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ÉVÉNEMENTS DE LA QUINZAINE

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Mai 10. A Limoges, la force armée débloque l'usine d'un fabricant, assiégée depuis plusieurs jours par les grévistes encouragés par l'inertie de la municipalité et du gouvernement.

11. A Gravelotte (Lorraine), Guillaume II inaugure le monument du Souvenir allemand.

12. En Italie, M. Tittoni expose devant la Chambre le système de pénétration économique que le gouvernement entend suivre en Tripolitaine.

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13. A Auch, mort de Mgr Balain, O.M.I. Le prélat était né le 27 mai 1828 à Saint-Victor, diocèse de Viviers.

14. A Châtellerault, un meurtrier, ancien garde-chasse, assiégé dans sa maison depuis dix jours par les troupes, est pris par des curieux dans un champ où il s'était réfugié au moment où son immeuble sautait, dynamité par les soldats du génie.

15. — Dans la Méditerranée, la plupart des canots automobiles qui ont pris part à la course Toulon-Alger, organisée par le Matin avec l'appui du gouvernement, ont fait naufrage. Les équipages n'ont été sauvés que grâce aux navires de guerre mobilisés pour les accompagner.

A Madagascar, le général Galliéni s'embarque pour la France.

En Lorraine, à un banquet où il avait invité le cardinal-archevêque de Breslau, l'archevêque de Cologne, les évêques de Strasbourg et de Metz, l'empereur Guillaume II reçoit du cardinal Kopp la décoration du Saint-Sépulcre, en reconnaissance de sa protection en faveur des catholiques allemands de Terre sainte.

16. A Paris, un nouveau rapporteur, M. Moras, est désigné dans le procès en revision Dreyfus.

A Lille, mort de M. Philibert Vrau, un des principaux soutiens des œuvres catholiques dans le Nord.

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17. A Paris, la Chambre des députés continue la discussion du projet de séparation, reprise dès le 15, jour de sa rentrée. Elle vote l'article 4 bis ainsi conçu:

Ceux des biens désignés à l'article précédent qui proviennent de l'État et qui ne sont pas grevés d'une fondation pieuse créée postérieurement à la loi du 18 germinal an X, feront retour à l'État.

Les attributions de biens ne pourront être faites par les établissements ecclésiastiques qu'un mois après la promulgation du règlement d'administration publique prévu à l'article 36. Faute de quoi, la nullité pourra en être demandée devant le tribunal civil par toute partie intéressée ou par le ministère public.

En cas d'aliénation, par l'association cultuelle, de biens mobiliers ou immobiliers faisant partie du patrimoine de l'établissement public dissous, le montant du produit de la vente devra être employé en titres de rente nominatifs, dans les conditions prévues au paragraphe 2 de l'article 20. L'acquéreur des biens aliénés sera personnellement responsable de la régularité de cet emploi.

Les biens revendiqués par l'État, les départements ou les communes, ne pourront être aliénés, transformés ni modifiés, jusqu'à ce qu'il ait été statué sur la revendication par les tribunaux compétents.

Le paragraphe ter de cet article consacre, on le voit, la confiscation des fondations pieuses antérieures au Concordat, et dont le revenu est d'environ 800 000 francs.

- A Fez, M. de Lattenbach, envoyé de Guillaume II, est reçu par le sultan.

En Russie, l'amiral Birileff est désigné comme commandant général de Vladivostok; il aura pour successeur à Cronstadt l'amiral Skrydloff.

18. A Paris, la Chambre vote l'article 4 ter ainsi conçu :

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Les associations attributaires des biens des établissements ecclésiastiques supprimés seront tenues des dettes de ces établissements ainsi que de leurs emprunts, sous réserve des dispositions du troisième paragraphe du présent article; tant qu'elles ne seront pas libérées de ce passif, elles auront droit à la jouissance des biens productifs de revenus qui doivent faire retour à l'État en vertu de l'article 4.

Le revenu global desdits biens restera affecté au payement du reliquat des dettes régulières et légales de l'établissement public supprimé, lorsqu'il ne sera formé aucune association cultuelle apte à recueillir le patrimoine de cet établissement.

Les annuités des emprunts contractés pour dépenses relatives aux édifices religieux seront supportées par les associations en proportion du temps pendant lequel elles auront l'usage de ces édifices par application des dispositions du titre III.

Dans le cas où l'État, les départements ou les communes rentreront en possession de ceux des édifices dont ils sont propriétaires, ils seront responsables des annuités à échoir des emprunts afférents auxdits édifices.

19. En France, M. Bienvenu-Martin demande aux évêques de faire communiquer aux maires l'inventaire du mobilier des églises que les conseils de fabrique ont refusé de délivrer à ces magistrats.

20. A Lyon, les gardiens de la paix se mettent en grève à propos du taux de leurs pensions de retraite.

- De Mandchourie, on apprend la reprise des hostilités. L'armée russe est à Gountchouline, à 70 kilomètres de Tiéling et à 400 kilomètres de Kharbine.

