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c.c.e.

Oct.14.19

AVIS DE L'ÉDITEUR.

Le recueil que nous publions sous le titre de Chefs-d'œuvre oratoires de Bossuet reproduit les textes extraits de l'édition des OEuvres complètes de Bossuet (Versailles, 1816); cependant nous avons fait aux Oraisons funèbres quelques corrections importantes qui nous ont été indiquées par M. l'abbé Caron. Ce savant bibliothécaire du séminaire de Saint-Sulpice, après avoir terminé sa collation des éditions originales, nous communiqua le résultat de son travail; et, grâce à ses laborieuses et utiles recherches, ainsi qu'à l'intérêt bienveillant qu'il mettait à quelques-unes de nos réimpressions, nous croyons pouvoir assurer que nous donnons le texte exact des Oraisons funèbres de Bossuet. Nous y avons ajouté les variantes de l'auteur, les observations de l'abbé de Vauxcelle, des cardinaux Maury et de Bausset, de La Harpe, etc., les renseignements historiques. nécessaires pour la prompte intelligence du texte, et les jugements du P. de Neuville, de MM. de Bausset, de Chateaubriand, Dussault et Villemain : quant aux citations, elles ont été vérifiées, sur les originaux, et quelquefois rectifiées par M. l'abbé Caron. Les panégyriques de saint Paul, de saint Pierre Nolasque, de saint Victor, de saint André, de sainte Catherine, et de saint Thomas de Cantorbéry, complètent le premier volume.

Le second volume contient seize Sermons, quarante-trois fragments de Sermons, et le Discours sur l'Unité de l'Église, que le cardinal Maury, dans son Essai sur l'Éloquence de la chaire, et ailleurs, appelle le grand chef-d'œuvre de Bossuet. Pour faciliter l'entente de ce discours, nous avons fait un Précis historique des événements qui donnèrent lieu, en 1681, à la convocation de l'assemblée générale du clergé de France, assemblée devenue si célèbre par sa Déclaration sur la puissance ecclésiastique. Ce Précis est extrait de l'Histoire de Bossuet, par M. le cardinal de Bausset, à laquelle pourront recourir ceux qui voudront plus de détails.

CHEFS D'OEUY. DE BOSS.-T. I.

Nous n'essayerons pas de justifier la préférence que nous avons donnée aux panégyriques, aux sermons et aux fragments de sermons qui sont à la suite des Oraisons funèbres; le public jugera si nous avons été trompé par le sentiment qui a dicté notre choix.

Pour éviter la répétition des noms, les auteurs des notes sont désignés ainsi qu'il suit :

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NOTICE SUR BOSSUET.

BOSSUET (JACQUES-BENIGNE) naquit à Dijon le 27 septembre 1627, d'une famille distinguée dans le parlement de Bourgogne. Il se livra dès son enfance à l'étude avec l'avidité d'un génie naissant.

Comme il se destinait à l'état ecclésiastique, il embrassa toutes les études qu'il crut nécessaires ou simplement utiles à cet important ministère, depuis la lecture de la Bible jusqu'à celle des auteurs profanes, et depuis les Pères de l'Église jusqu'aux théologiens de l'école et aux écrivains mystiques. Le goût vif et l'espèce de passion qu'il prit pour les livres sacrés annonçaient à la religion le prélat qui devait la prêcher avec le zèle des apôtres, et la célébrer avec l'éloquence des prophètes. Parmi les docteurs de l'Église, saint Augustin était celui qu'il admirait le plus. Il le savait par cœur, le citait sans cesse, trouvait, disait-il, dans saint Augustin la réponse à tout, et le portait toujours avec lui dans ses voyages.

