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imposer silence à leurs journaux. « Soyez juste, fut leur seule réponse, et vous pouvez compter sur nous; sans cela nous vous ferons la guerre sans merci. » Cette attitude du parti catholique. contribua, sans doute, à la politique d'apaisement qu'inaugurait Van Hall. Cependant, pour calmer l'effervescence du peuple protestant, le ministre proposa une loi, qui témoignait d'une assez grande défiance vis-à-vis de l'Église, mais, en réalité, qui changea peu la situation des catholiques.

Pendant ce temps, l'organisation des diocèses délimitations de paroisses, règlements des fabriques des églises et des bureaux paroissiaux de bienfaisance, érection des séminaires, se fit sans bruit, en pleine liberté, sans aucune ingérence du gouvernement. On y sent partout la main vigoureuse, parfois même un peu rude, de l'éminent archevêque Mgr Zwijsen. Dans les provinces septentrionales surtout, les difficultés étaient nombreuses; son esprit organisateur triompha de tous les obstacles, et si la congrégation de la Propagande fit quelques réserves sur la méthode suivie, elle donna néanmoins à son œuvre l'approbation et l'éloge mérités.

L'Église de Hollande était revenue à une vie nouvelle, féconde en œuvres de foi et de charité. Elle connaissait la séparation sincère et loyale: la liberté allait la rendre forte.

L. VAN MIERT.

CONTROVERSE SUR LE « SYLLABUS1 »

Monsieur l'abbé,

J'ai lu avec beaucoup d'intérêt l'article que vous avez consacré dans les Études du 20 janvier 1905 à mon mémoire sur l'Infaillibilité du pape et le Syllabus.

Voulez-vous me permettre de consigner ici les observations que m'inspire cet article?

Je suivrai l'ordre que vous avez adopté, c'est-à-dire celui de mon mémoire je m'occuperai de l'infaillibilité d'abord, du Syllabus en second lieu.

I
L'INFAILLIBILITÉ

1. UNE DISTRACTION TRÈS GRAVE. LA CERTITUDE THÉOLOGIQUE

Je me garde de reproduire ici l'exposé que j'ai consacré dans mon étude à cette importante question. Ce serait abuser de la patience du lecteur. J'arrive immédiatement à vos critiques.

Vous relevez, en ce qui concerne l'infaillibilité, deux phrases de mon mémoire. Elles sont ainsi conçues :

<< Pie IX, dans le temps où il définit dans les conditions prévues pour l'infaillibilité le dogme de l'Immaculée Conception, reste faillible dans tous les autres cas. » (P. 66.) « Nous constatons qu'au cours de ces cent trois ans, un seul acte pontifical se présente avec le caractère de l'infaillibilité. » (P. 70.)

Vous critiquez ces phrases restrictives et vous ajoutez:

« C'est l'enseignement unanime, il est de foi que l'Église est infaillible quand elle définit les vérités révélées qu'il faut croire ou les erreurs qu'il faut rejeter comme hérétiques; et il est théologiquement certain que l'Église [et par conséquent le pape] est infaillible quand elle définit des vérités connexes avec la foi, quand

1. Un de nos rédacteurs a reçu, à propos d'un article bibliographique, la lettre suivante que la loi du 29 juillet 1881 nous oblige à insérer.

elle condamne des erreurs avec des notes inférieures à celle d'hérésie et quand elle tranche définitivement sur les faits dogmatiques. »

En écrivant les deux phrases citées plus haut, j'ai commis une erreur « très grave », m'apprenez-vous, et je me suis rendu coupable d'une faute « très grave ».

Vous-même, Monsieur l'abbé, ne vous êtes-vous pas rendu coupable d'une distraction « très grave »? Vous renvoyez à la page 66 de mon mémoire et vous n'avez pas lu la note 1 de cette page qui est ainsi conçue :

« Je n'ai point ici en vue d'exclure de cette formule de fide et moribus les faits dogmatiques, ni les autres questions, quelles qu'elles soient, que les théologiens y rattachent légitimement. Je n'aborde pas cet ensemble de problèmes. »

Ainsi les expressions que vous critiquez dans mon mémoire doivent être complétées par une observation imprimée à la page même que vous citez. Et cette glose vous donne satisfaction!

Oh! ceci n'est pas de ma part une pleine justification; car, s'il est souhaitable qu'un critique lise avec soin l'ouvrage dont il rend compte, il est non moins souhaitable qu'un auteur réussisse toujours à se faire très bien comprendre. Or j'ai voulu simplement écarter de mon étude toute une série de questions que vous tranchez, vous, par la certitude théologique. Un texte qui, isolé des notes qui l'accompagnent, a été mal compris du lecteur, n'est pas un texte bien rédigé. Je récrirais aujourd'hui les pages 66 et 70 afin de ne pas donner le change. J'ajoute que j'ai eu l'occasion de corriger déjà la phrase de la page 70 que vous citez. Cette correction a paru dans la Revue du Clergé français du 15 janvier 1905, quelques jours avant la publication de votre article.

