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ORFÉVRERIE DU XIIIE SIÈCLE

LA CROIX DE CLAIRMARAIS

siècle, on peut

Parmi les objets précieux d'orfévrerie que nous a légués le x certainement compter la croix de Clairmarais, que possède aujourd'hui l'église Notre-Dame de Saint-Omer. Son origine est bien connue, et voici comment elle est parvenue jusqu'à nous. Soustraite au creuset révolutionnaire par le dernier abbé de Clairmarais, qui, lors de la dissolution des monastères, l'emporta avec lui comme un objet précieux à cause de la relique qu'elle renfermait, cette croix resta longtemps entre les mains des héritiers de cet abbé, qui la vendirent à une personne de Saint-Omer 1, et celle-ci s'empressa généreusement de la donner à l'église de Notre-Dame. Il y a réellement quelque chose de miraculeux de voir ce reliquaire, qui eût pu disparaître comme tant d'autres objets précieux de la même époque, rendu à sa véritable destination, et assuré d'une conservation qui sera, du moins on peut l'espérer, de longue durée.

La beauté du travail, la rareté des monuments de cette époque, ont donné à la croix de Clairmarais une renommée que contribuera encore à étendre l'obligeance de notre honorable directeur, qui veut bien ouvrir les colonnes de son savant recueil à la description que j'en ai faite. Cette description est accompagnée des belles planches dessinées par M. Aug. Deschamps et gravées par M. Sauvageot. Au reste, ce chef-d'œuvre d'orfévrerie était déjà admiré au temps où l'abbaye de Clairmarais le renfermait. Il est vrai que la relique de la vraie croix qui s'y trouvait, et le souvenir du donateur probable, y contribuaient beaucoup, si même on ne doit pas admettre que c'en était le motif exclusif. Voici ce qu'en dit l'historien de l'abbaye.

« La plus précieuse relique de cette abbaye est le bois de la vraie croix de N.-S. J.-C., enchassé dans une double croix de bois, recouverte d'argent doré,

4. M. Lefebvre-Hermand, aujourd'hui député au corps législatif.

XIV.

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surchargée d'une vignette de cuivre doré, et entremêlée de pierres fines, de perles et corail rouge et blanc, etc. Cette croix a environ deux pieds et demi de hauteur, plus ou moins. Elle est enrichie de trois petites croix de la vraie croix, entre lesquelles celle du milieu est plus grande que les deux autres. Les pierres fines qui lui servent d'ornement sont sans être taillées, et tout le travail de cette croix dénote une grande antiquité. Cetie Sainte Croix est gardée dans la trésorerie contiguë le dortoir, est exposée le vendredi saint et les autres jours qui lui sont propres selon l'ordre, et honorée du culte de latrie. J'ignore de qui nous vient cette Sainte Croix; dirai-je que c'est de notre fondateur (Thierry d'Alsace), qui a fait quatre fois le voyage de la terre sainte, et qui a rapporté le saint sang qui est à Bruges, etc., ou de son fils Philippe d'Alsace, qui a enrichi le trésor de Clairmarais de la plus grande partie de ses reliques, ou enfin de Sybille sa mère, notre co-fondatrice, qui était fille du roi de Jérusalem, et qui a fini ses jours dans les exercices de la charité la plus humble dans cette sainte ville? Sans rien assurer, il me paraît probable que ce présent nous vient de l'une ou de l'autre de ces mémorables personnes. J'ajouterai à cela que rien n'était plus ordinaire aux fondateurs que d'enrichir les églises de leur fondation de quelques reliques précieuses 1».

La mention précédente suffisait pour prouver l'authenticité de la relique; aussi Mgr l'évêque d'Arras s'empressa-t-il de la reconnaître, en y apposant son sceau. Mais si l'authenticité n'était pas contestable, il n'en était pas de même de l'époque assignée, par l'auteur du manuscrit, pour la confection de la croix. Je ne puis partager son avis à cet égard. Ce n'est point une œuvre du xır siècle, que nous avons ici; c'est du XII pur: il suffit de l'examiner. Je dirai plus loin les caractères qui nous le prouvent. Commençons par la description.

La croix de Clairmarais est à double traverse; elle a 0" 65 de hauteur. La longueur de la première traverse est de 0" 30; et celle de la seconde de 0TM 34. Je n'ai point fait figurer la partie antérieure, parce que j'ai trouvé que les ornements qui la couvrent ressemblent beaucoup à d'autres de la même époque. La description sommaire qu'en fait l'historien de l'abbaye, en donne une idée, très-superficielle, il est vrai 2. Depuis l'époque où le manuscrit a été écrit, les deux petites croix ont disparu. Il ne reste plus que la relique centrale qui est la

1. Extrait du manuscrit de Dom Bertin de Vissery, tome II, p. 427. Le premier volume est rédigé en latin, et a pour titre : « Historia domestica Claromarisci »; le second est en français. L'extrait précédent nous a été communiqué par M. Hermand.

2. Le travail nécessaire pour le dessin de la partie antérieure de cette croix eût été considérable, et sans grande utilité. Le peu de temps dont disposait mon frère, auteur du dessin de la partie postérieure, est surtout cause qu'il n'a pas entrepris de l'exécuter.

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