Quant aux auteurs de l'antiquité profane, où son éloquence cherchait déjà des maîtres et des modèles, il donnait la préférence à Homère, dont le génie élevé, mais sans contrainte, avait le plus de rapport avec le sien. Il se plaisait aussi beaucoup à la lecture de Cicéron et de Virgile; il faisait moins de cas d'Horace, qu'il jugeait plus en chrétien sévère qu'en homme de goût; la morale de l'épicurien effaçait à ses yeux le mérite du poëte, et le rendait insensible à des grâces qui ne lui paraissaient faites que pour séduire ou alarmer sa vertu. Il portait encore plus loin l'austérité de ses principes. On sait que des casuistes rigides ont regardé comme une sorte d'apostasie la liberté que se sont donnée la plupart des poëtes chrétiens, d'employer dans leurs vers le nom des divinités païennes. Bossuet faisait à ces docteurs inexorables l'honneur d'être de leur avis. Despréaux leur a fait, dans son Art poétique, la meilleure réponse qu'un grand poëte puisse opposer à de pareils scrupules; il les a réfutés en vers harmonieux on a retenu les vers de Despréaux, et oublié la sentence des rigoristes. Les fictions si agréables et si philosophiques de la mythologie ancienne, qui donnait à tout l'âme et la vie, continueront, malgré l'arrêt de Bossuet, de fournir aux grands poëtes, sans

danger comme sans scandale, des images toujours piquantes et toujours nouvelles par le charme et l'intérêt qu'ils sauront y répandre. Quant à cette foule de versificateurs à qui on ne pourrait ôter Flore et Zéphire, l'Amour et ses ailes, sans réduire à la plus étroite indigence leur muse déjà si pauvre, l'insipide usage qu'ils font de la Fable dans leurs minces productions devait paraître à Bossuet lui-même plus fastidieux que criminel.

De toutes les études profanes, celle des mathématiques fut la seule que le jeune ecclésiastique se crut en droit de négliger, non par mépris, mais parce que les connaissances géométriques ne lui parurent d'aucune utilité pour la religion.

En se montrant peu favorable aux mathématiques, Bossuet ne témoigna pas la même indifférence à la philosophie, qui, par malheur pour elle, ignorait encore combien les mathématiques lui étaient nécessaires. Il goûta beaucoup le cartésianisme, alors trèsnouveau et naissant à peine; un esprit de cette trempe, hardi, étendu, vigoureux, et ne demandant qu'à prendre l'essor, mais enchaîné par les entraves respectées où la religion le retenait captif, sentait tout le prix de la liberté que la philosophie de Descartes autorise dans les matières où il est permis de douter et de penser. Les attaques violentes que cette philosophie essuyait alors, de la part des théologiens mêmes, bien loin d'effrayer Bossuet, contribuaient peut-être, sans qu'il le sût, à échauffer son zèle pour la raison persécutée. Déjà des magistrats, ennemis des lumières et de leur siècle, avaient défendu, sous les peines les plus sévères, qu'on enseignât le cartésianisme, qui, malgré cette défense, trouva moyen de s'établir à petit bruit, et finit par détrôner la scolastique sa rivale. Depuis ce temps, la philosophie de Descartes, qui n'avait guère fait que substituer à des erreurs anciennes et absurdes des erreurs nouvelles et séduisantes, a disparu ainsi que celle d'Aristote, mais sans résistance et sans effort: cette philosophie, si inutilement tourmentée dans son berceau par l'imbécillité puissante, réclamerait aussi inutilement aujourd'hui la protection dont Bossuet l'a honorée; elle a péri sous nos yeux de sa mort naturelle, et la raison a fait toute seule ce que l'autorité n'avait pu faire; importante, mais presque inutile leçon pour ceux qui ont le pouvoir en main, de ne pas user vainement de leurs forces pour prescrire à la raison ce qu'elle doit penser, et de la laisser démêler d'elle-même ce qu'il lui convient de rejeter ou de saisir. Plus l'autorité agitera le vase où les vérités nagent pêle-mêle avec les erreurs, plus elle retardera la séparation des unes et des autres; plus elle verra s'éloigner ce moment, qui arrive pourtant tôt ou tard,

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