généreux
N'a jamais sû, Seigneur, braver les malheureux.
Crébillon, Pyrrh. a&. I. fc. VII

M

Et

C

E

J

Ο

P

ILLYRU S.

HE'LENUS, tu n'es pas ce que tu nous parois.
Je vois que c'eft à toi que l'on me facrifie,
Et je pourrois d'un mot mettre au hafard ta vie:
Mais un trait fi perfide eft indigne de moi,
Et je veux être encor plus généreux que toi.

Crébillon, Pyrrh. act. 1. fc. VIII.

(1) C'eft Pyrrhus élevé fous ce nom à la Cour de Glauciasi

(2) Ericie, fille de Neoptoleme, ufurpateur de l'Epire,

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B

GENES DU TRÔNE.

D. ISABELLE & BLANCHE.

LANCHE, as-tu rien connu d'égal à ma misére? Tu vois tous mes défirs condamnés à fe taire, Mon cœur faire un beau choix fans ofer l'accepter, Et nourrir un beau feu fans l'ofer écouter. Voi, par-là ce que c'eft, Blanche, que d'être Reine. Comptable de moi-même au nom de Souveraine, Et fujette à jamais du trône où je me voi, Je puis tout pour tout autre, & ne puis rien pour moi. O fceptres! s'il est vrai que tout vous soit poffible Pourquoi ne pouvez-vous rendre un cœur infenfible? Corneille, D. Sanch. d'Arrag, act. 11. fc. I.

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H, que fous de beaux noms cette gloire eft cruelle ! Combien mes triftes yeux la trouveroient plus belle, S'il ne falloit encor qu'affronter le trépas !

Racine, Bérén. act. 11. fc. 11.

CICERON aux SE'NATEURS.

ROMAINS, j'aime la gloire, & ne veux point m'en taire ;
Des travaux des humains c'eft le digne falaire.
Sénat en vous fervant il la faut acheter.

Qui n'ofe le vouloir, n'ofe la mériter.

Voltaire, Re.. fäuv, alt. v. fc. 11.

ACHILE à AGAMEMNON.

LES Dieux font de nos jours les Maîtres fouverains, Mais, Seigneur, notre gloire eft dans nos propres mains. Pourquoi nous tourmenter de leurs ordres fuprêmes? Ne fongeons qu'à nous rendre immortels comme euxmêmes ;

Et laiffant faire au fort, courons où la valeur Nous promet un deftin auffi grand que le leur. Racine, Iphig. act. 1. ft. 114

2

1

HEUREUX qui dans d'obscurs travaux
A foi-même fe rend utile;
Il faudroit pour vivre tranquille
Des amis & point de rivaux.
La gloire eft toujours inquiette,
Le bel efprit eft un tourment,
On eft dupe de fon talent;
C'eft comme une époufe coquette;
Il lui faut toujours quelque amant;
Sa vanité qui vous obféde.
S'expofe à tout imprudemment ;
Elle eft des autres l'agrément
Et le mal de qui la pofféde,
Voltaire ?

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Lettre au Préfid. Hénaultè

MON

GRACE.

PAULINE à FE'LIX.

ON époux en mourant m'a laiffé fes lumiéres, Son fang dont tes bourreaux viennent de me couvrir,

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M'a défillé les yeux & me les vient d'ouvrir,
Je vois, je fais, je crois, je fuis désabufée,
De ce bienheureux fang tu me vois baptifée,
Je fuis Chrétienne enfin n'eft-ce point affez dit?
Conferve en me perdant ton rang, & ton crédit,
Redouté l'Empereur, appréhende Sévere;
Si tu ne veux périr ma perte eft néceffaire.
Polyeucte m'appelle à cet heureux trépas
Je vois Néarque & lui qui me tendent les bras.
Méne, méne-moi voir tes Dieux que je détefte
Ils n'en ont brifé qu'un, je briferai le refte,
On m'y verra braver tout ce que vous craignez,
Ces foudres impuiffans qu'en leurs mains vous peignez,
Et faintement rebelle aux loix de la naiffance
Une fois envers toi manquer d'obéiffance.
Ce n'eft point ma douleur que par-là je fais voir,
C'eft la grace qui parle & non le défefpoir.
Le faut-il dire encor, Félix, je fuis Chrétienne
Affermis par ma mort ta fortune & la mienne
l'un & l'autre en fera précieux,
Puifqu'il t'affure en terre en m'élevant aux cieux.
Corneille, Polyeuct. act. V. fc. V.

Le coup

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A

GRAND CŒUR.

ELECTRE à TYD E' E

L'ASPECT de mes fers êtes-vous fans colére? Eft-ce ainfi que vos foins me rappellent mon frere > Ne m'offrirez-vous plus pour efuyer mes pleurs, Que la main qui combat pour mes perfécuteurs ? Ceffez de m'oppofer une funefte flamme Si je vous laiffois voir jufqu'au fond de mon ame Votre cœur excité par l'exemple du mièn Détefteroit bien-tôt un indigne lien;

Ky

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