<< Pour éviter toute difficulté, disais-je dans cette revue, j'aurais. mieux fait d'écrire, page 70 : « De l'aveu de tous, au cours de << ces cent trois ans... un seul acte pontifical se présente avec tous «<les caractères de l'infaillibilité dogmatique », au lieu de la formule trop rapide : « Au cours de ces cent trois ans... un seul acte «< pontifical se présente avec le caractère de l'infaillibilité. »

<< Ma thèse est ainsi plus précise et plus indiscutable. » (Revue du Clergé français, p. 425.)

A la page 66, au lieu des mots « Pie IX... reste faillible dans tous les autres cas », j'aurais dû écrire : « Pie IX... reste fail

lible dans une foule d'autres cas. » Mais la note faisait déjà par elle-même cette correction.

C'est, je le répète, délibérément que j'ai voulu écarter, sans les résoudre, plusieurs des questions auxquelles vous faites allusion. Mais je suis heureux aujourd'hui que ma glose vous ait échappé et que mon article de la Revue du Clergé français n'ait probablement pu être lu par vous en temps utile. Car ces deux circonstances vous ont conduit à ouvrir avec moi la conversation sur un grand sujet, que, dans un sentiment de prudence, je n'avais pas abordé.

A cette invite je réponds très volontiers. Il est bon de ne pas laisser trop sommeiller certaines questions importantes.

Mes explications consisteront surtout en un exposé très sincère et très franc des motifs de mon abstention.

La raison fondamentale de cette réserve, c'est que, trop souvent, dès qu'il s'agit d'infaillibilité « théologiquement certaine », je ne me sens plus sur un terrain très ferme.

<< Une proposition, écrivez-vous, est dite théologiquement certaine quand elle découle certainement par une déduction régulière d'une proposition révélée. »>

La définition est excellente. Que m'apprend-elle ?

Que j'ai affaire ici à des intellectuels qui déduisent des propositions d'une proposition révélée, tout comme d'autres intellectuels, qui labourent le champ de la philosophie, s'appliquent à tirer de vérités ou de propositions non révélées de justes déductions.

Ce sont de part et d'autre mêmes procédés. C'est le :
Barbara, Celarent, Darii, Ferio. - Baralipton
Celentes, Dabitis, Fapesmo, Frisesomorum.

Cesare, Camestres, Festino, Baroco. - Darapti, etc. Armes de précision très compliquées, quoique excellentes, dangereuses aux mains des hommes, fussent-ils théologiens. J'entends théologiens privés, car je n'ai nullement en vue ici le chef de l'Église, définissant ex cathedra une doctrine déduite d'une proposition révélée.

De toutes les armes des logiciens, la plus élémentaire et la plus simple fut, il y aura bientôt trois siècles, cruellement funeste à l'Église.

Nous sommes à Rome, en 1616. Et voici, Monsieur l'abbé,

un petit groupe de ces théologiens qui excellent à faire découler d'une proposition révélée par une déduction régulière une proposition théologiquement certaine. Ils sont plus autorisés que vous et moi, car ils occupent une haute position dans l'Église. Ce sont les théologiens du Saint-Office, qualificateurs et consulteurs. Le pape vient de les charger d'examiner deux propositions qui résument le système d'un savant :

1° « Le soleil est le centre du monde et, par conséquent, immobile de mouvement local. »

2° « La terre n'est pas le centre du monde, ni immobile, mais se meut sur elle-même tout entière par un mouvement diurne. » Dans un moment, ces théologiens condamneront la doctrine de Galilée. Quel est le travail de leur esprit ?

Il peut être celui-ci :

La contradictoire de la première proposition est directement de foi. Elle a été révélée. La contradictoire de la seconde est si étroitement connexe à la première contradictoire, que dire qu'elle est théologiquement certaine ne serait peut-être pas dire assez. Ces deux contradictoires sont reliées l'une à l'autre par inférence immédiate, comme on dit en logique.

Peut-être nos théologiens édifient-ils une construction plus complète en Barbara :

Toute proposition contraire à la révélation est hérétique. Or la proposition « Le soleil est immobile », est contraire à la révélation. Donc cette proposition est hérétique.

On s'arrêta à la censure que vous connaissez :

La première proposition est «< insensée et absurde en philosophie et formellement hérétique, en tant qu'elle contredit expressément de nombreux passages de la sainte Écriture, selon la propriété des mots et selon l'interprétation commune et le sens des saints Pères et des docteurs théologiens ».

La seconde « mérite la même censure en philosophie, et, par rapport à la vérité théologique, elle est au moins erronée dans la foi

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Ces docteurs raisonnent régulièrement en Barbara.

Il est vrai, dira-t-on; mais ici, par accident, la mineure se trouva fausse.

1. Vacandard, la Condamnation de Galilée, dans la Revue du Clergé français, 1er octobre 1904, p. 236.

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