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fit sa retraite avec ordre parce qu'il n'évita point les occasions de combattre. Il tailla en pièces des régimens de dragons qui marchaient à sa poursuite.

Il fallait, pendant les rigueurs de l'hiver, repasser les montagnes de l'Écosse. Les partisans d'Édouard, qui n'avaient plus à attendre de lui les trésors de l'Angleterre, les dignités qu'il leur avait montrées comme le prix de leur fidélité, soutenaient pourtant avec le même zèle ce prince malheureux. Un secours lui était arrivé de France, mais plus faible encore et plus dérisoire que celui qui avait été envoyé en 1733 au roi Stanislas enfermé dans Dantzick. C'étaient trois compagnies commandées par un zélé Jacobite, le lord Drummond. Leur présence produisit cependant un effet remarquable: elle suffit pour faire retirer six mille Hollandais qui avaient fait partie de la garnison de Courtrai, et qui s'étaient engagés à ne plus porter les armes contre le roi de France. Ces trois compagnies eurent une part éclatante à une nouvelle victoire du prince Édouard. Un général ignorant et présomptueux, Hawley, vint l'attaquer à Falkirk. Un combat qui pouvait décider du sort de l'Écosse ou de l'Angleterre, se livrait entre des armées de 28 janvier.

11 gagne la

baille de

Falkirk.

1746.

sept ou huit mille hommes. Les montagnards écossais ne s'abandonnèrent point d'abord à l'impétuosité qui leur avait valu la victoire de Preston-pans. Postés sur une éminence, ils attendirent le choc de la cavalerie anglaise, et la reçurent par une décharge à bout-portant qui la mit en désordre. Les montagnards la poursuivirent et la rejetèrent en confusion sur l'infanterie anglaise. Celleci, incommodée par un vent impétueux qu'elle avait au visage et par des torrens de pluie, fut aisément rompue par le prince Édouard qui s'était fait une petite réserve des compagnies françaises, et qui avait déjà repoussé une seconde charge de cavalerie. Le camp des Anglais fut emporté. On entra à Falkirk qu'ils abandonnèrent, et l'on y trouva leurs bagages et leur train d'artillerie. Ils avaient perdu un grand nombre de combattans; beaucoup d'autres s'étaient égarés; - leur armée était anéantie.

Un pareil succès pouvait rouvrir au prince Édouard le chemin de Londres qu'il s'était vu forcé d'abandonner. Mais il craignait de perdre son point d'appui dans le royaume d'Écosse. Les garnisons anglaises des forteresses de ce pays dont il n'avait pu former le siége, s'étaient rassemblées et avaient été

grossies par des seigneurs écossais attachés à la maison de Hanovre, qui leur amenaient en renfort des tribus de leurs vassaux appelés, Clans. Elles avaient repris Edimbourg et plusieurs villes de l'Écosse. Les vengeances que les Anglais exerçaient sur les familles des partisans de Stuart, jetèrent le trouble dans l'âme des Jacobites victorieux. Pendant trois mois leurs opérations furent tellement incertaines, qu'elles décelaient de l'anarchie dans leurs conseils.

mise à prix.

Les Anglais n'avaient encore pris d'autres mesures contre l'entreprise du Prétendant, sa t'te est qu'un code pénal tel que les guerres civiles l'inspirent ordinairement et le justifient à peine. Ils appelaient, par l'appât d'une somme considérable, un assassin contre le prince qui avait battu leurs armées. Ils enfermaient dans des prisons et réservaient pour le supplice, des rebelles âgés, infirmes ou blessés. Édouard cherchait à gagner les coeurs par des procédés tout contraires. Il traitait avec humanité ses prisonniers; le pillage avait rarement déshonoré ses troupes; il annonçait les principes d'une tolérance éclairée et d'une sorte de neutralité politique entre les religions qui divisent l'Angleterre. Le ministère et le parlement britannique qui, sur le con

Cumberland

marche

contre lui.

tinent, mettaient aux prises plus de cent mille combattans, étaient humiliés de n'en point trouver pour la défense de leurs foyers. Un pays si renommé par son esprit public, n'avait encore produit, depuis plus de huit mois, aucun de ces grands efforts que partout ailleurs le patriotisme suggère ardemment. On ne savait ce qu'étaient devenues les troupes qui avaient balancé la victoire à Fontenoi. Le jeune guerrier qui les avait conduites dans cette journée, et qui s'était disLe duc de tingué, même dans une défaite, le duc de Cumberland, fut enfin chargé d'aller défendre le trône de son père contre l'héritier des Stuarts. L'élite de son armée consistait dans des troupes mercenaires, six mille Hessois, qui remplaçaient six mille Hollandais. Il s'avança dans l'Écosse, mais sans paraître d'abord chercher son ennemi; il reprenait quelques villes, tandis que celui-ci en prenait d'autres. Enfin le prince Édouard résolut de marcher à la rencontre d'un général dont la circonspection lui paraissait l'effet de la crainte. Il avait fait un plan hardi pour le surprendre aux environs d'Aberdeen. Comme le duc de Cumberland devait le croire éloigné, Edouard s'était approché de lui par des marches forcées. Son

armée en avait d'abord bravé les fatigues avec cette ardeur qui se signale dans les discordes civiles ; mais arrivée à une petite distance du camp des Anglais qu'elle devait attaquer sur tous les points, la fatigue l'accabla. Les uns éprouvaient le tourment de la faim, les autres, la langueur du sommeil. Le prince Édouard se défia de troupes dont l'ardeur était ainsi ralentie. Peut-être qu'un glorieux péril, et surtout l'espérance d'une victoire décisive eût ranimé ces robustes et fidèles montagnards. Il se replia sur Culloden. Dès que son armée eut gagné ce village, elle ne songea plus qu'à se reposer, à boire, et à s'étourdir par l'ivresse.

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Le prince Édouard ne pouvait réprimer

ce désordre. Après bien des efforts, il était parvenu à mettre en bataille quatre mille hommes, lorsqu'une canonnade lui annonça l'approche du duc de Cumberland. Il avait bien quelque artillerie à lui opposer, maiš ses troupes étaient mal exercées à l'usage de cette arme. Les montagnards fatigués du feu de leurs ennemis s'élancèrent bientôt sur les pièces qui portaient le ravage dans leurs rangs. Dès leur premier choc ils enfoncèrent un régiment; mais le duc de Cumberland trouva dans une

Et le défait complètement à Culloden.

1746.

27 avril.

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