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tait, le Centurion, lui restait seul, après qu'il eut franchi ce terrible passage de la mer du Sud. Deux autres vaisseaux avaient été si maltraités, qu'ils furent obligés de regagner le Brésil et de là l'Europe. Une frégate avait fait naufrage; l'île solitaire de Juan-Fernandès fut une terre de salut pour un équipage que le scorbut dévorait. Un heureux coup du sort amena dans cette île un des vaisseaux dispersés par la tempête, le Glocester. Anson ne pouvait, avec si peu de forces, remplir l'objet de son expédition; l'intérêt qu'on ne peut refuser à des navigateurs qui luttent contre les plus puissans obstacles de la nature, se dissipe, quand on voit ceux-ci, au sortir de leur épouvantable détresse, brûler sans nécessité la 1740. ville de Paita dans le Pérou. Après ce miNovembre. sérable exploit, Anson n'avait plus qu'un espoir; c'était de surprendre le riche galion qui partait tous les ans d'Acapulco, dans le Mexique, pour se rendre à Manille, l'une des îles Philippines. Il fit route vers ces îles. Les tempêtes et les maladies semblèrent de nouveau conjurées contre son entreprise; il fut obligé d'abandonner le Glocester. L'île de Tinian fut pour lui dans la traversée, ce qu'avait été celle de JuanFernandès; il vint ensuite relâcher à Can

ton. Depuis sa disparition des côtes de l'Amérique, les Espagnols avaient repris confiance. Le galion suivait sa route ordinaire, le Centurion vint l'attendre auprès de Manille. Une proie aussi riche paraissait un digne prix de tant de fatigues; on l'apperçut. La cupidité rendit la vie et le courage à deux cents soldats harassés, qui survivaient à douze cents de leurs compagnons. Le vaisseau espagnol était monté par six cents hommes, et avait quarante canons. Il se défendit vaillamment, mais sans art, et fut obligé de se rendre.

Enfin, après trois ans et demi de navigation, Anson aborda dans sa patrie, qui le croyait perdu. Les Anglais reçurent, avec de grands transports de joie. le chef d'une escadre qui revenait avec un seul de ses vaisseaux, mais chargé d'un trésor évalué à dix millions de France. Ce trésor fut porté en triomphe jusqu'à Londres. De simples corsaires avaient été quelquefois plus heureux dans leurs prises, mais aussi ils obtenaient les mêmes honneurs (a). Le gouvernement laissa au commodore Anson et

(a) Les prises faites par les Anglais dans une seule année, s'élévèrent à plus de soixante-dix millions.

Prise de Louisbourg.

et à son équipage, ce qu'ils avaient conquis par leur patience, encore plus que par leur courage. La pairie devint pour lui une autre récompense.

que

Dans l'année 1745, les Anglais eurent à 26 j. célébrer la prise de Louisbourg, forteresse les Français avaient fait construire avec de grandes dépenses, dans l'île du cap Breton, et qui couvrait leurs établissemens de pêcherie : ce furent les colons de la nouvelle Angleterre qui entreprirent cette expédition. Ils y mirent tant de célérité, que les Français, surpris, ne purent faire usage de leurs moyens de défense. Cet événement fait connaître à quel degré de force était déjà parvenue l'Amérique anglaise. La France se résolut à faire un effort pour reprendre le cap Breton ; mais la flotte qu'elle y envoya, maltraitée par la tempête, ne put rien entreprendre.

Temuntives des Anglais sur les côtes de France.

Quand les Anglais se virent délivrés des alarmes que leur avait données l'expédition du Prétendant, ils brûlèrent de se venger sur des provinces françaises, de l'humiliation et du trouble qu'ils venaient d'éprouver. Pendant qu'une de leurs flottes insultait la Provence, une autre osa tenter une descente sur les côtes de la Bretagne. L'objet de

celle-ci était de s'emparer du port et de la ville de Lorient, dépôt de tout le commerce de l'Inde. Les Anglais, après avoir effectué leur débarquement, inspirèrent une telle terreur aux habitans de cette ville, que ceux-ci offrirent de se rendre, sous la condition que les ennemis s'abstiendraient du pillage. Le refus de cette capitulation donna aux habitans le courage du désespoir. Ils transportèrent sur leurs faibles remparts les canons des vaisseaux ; ils devinrent tous soldats; ils firent des sorties et reçurent des renforts. Les Anglais levaient déjà le siège, pendant que la cour 1746. de France, trop prompte à s'alarmer, affai-8 septembre, blissait l'armée victorieuse du maréchal de Saxe, pour repousser une invasion si peu

sérieuse.

naval au cap

1747.

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On songeait toujours à ce fort de Louis- Combat bourg qu'on avait perdu. On était déterminé Finisterre à ne pas céder aux Anglais l'empire exclusif du nord de l'Amérique. On préparait dans le port de Brest une expédition destinée pour les Indes occidentales; mais l'épuisément des finances ne permit pas de la rendre aussi imposante qu'elle devait l'être. Une escadre de six vaisseaux de ligne, d'autant de frégates, et de quatre vaisseaux

de la compagnie armés, sortit sous le com mandement du vice-amiral la Jonquière. Les Anglais, sous les ordres des amiraux Anson et Warren, l'attendaient auprès du Cap-Finistère. Le marquis de la Jonquière ne pouvant éviter un combat inégal, le soutint avec beaucoup d'intrépidité; mais enfin il fut forcé de céder au nombre. Tous ses bâtimens armés furent pris. Une partie du convoi qu'il conduisait tomba aussi au pouvoir des Anglais. Le vaisseau le Centurion, si célèbre par le voyage autour du monde, vint apporter en Angleterre la nouvelle de cette victoire. Plus de vingt millions qui en étaient le prix furent conduits en triomphe à Londres, et distribués aux vainqueurs. Un nouveau coup fut porté à la marine française dans cette même Seconde année 1747. Quatorze vaisseaux anglais ritime des sous le commandement du vice- amiral Hawkes, rencontrèrent sept vaisseaux français, et en prirent six après un combat aussi vaillamment soutenu que celui du Finistère. De riches convois de la Martinique et de Saint-Domingue furent interceptés; ce qui restait de vaisseaux dans les ports de France était mal équipé, sans officiers, sans matelots. La marine de l'Espagne avait moins

victoire ma

Anglais.

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