23. A Paris, la Chambre, qui a déjà voté hier le paragraphe 1er de l'article 5, vote aujourd'hui le paragraphe 2, malgré les protestations de MM. de Ramel et Beauregard, tant sur l'exiguïté du délai de six mois que sur la spoliation des héritiers autres que ceux en ligne directe. Voici le texte de cet article:

Les biens mobiliers ou immobliers grevés d'une affectation charitable ou de toute autre affectation étrangère à l'exercice du culte seront attribués, par les représentants légaux des établissements ecclésiastiques, aux services ou établissements publics ou d'utilité publique dont la destination est conforme à celle desdits biens. Cette attribution devra être approuvée par le préfet du département où siège l'établissement ecclésiastique. En cas de non-approbation, il sera statué par décret en Conseil d'Etat.

Toute action en reprise ou en revendication devra être exercée dans un délai de six mois à partir du jour de la dévolution prévue au paragraphe précédent. Elle ne pourra être intentée qu'en raison de donations ou de legs et seulement par les auteurs et leurs héritiers en ligne directe.

On passe ensuite à la discussion de l'article 6 relatif aux conflits entre plusieurs associations cultuelles réclamant les biens attribués au culte.

Il porte :

Faute par un établissement ecclésiastique d'avoir, dans le délai fixé par l'article 4, régulièrement procédé aux attributions ci-dessus prescrites, il y sera procédé par décret.

A l'expiration dudit délai, les biens à attribuer seront, jusqu'à leur dévolution, placés sous séquestre.

Dans le cas où les biens attribués en vertu des articles 4 et 6 (§ 1er) seront, soit dès l'origine, soit dans la suite, réclamés par plusieurs associations formées pour l'exercice du même culte, l'attribution qui en aura été faite par les représentants de l'établissement ou par décret pourra être contestée devant le Conseil d'État, statuant au contentieux, lequel prononcera en tenant compte de toutes les circonstances de fait.

Dans un remarquable discours, M. Ribot dévoile les stratagèmes par lesquels la majorité tend à annuler l'article 4. Par exemple, le Conseil d'État n'est-il pas à la discrétion du gouvernement? La Chambre, dit-il, ne saurait se déjuger sous la pression d'un parti (la délégation des gauches).

25.

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A Paris, à la Chambre, M. Grousseau s'élève à son tour contre la compétence donnée au Conseil d'État, laquelle est d'ailleurs contraire à l'histoire de notre droit. M. de Castelnau propose de reprendre le texte primitif de l'article 6.

- A Albi, ouverture du troisième congrès social de la jeunesse catholique, sous la présidence de Mgr Mignot. Après avoir étudié à Châlons les syndicats, à Arras les mutualités, les congressistes traitent cette année les conditions du travail de la jeunesse ouvrière.

Paris, le 25 mai 1905.

Le Gérant: VICTOR RETAUX.

Imprimerie J. Dumoulin, rue des Grands-Augustins, 5, à Paris.

NOS CATHÉDRALES

Le temps et les éléments ont ridé, rongé, noici nos cathédrales. Sous l'œuvre des siècles et le travail du froid, du vent, du soleil et de la pluie, les vieux murs ont pris un aspect qui achève, à nos yeux, leur grâce. Nous les aimons ainsi, moins rigides que dans leur jeunesse, car leurs angles ont été adoucis par l'effritement de la pierre trop tendre, leurs soubassements polis par le frôlement des foules ou par les ondées séculaires, leurs membres colorés par les lichens et les mousses, brûlés et dorés par les étés, tandis que le rude baiser des rafales, autour des portails, usait peu à peu le visage des saints. La vénérable maison de Dieu, la vraie maison de ville de nos cités, couronnée d'ans, chargée de souvenirs, embellie de la poésie du passé, regarde avec un air de pérennité par-dessus nos maisons qu'elle domine.

Pour retrouver l'époque où d'autres yeux ont vu nos cathédrales sous la blanche parure dont parle la chronique, il faut remonter bien des siècles en arrière. Toutes nos grandes cathédrales ont surgi du sol en un laps de temps qui ne dépasse pas un siècle et que même, à part quelques rares et nobles exceptions, on peut resserrer en un espace de soixante ans, de 1180 à 1240, c'est-à-dire de l'avènement de Philippe Auguste au milieu du règne de saint Louis. Une ardeur de bâtir, une activité sans pareille, un idéal inconnu jusqu'alors de beauté, d'élégance et de pureté, un goût parfaitement sûr dans la science des proportions et de l'ordonnance, une émulation jalouse de progrès, tout concourut à faire de cette époque un moment exceptionnel dans l'histoire de l'art gothique et de l'architecture française. La découverte de la voûte sur croisée d'ogives, l'emploi rationnel de l'arc en tiers-point, l'habileté d'exécution qu'on y acquit du premier coup, changeaient d'ailleurs complètement les conditions de l'art de bâtir. Appliquée déjà dans les

CIII. 27

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