Imágenes de página
PDF
ePub

1727.

Août.

et exil de

cile provincial où furent appelés les évêques de Senez, de Gap, de Bellay, de Fréjus, de Vence, de Sistéron, de Glandève, d'Autun, de Viviers, d'Apt, de Valence, de Grenoble, de Grasse et de Marseille. Le clergé de France comptait peu de constitutionnaires aussi décidés. Ils condamnèrent unanimement la doctrine de leur respectable confrère. Ils lui demandèrent un désaveu qu'il eut la fermeté de refuser. L'implacable Tencin fit rendre alors une décision du conInterdiction eile qui déclarait l'évêque de Senez interdit Soanen de ses fonctions épiscopales. Ce vieillard fut arraché de son diocèse ; une lettre de cachet l'exila dans les montagnes d'Auvergne, où il mourut bientôt sans appui, sans secours, après avoir vu les mêmes rigueurs exercées contre tous les prêtres qui lui étaient restés fidèles. L'autorité d'un concile, présidé par Tencin, ne put affaiblir dans les ames une juste compassion pour la vieillesse et la piété opprimées. C'était un spectacle déplorable que de voir le cardinal de Fleury, âgé de soixante-seize ans, persécuter un évêque qui en comptait plus de quatre-vingts.'

Quelques

Le parti janséniste conservait quelques evéques défensenrs dans le clergé. Le cardinal de Noailles existait encore; mais la vieillesse

pellent en sa faveur,

avait ralenti son zèle pour les libertés de l'Église Gallicane, dont tant de fois il avait failli d'être le martyr. Les molinistes ne désespéraient pas de l'entraîner à une acceptation pure et simple de la bulle Unigenitus. Il ne put cependant voir sans une vive émotion l'évêque de Senez éprouver le sort qu'il avait eu long-temps à craindre pour lui-même. Douze évêques, parmi lesquels on distinguait Colbert, évêque de Montpellier, et Caylus, évêque d'Auxerre, se joignirent à lui pour appeler d'abord au roi et ensuite à un futur concile général du jugement d'Embrun. Le roi condamna cette démarche. Le cardinal de Noailles se trou- Le cardinal bla. Il crut devoir recommencer sur le bord accepte la de la tombe l'examen des questions théolo- restriction, giques, dans lesquelles, depuis trente ans, il avait pris un parti décidé et courageux. Enfin, on le vit rétracter ses opinions et démentir son caractère. Il publia un mandement dans lequel il acceptait la bulle sans modification. Ce fut un triomphe pour Rome,

que

la soumission d'un ennemi si long-temps indomtable. Le pape en fit rendre des actions de grâces au ciel. Les démonstrations de joie des molinistes humilièrent le cardinal

de Noailles

bulle sans

et le jetèrent dans un nouveau trouble de conscience. Il fut incertain de son salut, et craignit de s'être avili aux yeux des hommes. Sa mort. La honte, le chagrin et les anxiétés du doute avancèrent sa fin et la rendirent cruelle. Les jansénistes le plaignirent et se Mai. plurent à ne voir dans sa mort que l'effet d'un profond repentir, pour avoir toujours à invoquer l'autorité de sa vie.

1729.

[ocr errors]

En même temps le chancelier d'Aguesseau avait été rappelé de son exil. Le cardinal de Fleury, avant de lui rendre les sceaux, mit sa docilité à de pénibles épreuves (a). Comme on s'attendait à une vive résistance du parlement sur les affaires ecclésiastiques, on avait remplacé le faible d'Armenonville, garde des sceaux, par Chauvelin, qui feignait d'être animé du plus grand zèle la bulle. On ne s'était pas trompé, en craignant tout de l'opposition parlementaire. Elle fut active, constante, et si habilement calculée, que les droits du trône paraissaient sacrifiés par les ministres et défendus par les magistrats.

pour

(a) Les sceaux ne furent rendus au chancelier d'Aguesseau que dans l'année 1737.

1

[ocr errors]

Grégoire

VIL.

- Leparlement montra une honorable fermeté Légende do en refusant la légende de Grégoirè VII (a). De tous les papes, aucun n'avait étendu plus loin les usurpations pontificales que ce terrible adversaire de l'empereur Henri IV. Son nom rappelle les plus grands outrages faits à la royauté et à l'indépendance des nations. Le pape Grégoire XIII avait cru d'un bon exemple de canoniser cet ambitieux pontife. Les jésuites, ligués pour amener les rois aux pieds du chef de l'Église, excitèrent Benoît XIII à faire paraître un office, autrement dit une légende, en l'honneur d'un saint qui avait été si loin de l'humilité et de la douceur évangéliques. Cette légende parut imprimée en France. Elle indigna le parlement de Paris qui prit le parti de la condamner. Les parlemens de Metz, de Juillet. Rennes et de Bordeaux suivirent cet exemple. L'évêque d'Auxerre, Caylus, défendit à ses diocésains de s'en servir. La cour de Rome avait eu la politique de vouloir faire passer cette légende à la faveur d'une autre bulle pour la béatification de Vincent de

(a) Hildebrand, successeur d'Alexandre II en 1073 et mort en 1085. Il est le premier pape qui ait déposé des princes.

1729.

Plusieurs parlemens la condamnent.

Lit

do justice.

Paul, le modeste héros de la charité chrétienne. Le parlement, en examinant celte dernière bulle, y découvrit encore plusieurs maximes contraires aux droits des rois et des nations; et, malgré son respect pour le saint qui en était l'objet, il la supprima (a).

Le cardinal de Fleury n'osa venger la mémoire de Grégoire VII; mais il ne laissa pas le parlement s'applaudir long-temps de sa résistance. Il fit tenir, le 3 avril 1730, un lit de justice où la constitution Unigenitus fut enfin enregistrée sans aucune modification, ainsi que toutes les bulles des papes rendues contre le jansénisme. Comme le parlement avait coutume de faire des protestations le lendemain de ces enregistreEnregistre mens forcés, le roi lui fit défense de délibé

ment forcé

de toutes les rer. Le parlement désobéit.

bulles.

Résistance du parlement.

Ce corps était dirigé par un homme habile et courageux qui avait suivi toutes les guerres du jansénisme, et qui, sous Louis XIV, s'était distingué à côté même de d'Aguesseau et de L'abbé Pu- Joly de Fleury. C'était l'abbé Pucelle (6),

eelle.

(a) Elle fut reçue en 1736.

(b) L'abbé Pucelle, né à Paris en 1655, était neveu du maréchal de Catinat. Dans sa jeunesse, il avait passé alternativement du goût pour les contros

« AnteriorContinuar »